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Relations occident-Afrique : Les riches sur le dos des pauvres

Publié le mardi 29 août 2006 à 07h35min

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L’Europe et l’Amérique ont été très cruelles pour les Africains subsahariens et souvent, les souffrances infligées étaient enrobées dans des mots de gentillesse. D’abord un mot "gentil" sur l’esclavage : "Pour le Nègre, il vaut mieux être esclave en Amérique que rester en Afrique qui est synonyme de cruautés, de cannibalisme et d’injustices."

A propos de la colonisation : "Travail forcé avec des dizaines de milliers de morts, avec des punitions inhumaines, par exemple des mains coupées au Congo, s’ils ne livraient pas assez de caoutchouc. Tout cela pour nous aider à être civilisés."

Ensuite l’indépendance qui n’était qu’une façade d’indépendance : par exemple, la Banque mondiale impose au Tchad ce qu’il doit faire de l’argent de son propre pétrole. Les dictatures sont protégées par l’Europe... pour nous aider à vivre dans la stabilité politique. En outre, il y a l’aide : donner des crédits pour investir dans les activités rémunératrices pour nous aider à nous développer.

En 1961, la dette du Tiers monde était de vingt et un milliards et demi de dollars américains. En 1970, elle atteignait déjà 78 milliards de dollars américains. Pourquoi ? Les riches ne savaient plus quoi faire avec leurs pétrodollars. Pour aider les Africains, leur prêter de l’argent et faire un peu de bénéfice (3% à 5%) était une issue car personne d’autre ne voulait emprunter de l’argent. En prêtant de l’argent aux Africains, ceux-ci allaient acheter des produits du premier monde, ce qui permettrait de gagner encore plus d’argent et de faire avancer leur industrie.

Vers 1980, les industries des Européens commençaient à aller mieux. L’Amérique avait un déficit budgétaire grandissant. L’industrie et le gouvernement américains avaient besoin d’argent. L’intérêt augmenta jusqu’à 16% et les pays du Tiers monde avaient une dette, en 1980, de 600 milliards.

Le remboursement de la dette avec l’intérêt devenait impossible. On était obligé de prendre de nouvelles dettes pour payer les anciennes, et les riches continuaient de prêter. C’était pour nous aider : en 2001, la dette du Tiers monde était de 2450 milliards.

Les riches échelonnaient notre dette, toujours pour nous aider. Si, par exemple, tu dois payer 4 000 dollars et que tu ne le peux pas, on dit échelonnement sur 20 ans. Tu paies alors ces 4 000 dollars durant 20 ans, chaque année un peu avec l’intérêt. Après 20 ans, tu auras payé 10 383 dollars (au lieu de 4 000) : tout cela pour nous aider.

Annulation de la dette décidée en juillet 2005. Sur plus de 3 700 milliards de dette du Tiers monde, 37 milliards seront annulés, mais cette annulation est échelonnée sur 40 ans ; et on continue entre-temps à payer les intérêts sur la dette restante. On annule, mais nous payerons plus que le montant de la dette dans ces quarante ans. Encore pour nous aider.

Pour nous aider une dernière fois, car après l’Afrique subsaharienne sera K.O., à plat et écrasée par la misère généralisée, on nous impose l’APE (Accord de partenariat économique) entre les pays de la CEDEAO (16 pays de l’Afrique occidentale) et l’UE (25 pays de l’Europe).

Cet accord imposé fera que nos paysans ne pourront plus vendre leurs produits : maïs, lait, sésame, riz, pomme de terre, oignons, etc. Il n’y aura plus de frais de douane sur l’importation des produits lourdement subventionnés. Accord imposé par la pression politique, par la pression financière de l’aide, surtout l’aide budgétaire, et par l’achat de fonctionnaires- experts qui donnent les conseils techniques au gouvernement. L’APE est présenté comme une aide contre la pauvreté. Les arguments sont les mensonges qu’ils nous ont racontés depuis quarante ans : PAS, dette, annulation de la dette, privatisation. Le premier monde devient de plus en plus riche sur le dos des pauvres d’Afrique.

L’APE sera un des derniers coups, car après, il n’y aura plus de sang à sucer chez le Burkinabè.

Aidons au développement de notre pays et ne vendons pas notre pays à l’Europe : consommons burkinabè.

Bonne nouvelle : Toute personne humaine a sa beauté.

F.Balemans B.P.332 Koudougou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 août 2006 à 11:59, par jérôme En réponse à : > Relations occident-Afrique : Les riches sur le dos des pauvres

    Je partage entièrement les observations de l’auteur du texte notamment sa conclusion qui est d’inviter les africains à consommer des produits africains et non pas des produits occidentaux ou chinois qui ruinent de nos valeureux paysans et artisans. Apprenons à nos enfants que consommer africains est indispensable pour entretenir la vitalité de nos économies.
    jérôme boco
    paris

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