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Situation en Côte d’Ivoire : Le scénario va-t-il se répéter ?

Publié le samedi 2 septembre 2006 à 09h02min

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Le mercredi 23 août dernier, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire a estimé qu’il n’est techniquement plus possible d’organiser des élections en Côte d’Ivoire avant fin octobre comme l’avait prévu la résolution des Nations unies.

On se rappelle l’année passée à la même période, c’était le même scénario, le président Laurent Gbagbo persiste à rester dans son fauteuil, les Forces nouvelles et l’opposition exigent son départ et la formation d’un gouvernement de transition sans lui. Le scénario continue.
Les élections théoriquement prévues avant la fin octobre en Côte d’Ivoire ne pourront être organisées en raison du retard pris dans leur préparation, a estimé le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU dans le pays, Pierre Schori.

Il n’est techniquement plus possible d’organiser ces élections car l’identification et l’enregistrement des listes électorales ne sont plus faisables d’un point de vu technique a-t-il ajouté, préparant ainsi l’annonce d’un report des élections que prévoyaient déjà à mot couvert la plupart des observateurs sur place au vu de la paralysie actuelle du processus électoral.

C’est dans ce contexte que Laurent Gbagbo profite pour préparer l’après octobre en disant qu’il restera au pouvoir jusqu’aux élections. On se souvient que c’était en novembre 2005, que le Conseil de sécurité de l’ONU, prenant acte de la situation précaire de la Côte d’Ivoire, avait prorogé le mandat du président Laurent Gbagbo d’un an jusqu’à la fin octobre 2006 en prévoyant la tenue d’élections au plus tard le 31 octobre de cette année.

Il faut dire que les choses ne sont pas allées sur des roulettes comme l’avait prévu le Conseil de sécurité. La machine du processus devant aboutir aux élections est restée grippée. Les partisans du pouvoir et le bloc opposition - rébellion s’accusent mutuellement d’entraver le processus électoral, qui accumule des retards. Ce n’est qu’en juillet que le Premier ministre Charles Konan Banny lance l’opération nationale d’identification des populations visant à actualiser les listes électorales.

Mais très rapidement l’opération se heurte à d’énormes difficultés sur le terrain. Les premières phases, celles des audiences foraines donnent lieu à des affrontements parfois violents entre partisans du président Laurent Gbagbo opposés à ces audiences de crainte qu’elles n’aboutissent à l’enregistrement d’étrangers et ceux de l’opposition. L’autre débat principal porte sur la fin du mandat du président Gbagbo en cas de report du scrutin, une question que l’ONU doit trancher vers la mi-septembre.

L’opposition et la rébellion réclament son départ du pouvoir dès le 31 octobre en vertu de cette résolution.

Gbagbo restera ou partira ?

Ce dernier a déjà annoncé qu’il restera en place jusqu’à la tenue des élections, conformément aux dispositions de la constitution ivoirienne. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara demandent d’interdire à Laurent Gbagbo de prendre toute décision engageant la vie de la nation afin de protéger le processus de paix.

Pour eux compte tenu des manquements répétés du chef de l’Etat aux différents accords et de sa volonté affichée d’entraver le processus de paix les deux leaders demandent qu’il soit désormais explicitement interdit au chef de l’Etat de prendre tout acte engageant la vie de la nation. L’ONU garantirait ainsi la confiance des Ivoiriens dans le processus électoral, estiment les deux hommes qui craignent que le chef d’Etat ne détourne à son profit tout projet devant acquérir sa signature.

Il dénonce en particulier une décision prise selon eux le 29 juillet par le président Gbagbo et qui stipulerait que la Commission électorale indépendante (CEI) chargée d’organiser les prochaines élections doit soumettre tout projet d’ajustement du code électoral au Premier ministre et à la présidence. Pour eux, cette remise en cause de l’indépendance de la CEI viole de façon flagrante l’esprit de la concertation de Yamoussoukro du 6 juillet dernier, à laquelle assistait le secrétaire général de l’ONU.

Ils contestent aussi l’interprétation faite par la présidence des conditions de naturalisation et de reconnaissance de la nationalité ivoirienne et du fonctionnement de la CEI qui limite selon eux le renouvellement des listes électorales et des droits de l’opposition. L’opposition ivoirienne refuse toute idée de prorogation du mandat au- delà du 31 octobre, délai fixé par l’ONU pour l’organisation des élections, le tenant pour seul responsable du retard accusé dans le processus de paix.

L’opposition dénonce et condamne la volonté affirmée par le chef de l’Etat de confisquer le pouvoir d’Etat sans recourir à des élections. Si le président reste au pouvoir au-delà du 31 octobre le scénario continuera et on assistera à un recommencement. Si on arrive à faire quitter Gbagbo du pouvoir ce sera une nouvelle page de l’histoire de la Côte d’Ivoire qui s’ouvrira.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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