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Présidentielle ivoirienne : Quel statut pour Gbagbo, si on devait reporter

Publié le vendredi 25 août 2006 à 07h36min

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Laurent Gbagbo et Kofi Annan

Y aura-t-il une résolution 1633 bis de l’ONU, qui maintiendrait encore Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire au-delà du 31 octobre 2006 ? Question nœudale qui trotte désormais dans tous les esprits, après l’annonce faite par l’ONU le 23 août dernier d’un report probable de la présidentielle qui devait avoir lieu, "au plus tard le 31 octobre 2006".

Pierre Schori, le représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire, n’a pas laissé planer le doute quant à une telle éventualité.

En fait, on voyait les choses venir, car toutes les conditions sont réunies pour que les élections ne se tiennent pas à la date fixée en théorie. Car, de façon pratique, rien n’a bougé, et malgré des discours apaisants et certains gestes rassurants, il faut se rendre à l’évidence : "il n’est techniquement plus possible d’organiser ces élections, car l’identification et l’enregistrement des listes électorales ne sont pas terminés", a avoué, impuissant, le chef de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire.

En effet, au terme de la prolongation du mandat de Laurent Gbagbo par l’ONU en novembre 2005, le train de la paix semblait s’ébranler. Dans la foulée, le Premier ministre Charles Konan Banny fut nommé le 4 décembre 2005, lequel s’est fixé rapidement une feuille de route qui consiste à mettre tout en œuvre pour réunir le pays divisé. Ainsi, le fameux DDR, désarmement, démobilisation, réinsertion, s’imposait d’abord comme l’une des priorités.

Encore fallait-il que les différents protagonistes de la crise prennent langue les uns avec les autres ! Ce qui fut fait à travers la réunion de paix à Yamoussokro en février 2005. L’ex-gouverneur de la BCEAO aura également réussi le tour de force d’aller au Nord, chez les Forces nouvelles, pour les convaincre d’accepter les différents aspects du processus de paix. N’a-t-il pas, pour cela, fait de Guillaume Soro le n° 2 de son gouvernement ?

En tout cas on l’aura compris, Konan Banny, adossé à la même résolution 1633, a guerroyé pour d’abord faire asseoir les frères ennemis ivoiriens sur la même table. Puis, pour qu’ils parviennent à un modus vivendi politique qu’il fallait concrétiser progressivement. Un processus censé conduire au scrutin présidentiel de fin octobre. Et une des premières étapes des trouvailles du PM, acceptée en principe par tous, porte sur les audiences foraines.

En juillet passé, Charles Konan Banny a lancé une opération nationale d’identification des populations, dénommée audiences foraines, elle doit aboutir à l’établissement d’un fichier électoral fiable. Ni plus ni moins, c’est un dénombrement des Ivoiriens en âge de voter, qui est l’ultime objectif visé par les audiences foraines.

Mais voilà que comme si un mauvais génie s’amusait à tout torpiller en terre d’Eburnie, chaque fois qu’une embellie s’amorce, brusquement, tout s’écroule et c’est un retour à la case départ. A moins également que ce ne soit, ce qui est vraisemblablement le cas, l’œuvre des hommes, de certains hommes qui ont intérêt à ce que le pays végète dans cette situation pour qu’ils puissent perpétuellement profiter de cette rente de la crise.

Dans ce jeu de cache-cache, où chacun avance masqué, on se rejette la balle. Ainsi, alors que le pouvoir argue que les audiences foraines ont son aval, on assiste aux sorties tonitruantes et violentes du ministre public de Gbagbo, le général de l’Alliance des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé. Ce dernier a beau déclarer que "mon credo, c’est la non-violence, mon arme la parole", les morts de Bassam et de Divo, en fin juillet, consécutifs aux affrontements entre ses ouailles et les militants de l’opposition, sonnent comme un cinglant démenti de l’image d’homme de paix dont il veut s’affubler.

De l’autre côté également, c’est-à-dire dans le camp opposition-rébellion, surtout chez les Forces nouvelles, on a la vague impression que certains, qui possèdent désormais des parcelles de pouvoir, n’entendent point y renoncer, même pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire. Si l’on y ajoute les avantages matériels, que certains qui tiraient le diable par la queue ont pu récolter à la faveur de cette crise, on a des raisons valables de croire que, humainement, ce n’est pas facile d’y renoncer. Bref, au pays d’Houphouet, on est retourné à la situation anté, celle d’avant le vote de la résolution 1633, car, si politiquement les choses ont bougé, techniquement, c’est-à-dire sur le terrain, la situation jure d’avec celle-ci.

Reste à savoir ce qui se passera après le 31 octobre 2006. Une question que l’on avait posée l’année dernière à l’approche de cette date désormais fatidique pour les Ivoiriens. Laurent Gbagbo a déjà été limpide sur cette question : il restera en place jusqu’à la tenue des élections conformément aux dispositions de la constitution ivoirienne.

Ces adversaires politiques, eux aussi sont clairs : pas question que Gbagbo joue encore les prolongations à la tête de la Côte d’Ivoire. Le sujet querellé (fin du mandat de Gbagbo) sera tranché en principe à la mi-septembre par l’ONU à New York. Mais, quelle que soit la solution adoptée, l’on ne peut manquer de se demander : que se passera-t-il sur le terrain ? Les événements en Côte d’Ivoire ayant souvent déjoué les pronostics, de nombreux analystes se gardent bien de privilégier un scénario. Autant dire, tout est possible dans ce pays englué dans une crise sans fin.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga

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