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FINUL 2 : Personne ne veut aller à l’abattoir

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h23min

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Décidément, la paix au Proche-Orient n’est pas pour demain. En effet, pendant qu’Israéliens et Palestiniens se tirent dessus comme des lapins, le Liban, à travers le Hezbollah, "le Parti de Dieu", s’est invité sans crier gare à cette si longue hostilité faite de morts qu’on ne compte plus depuis...

S’agissant du récent conflit israélo-libanais, tout est parti d’un rapt de deux soldats israéliens par le "Parti de Dieu".

Le prétexte était tout trouvé par Tsahal pour y expérimenter ses armes de dernière génération. Et ainsi, le mercredi 12 juillet, les Israéliens passaient à l’offensive avec une force bien disproportionnée face à l’adversaire.

Et aux pluies de bombes larguées çà et là par Tsahal, répondaient en chœur les salves de roquettes tirées par le Hezbollah. Après un mois d’impuissance, l’ONU a pu obtenir l’arrêt des hostilités avec l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Cette résolution prévoit, après le retrait des troupes israéliennes du Sud-Liban, le déploiement de l’armée libanaise, l’envoi de 3 500 Casques bleus d’ici à la fin du mois d’août. A terme, jusqu’à 15 000 hommes devraient être déployés par la Force internationale des Nations unies pour le Liban (FINUL).

Mais voilà qu’une dizaine de jours après son adoption, cette résolution, à part la cessation précaire des combats et le timide déploiement de l’armée libanaise au sud du Pays du cèdre, a du mal à se traduire sur le terrain.

La FINUL a beaucoup de peine à prendre corps avec la réticence ou la frilosité des pays européens, qui veulent surtout y voir clair avant d’enrôler leurs troupes. On ne se bouscule pas au portillon de cette force.

Dans ces pays de grande démocratie, aucun gouvernement ne veut prendre le risque d’envoyer ses soldats dans une boucherie quand on sait que le cessez-le-feu est bien de fois violé çà et là et qu’il suffit d’un rien pour que tout pète de nouveau.

Mais à y voir de près, on comprend cette attitude des Européens, même si à l’évidence, elle est dictée par des contraintes de politique intérieure, d’autant plus que le rôle de la FINUL, sa durée, ses pouvoirs ne sont encore clairement définis, tout comme ses moyens d’action ne sont réunis.

De plus, à ce jour, nul ne peut dire quel pays prendrait le commandement de cette force. La France s’était mise très tôt en pole position, mais voilà qu’entre-temps, l’Italie aussi s’est signalée.

Il faut avouer que la situation est complexe au Proche-Orient et que les rivalités géopolitiques dans cette région n’augurent rien de certain dans cette poudrière. Et la décision de la Syrie de refuser que la FINUL soit déployée à sa frontière avec le Liban complique davantage les choses.

A ce propos, le président syrien, Bachar al-Assad, n’est pas allé par quatre chemins pour marquer l’hostilité de son pays à ce projet. Pour lui, ce déploiement signifie l’aliénation de la souveraineté libanaise, d’où son exhortation à ce pays à assumer ses responsabilités pour ne pas entreprendre d’action qui pourrait nuire aux relations entre leurs deux Etats.

Et voilà le Liban embarrassé, coincé entre les exigences de la communauté internationale et les intimidations de sa puissante voisine qui, pendant longtemps, a fait chez lui la pluie et le beau temps. Alors que faire ? Certainement que l’ONU va faire des pressions sur la Syrie, seulement est-ce que cela portera fruit ? Là est toute la question.

Pourtant, Bachar al-Assad devrait bien se tenir à carreau surtout que depuis longtemps, il est dans le collimateur de certaines puissances comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Mais ce déploiement de la FINUL à cette frontière est une exigence vitale pour Israël, car il y va de sa sécurité. Par la voix de son Premier ministre, Ehud Olmert, l’Etat juif a annoncé que le blocus maritime et aérien du Liban serait maintenu jusqu’à ce que la force de l’ONU se déploie à cette même frontière, chose dont la Syrie ne veut justement pas entendre parler.

Si ce contexte perdurait, Israël se verrait dans l’obligation de poursuivre ses frappes ciblées pour empêcher les livraisons d’armes et de munitions au "Parti de Dieu".

Et aucune résolution onusienne ne saurait y mettre fin, les Juifs ayant montré, plus d’une fois, qu’ils ne reculent devant rien lorsqu’ils estiment que leur sécurité nationale est menacée.

Et Amir Peretz, leur ministre de la Défense, a prévenu que Tsahal ne bougerait pas d’un iota des positions stratégiques occupées au Sud-Liban avant l’arrivée de la FINUL, ce gros serpent de mer qui tarde à se profiler.

A analyser de près cette difficile situation, il est évident qu’aucun Etat sérieux n’enverrait ses soldats en mission sur un terrain aussi mouvant que le Proche-Orient, notamment au Sud-Liban, qui se révèle être un véritable bourbier et un no man’s land où le Hezbollah est seul maître à bord.

C’est ici qu’il faut voir les raisons de l’hésitation des pays européens à faire partie de la FINUL.

Mais quoi qu’on dise, il faut qu’une fois pour toutes, le gendarme du monde qu’est l’Oncle Sam tape du poing sur la table pour siffler la fin de cette récréation meurtrière au Proche-Orient.

Et si cela n’est pas fait dans les années à venir, il est à craindre que les indices d’une 3e guerre mondiale y prennent corps.

Nous sommes tous interpellés.

San Evariste Barro

Observateur Paalga

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