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Côte d’Ivoire : Baroud d’honneur pour Gbagbo

Publié le lundi 4 septembre 2006 à 07h06min

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Laurent Gbagbo

On le pressentait depuis des mois, voire des années ; on le tenait pour inévitable du côté des « Forces nouvelles » et autres observateurs avisés : l’élection présidentielle, initialement prévue pour se dérouler le 31 octobre prochain, n’aura pas lieu.

Techniquement impossible à organiser selon la Communauté internationale ; sciemment bloquée, politiquement, selon l’opposition ivoirienne. Difficile pour une population déjà éprouvée par la partition d’un pays en proie à des incompréhensions de toute nature.

N’était-ce pas déjà douloureux que l’on ait dû lui désigner ce à quoi elle avait droit, avec l’installation d’un gouvernement dit de réconciliation nationale ? Voilà qu’à présent il semble qu’on soit sur le point de lui « imposer » ce dont elle devra bien se contenter, jusqu’à la tenue d’élections libres...

Existera-t-il jamais d’arbitre international disposant de l’autorité et des moyens nécessaires pour rétablir l’ordre là où la paix est troublée ? Cette question vient de prouver toute son acuité en Côte-d’Ivoire où, plus que jamais, la prudence s’impose, tant les accords et autres résolutions ne signifient plus rien, chaque jour gommés par des artifices politiciens. Ainsi autant de fautes morales et politiques ont-elles pu être commises, qui échappent à la précision des textes et à la portée réelle des sanctions. Celles-là n’auront donné que plus d’imagination aux plus astucieux des populistes que le pays ait connus...

Dans le feu des revendications pour plus de démocratie dans leurs pays respectifs, ici et là l’on aura remarqué l’avènement de « diseurs de bonnes choses », ayant hérité d’idéologies mal digérées, les défauts et qualités les mieux en mesure de les servir dans l’univers de la politique. L’onde de choc en est perceptible en Côte-d’Ivoire où une frange de la jeunesse a vite éprouvé une certaine fascination pour ceux qui aimaient lancer des défis, dans un langage particulier...

Bon psychologue, celui-là qui a lui-même reconnu qu’il avait été élu dans des « conditions calamiteuses » aura su choisir ses idéologues en chef, grands « seigneurs » qui semblent avoir toutes les qualités d’hommes qui ne songent qu’à briller et à se faire valoir...

Jouant sur la corde d’un nationalisme mal défini, la création de « Patriotes » a ouvert la voie à tous les excès, l’important et l’essentiel étant de « sauver » la patrie.
Comme si le danger venait de l’extérieur. Une erreur sociopolitique. En effet, selon le droit international moderne, le slogan « Mon pays », qu’il ait tort ou raison, n’est plus guère défendable.
« Les personnes qui se font complices d’un effort de guerre national contraire au droit international peuvent désormais être tenues pour personnellement responsables de crimes contre la paix. » Y aurait-on songé, là-bas, pour ne vouloir pas « lâcher » le fauteuil de sitôt ? Nehru disait détester « l’exploitation, la cruauté et les gens qui, au nom de Dieu, de la vérité et du bien public, sont surtout occupés à installer des plumes dans leurs nids »...

Pour ne pas être totalement explosive, la situation n’en reste pas moins préoccupante, après le refus des « Forces nouvelles » de poursuivre le « jeu ». Quant aux militaires dits « loyalistes » qui, visiblement, paraissent en marge des discussions de fond, ils se cantonnent à remplir des missions données ; ciblées, visant, dit-on, à protéger les populations. Hélas, on sait que sur ce plan ils ont beaucoup de retard à rattraper.

Comment pourraient-ils se comporter si jamais une quelconque étincelle intervenait d’ici au 31 octobre ?
« Si votre heure n’est pas venue, même un médecin ne peut pas vous tuer », dit un proverbe oriental. En dépit de tout, Gbagbo, même mis « sous-surveillance » internationale, est toujours là. La présence de Konan Banny aurait dû, dit-on, changer les choses ! Que s’est-il alors passé ? Ou bien l’homme croyant en la perfectibilité de tout système aura-t-il été trompé, ou certaines ambitions non dites lui auraient interdit de marcher sur certaines plates-bandes.

Que dire alors du silence des représentants du groupe de travail international lorsque, poursuivant dans leur logique honteuse des individus, remettaient gravement en cause la validité d’actes pour lesquels tout le monde était d’accord ? Il faudra bien trouver réponse à cette question car, pour certains observateurs, l’on aurait, sciemment, laissé « pourrir » la situation, dans l’espoir de vider « l’abcès » une fois pour toutes...

Pourquoi n’avoir pas pris très au sérieux ce qu’ont toujours clamé les « Forces nouvelles », à savoir la « mauvaise volonté » du parti au pouvoir de parvenir à la paix ? Sans doute en vertu d’un principe de souveraineté, d’ailleurs sujet à caution, qui veut qu’« on ne discute pas avec des rebelles » ! Même lorsqu’ils contrôlent plus de la moitié d’un territoire ?

