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Ouagadougou et après ?

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h13min

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Les Togolais se sont retrouvés dans notre pays pour tenter une fois de plus de poser les jalons d’une paix durable. Pour la « 4e » fois, Blaise COMPAORE a été sollicité pour jouer à la mission de bons offices plus que délicate.
Après les accords signés samedi 18 avril 2006, gageons, comme nombre de Togolais que le bout du tunnel sera enfin trouvé.

Ce n’est pas les accords qu’ils n’ont pas signés. Il faut espérer seulement que l’application de ces accords ne poseront pas de problème, comme cela a été le cas dans les précédents », s’est écrié un Togolais sur une chaîne de télévision étrangère. Cette réaction traduit le souci de plus d’un Togolais.

En effet, ce n’est pas la première fois que les politiques du Togo se retrouvent autour d’une table pour chercher des solutions à leurs différends. Que ce soit dans la capitale togolaise, (Lomé), au Ghana ou plus d’une fois à Ouagadougou, « les frères » ennemis se sont souvent assis, ont trouvé des accords, mais leurs mises en œuvre ont toujours posé problème.

Manque de confiance en la partie adverse, mauvaise foi dans la mise en œuvre des accords, blocus pour des intérêts partisans, etc. ont été autant d’entraves qui ont mis en difficulté les précédents accords. Résultats, depuis plus d’une décennie, les Togolais sont à la peine pour s’entendre sur l’essentiel pour leur bonheur et le développement de leur pays.

Voir avant de croire

Ce n’est donc pas pour rien si le compromis trouvé à Ouagadougou laisse quelque peu sceptiques nombre de Togolais. Désormais, ils veulent faire comme Saint Thomas : voir avant de croire. C’est dire donc que la joie des accords signés est empreinte de quelques inquiétudes. Inquiétude liée à l’application, inquiétude liée à la volonté réelle des politiques togolais à aller vers la paix. En effet, ce n’est pas la première fois que la hache de guerre a été enterrée, puis déterrée sitôt qu’une partie se sentait lésée dans l’application des accords acceptés.

Si la mémoire ne nous fait pas défaut, c’est bien la 4e fois que Blaise COMPAORE use de ses services de facilitations pour concilier et réconcilier les fils et les filles du Togo. Les hommes politiques du Togo ne devraient pas faire déchanter le peuple togolais qui voit en l’après Général EYADEMA une ère de renouveau pour le bonheur de tous. Ils n’ont pas intérêt à amener ce peuple qui pensait qu’un homme était la clef de son problème à les mettre tous dans le même sac. Voilà pourquoi ce qui vient d’être décidé à Ouagadougou doit rester le dernier accord ; c’est la chance pour la vraie réconciliation au Togo.

Opposition et pouvoir doivent désormais dépasser les clivages, les intérêts égoïstes, partisans, pour enfin penser au Togo et aux Togolais. Les engagements pris à Ouagadougou doivent être respectés et par toutes les parties.

Après « la carotte, le bâton »

Il faut dire que de lourdes responsabilités pèsent sur les épaules, aussi larges soient-elles, du facilitateur dans le dialogue inter-togolais qu’est Blaise COMPAORE. Si son tact, son sens du rassemblement, sa neutralité dans la crise togolaise ont permis qu’unanimement les leaders politiques du Togo aient décidé de venir à lui chercher les ressources pour leur réconciliation, il devra encore s’investir plus pour que les « remèdes » trouvés à Ouagadougou soient enfin les bons, ceux qui permettront à la « Suisse de l’Afrique » de retrouver sa place dans ce continent qui a besoin de tous ses fils pour mieux se présenter dans le concert des nations. Après avoir caressé chacun dans le sens du poil pendant cette période de négociation où il a su écouter, expliquer et conseiller, Blaise COMPAORE doit désormais veiller aux grains.

La mise en œuvre des accords doit être effective et chaque fois que de besoin, il devra s’atteler à faire entendre raison à celle des parties qui voudrait « jouer au mauvais garçon » en trichant ou en parsemant le chemin de peaux de bananes. Si la voix de la sagesse reste impénétrable au (x) fautif (s), la facilitation ne devrait pas hésiter à user du « bâton », celui de la dénonciation, de la critique, même diplomatique.

En dénonçant toute pratique néfaste ou contraire aux accords, Blaise COMPAORE mettra la partie fautive face à l’histoire, à ses responsabilités et nul doute que le peuple togolais sera d’accord avec lui pour ne pas se laisser prendre en otage par ceux qui placent leurs intérêts au-dessus des siens. D’ailleurs, un soutien de taille sera aussi celui de l’Union européenne qui conditionne tout retour à la normale de ses relations avec Lomé à l’instauration d’un climat de paix.

Incontestablement, Ouagadougou a été porteur d’espoir pour toutes les couches sociopolitiques du Togo. La mise en œuvre des accords devra dès lors pouvoir se faire en toute quiétude si toutes les parties prenantes se donnent la main.

Par Frédéric ILBOUDO

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