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Togo : Les raisons d’espérer

Publié le lundi 11 septembre 2006 à 07h45min

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Quand nous écoutons maintenant les principaux protagonistes de la crise togolaise, nous nous prenons à rêver d’un Togo nouveau, un Togo qui devrait être bientôt « débarrassé » de ses vieux démons de la division et de la haine qui ont fait de « l’ancienne Suisse » de l’Afrique, un pays « gravement malade ».

Le Togo a vécu pendant plus d’une quinzaine d’années au rythme de violences politiques, de crises économiques et sociales, du fait d’une classe politique qui n’en finissait pas entre autres, de se déchirer sur la gestion du pouvoir d’Etat. Et cela, pour le plus grand malheur du peuple togolais.

Aujourd’hui, nombre de signes laissent penser que la classe politique togolaise, de manière générale, a écouté la voix du peuple et s’est laissée convaincre qu’il fallait taire les rancœurs, les intérêts personnels ou groupusculaires au profit de ceux du Togo. La crise de confiance dont a souffert pendant longtemps la « Suisse de l’Afrique », même si elle ne s’est pas aujourd’hui dissipée totalement, est en voie de s’atténuer. La preuve : les dirigeants et l’opposition togolaise ont réussi, ces derniers jours, à renouer les fils du dialogue. Au point même de parler de normalisation de la vie politique du pays. Dit autrement, le Togo devrait être désormais un Etat comme les autres avec des institutions politiques nées de la volonté du peuple.

Arrivé au pouvoir depuis avril 2005, dans des conditions difficiles, le président togolais Faure Gnassingbé semble prendre le contre-pied de la politique de son père, décédé en février de l’année dernière. Il n’a cessé, depuis qu’il est à la tête de l’Etat, de multiplier les gestes de bonne volonté, de s’ouvrir à toutes les sensibilités politiques, notamment à l’opposition et surtout, à faire des concessions. Cette démarche ne plairait pas à certains membres du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), qui y voient la meilleure manière de les affaiblir et même de favoriser l’avènement de l’opposition au pouvoir. Alors qu’il est plutôt question pour le chef de l’Etat togolais de privilégier la réconciliation nationale et partant, de tourner une page douloureuse.

Faure Gnassingbé ne s’est pas du tout trompé de démarche. Il récolte, aujourd’hui, les premiers fruits de sa politique de réconciliation nationale et de sa volonté de démocratisation du pays. Sur ce terrain, il est aidé par ses pairs de la sous-région pour ne citer que ceux-ci et surtout, par Blaise Compaoré. C’est sous la médiation du chef de l’Etat burkinabè que les Togolais ont, enfin, signé, à Ouagadougou, en août dernier, un accord sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante, l’organe chargé d’organiser les élections mais aussi sur le mode de scrutin et les conditions d’éligibilité. Ces points ont été pendant longtemps des facteurs de division de la classe politique togolaise. On ne peut oublier (et cela vaut la peine d’être écrit) qu’un gouvernement d’union nationale sera formé pour diriger le pays jusqu’aux prochaines législatives.

Les Togolais ont franchi ainsi un pas important dans la voie de la normalisation de la vie politique de leur pays. Une normalisation qui devrait passer, entre autres, par des élections libres, transparentes et démocratiques. La première de ces consultations, selon le chef de l’Etat togolais lui-même, aura lieu, en juin prochain. Il y a, pensons-nous, de réels motifs d’espoir quand on observe ce qui se déroule actuellement au Togo et aussi des raisons de croire que ce pays sortira la tête hors de l’eau.

Cependant, il faut être vigilant et accompagner les Togolais, fatigués par des années de crises, dans leurs efforts de réconciliation nationale. N’oublions pas que le pays est toujours régi par un système vieux de quarante ans et qui est à l’origine de la plupart des maux de ce pays. Si Faure Gnassingbé ne parvient pas à écarter certains « défenseurs » de ce système, le Togo pourrait retomber encore plus bas pour ne pas dire sombrer. La communauté internationale doit, bien sûr, appuyer le Togo mais c’est surtout aux Togolais d’ouvrir une page plus positive de l’histoire de leur patrie en s’unissant autour de ses intérêts supérieurs.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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