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Proche-Orient/Assassinat Cheick Yassine : Le point de non-retour

Publié le mardi 23 mars 2004 à 08h04min

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Lundi 22 mars, tôt dans la matinée, le chef spirituel du Hamas, Cheick Yassine a été tué dans un attentat ciblé, cornaqué et supervisé par Ariel Sharon.
En réaction à cet acte aux conséquences incalculables, le Hamas a promis un "tremblements de terre" alors que des milliers de manifestants spontanément regroupés devant le domicile du défunt crient vengeance.

Les Accords d’Oslo sont bel et bien "morts" et c’est le retour de la loi du Talion en Terre Sainte de Palestine.

L’assassinat du leader spirituel du Hamas, est la conséquence logique de la politique du "tout-sécuritaire" développée par Ariel Sharon depuis son accession au pouvoir en janvier 2001. Convaincu que la paix et la sécurité d’Israël passent par "l’isolement" des Palestiniens et la "neutralisation" du pôle politique, Sharon n’a eu de cesse de mettre en pratique , ses "idées". Construction du mur de séparation, "séquestration" de Yasser Arafat, tous les moyens ont été utilisés pour réduire la volonté des Palestiniens de posséder un Etat. Las, cela n’a rien enlevé à la fréquence des attentats suicides qui endeuillent Israël et portent un coup sérieux à la côte de popularité de Sharon. Il ne lui restait plus qu’à "couper" l’une des têtes de la résistance palestinienne (’la politique ou la spirituelle) pour espérer frapper les Palestiniens d’effroi et de panalysie. Dans un premier temps, c’est "l’option" Arafat qui avait été choisie. Mais, Sharon s’est vite ravisé, convaincu que la suppression du vieux leader politique redonnerait plus de force et de popularité à l’autorité palestinienne.

Du coup, celle-ci deviendrait un partenaire crédible et sérieux sur la voie des négociations de paix. Or, Sharon ne veut pas entendre parler de paix, a fortiori de négociations, ce qu’il avait signifié dès sa prise de fonction en affirmant que les "Accords d’Oslo étaient morts".

Bush et Sharon premières victimes

Du coup , les "experts israéliens ont été priés de "réfléchir" sur les voies et moyens d’éliminer "le terroriste aveugle qui commandite les attentats" (dixit Sharon) à savoir le Cheick Yassine. Une élimination qui entraînerait une explosion de la violence dans la région et empêcherait derechef toute reprise des négociations. Le chaos et la violence ont été préférés, pour susciter la montée des extrémismes et bloquer le processus de paix. Le "point de non retour" a été franchi ce lundi 23 mars à Gaza. Pour autant, ni Sharon, ni son "protecteur", George W Bush, ne sont sûrs de bénéficier des retombées bénéfiques de cet attentat. Sharon d’abord qui n’arrivera pas à contrôler l’extrémisme que lui-même a déclenché.

Hamed El Rantissi, porte-parole du Hamas a en effet déclaré que "la guerre était ouverte". Une mort qui va bousculer les grands équilibres de la région, Syriens et Egyptiens ont compris qu’avec Sharon la question de l’évacuation du Golan ne serait plus d’actualité. Mieux la Syrie qui perd ainsi le lac de Tiberiade (un immense réservoir d’eau douce) pour un moment, va renforcer son rôle de "parrain" des terroristes.

Mais, le pire c’est que cette mort va "nourrir" le terrorisme islamique.

De Bagdad à Kaboul, Djakarta, Islamabad en passant par Bali, les "fous de dieu" manifesteront leur courroux à travers des attentats aveugles. Les effets collatéraux pourront même s’étendre à l’Europe , ce continent étant accusé par les islamistes de "plus allanimites" dans la gestion de la crise proche-orientale.

Comme tout conflit religieux (la crise israélo-palestinienne l’est devenue le 23 mars si elle ne l’était déjà). Celui-ci va entraîner une violence éternelle sur fond de loi du Talion. Des jours sombres en perspective pour George.W. Bush de plus en plus chahuté pour avoir "menti" sur les raisons de la campagne irakienne. Avec la recrudescence de la violence que ce pays va connaître (le premier anniversaire de l’occupation a été sanglant) le poids des morts américains va peser de plus en plus lourd dans la balance électorale américaine. Jhon Kerry a commencé à "monter les dents" sur la question et l’opinion américaine est de plus en plus réceptive à son discours.

Ce d’autant que malgré une bonne tenue des agrégats économiques, les classes moyennes sont en butte à des difficultés majeures. C’est dire qu’il n’y aura que des perdants dans cette histoire. La Palestine n’a pas fini de tuer ses prophètes, ni de pleurer ses enfants.

Boubacar SY
Sidwaya

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