Pour sa part, au nom de la « légitimité » de son président, le Front populaire a toujours, hélas, refusé de comprendre la portée réelle de la logique de ses adversaires. Ce qui prouve plutôt les limites de son système de réflexion et de communication. Tout laisse à penser que le regroupement et les accords intervenus entre les partis de l’opposition ne laissent guère beaucoup de chances au Front populaire pour rester au pouvoir...

Quel scénario pourraient, à présent, adopter les Nations unies au regard du refus de l’opposition d’assister à une seconde prorogation de mandat ? Gbagbo, lui, n’entend céder son fauteuil qu’à un éventuel successeur, bien que la résolution des Nations unies ait spécifié que la prorogation serait d’« une année maximum ».

Sans préjuger de ce qui pourrait advenir d’ici là, nombre d’observateurs s’attendent à une fermeté dans la décision qui sera prise par les Nations unies. On pense déjà à un gouvernement de transition au sein duquel siégeraient des représentants de toutes les parties en cause et que coifferait un homme « neutre ». Konan Banny pourrait-il, alors, poursuivre son action ?

La seule alternative à ce scénario serait, pense-t-on, moins reluisante. La reprise des hostilités, avec tout ce que cela comporterait comme éléments de déstabilition de la sous-région, ce que semble vouloir à tout prix éviter la « communauté internationale ».
Quoi qu’il en soit, selon certains observateurs, un certain sentiment de délivrance est perceptible dans certaines régions de la Côte-d’Ivoire, sentiment renforcé surtout par des révélations sur les violences et horreurs commises par certains individus.

La récente identification des membres du commando coupable de la disparition du journaliste Guy André Kieffer pourrait ainsi marquer le début de la fin d’une certaine impunité dans le pays. Tant pis pour ceux qui pensent qu’il est plus facile de gouverner par l’émeute et la terreur. Sous les tropiques, et très généralement, les « dictateurs » et autres « démagogues » vieillissent mieux en exil ou dans quelque cachet obscur ; jamais au pouvoir...

A. Pazoté

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 5 septembre 2006 à 12:05, par Mr Cisse Dagnogo a Bruxelle En réponse à : > Côte d’Ivoire : Baroud d’honneur pour Gbagbo

    Juste pour rappeler a l’auteur de cet article le slogan du genre :" la patrie ou la mort nous vaincrons". Cela te dit certainement quelque chose. Les affrontements a la machette entre le Burkina et le Mali avec des jeunes officiers nommes Blaise Compaore et Thomas Sankara qui s’est d’ailleurs illustre pendant cette guerre honteuse pour l’Afrique.
    Rapelle toi aussi ce recent affrontement a la frontiere ghaneenne. Vous etes de plein pied dans un nationnalisme etrique , mais votre seul chance est que votre pays est trop pauvre pour interesser qui que ce soit. Rien a sucer comme dirait l’autre.
    Vous etes tres loin en arriere pour vous eriger en donneur de lecons.Tout le monde connait l’histoire de la plus haute trahison du beau blaise mais c’est l’affaire des burkinabe et on n’est pas du tout interesse....
    Alors occupez vous deja de vos oignons avec vos amis rebelles et la cote d’ivoire s’en portera beaucoup mieux.

    • Le 6 septembre 2006 à 19:40, par luis kone En réponse à : > Côte d’Ivoire : Baroud d’honneur pour Gbagbo

      salut mon frere.je t appelle frere car je suis aussi africain,un burkinabe a l exterieur.si tu avais un peu le sens de la raison,ton nom de famille "dagnogo"te ferait sans doute emettre un peu de reserve avant de te lance contre ce "pauvre "pays,dont tu penses ki n interesse personne.nous n en disconvenions pas cher frere,notre pays est certe "pauvre".la nature ne nous a pas fournie c k vous autres pays riches en ont.mais laisse moi te dire k ta critique frole le ridicule du moment ou toi meme tu n es pa considere comme un ivoirien aujourd hui dans ton pays.ton raisonnement n a d egale que ton absurdite.tu t lance dans un chauvinisme aveugle ki ne di pas son nom mr"dagnogo",et c es peut etre cela ki explik de nos jour le non refus par certains de che "vous" a la creation d une afrique unie sous pretexte k votre pays "riche" ne serait la vache laitiere de l afrique.c es vraiment dommage k au 21 siecle un africain de votre carricature fasse un tel constat du probleme "ivoiro-ivoirien" Mr dagnogo.j aurai aime vous rencontrer physiquement mon cher frere pour vous clamer certaines verites,mais helas.

  • Le 12 septembre 2006 à 11:28, par wuru En réponse à : > Côte d’Ivoire : Baroud d’honneur pour Gbagbo

    ce que je voulais tu saches ce n’est pas gbagbo qui a organisé les élections.donc c’est son point de vue il a donné.et il n’y avait pas de guerre.le coup d’etat manqué s’est transformé en rebellion.apres il y a eu un gouvernement avec les rebelles.dans aucun au monde on peut accepter un tel gouvernement.pour ma part on doit le laisser gouverner jusqu’ à la fin de son mandat.

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