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Les Togolais sur la bonne voie

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h17min

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Plus qu’en 1993 on peut cette fois-ci véritablement parler d’accord parce que, d’une part, l’assiette des préoccupations prises en compte va de détails crypto-personnels sur lesquels on s’était jusque-là cassé les dents si on ne les avait tout simplement soigneusement évité pour ne pas fâcher, à des questions institutionnelles fondamentales et d’autre part le contexte tant national qu’international laisse peu de marge de manœuvre aux uns et aux autres.

Ils sont venus ; ils se sont parlé ; ils sont repartis ensemble dans la même direction ; celle de leur pays, le Togo. Ils, vous l’avez deviné ce sont les acteurs de la classe sociopolitique togolaise qui étaient à Ouagadougou les deux dernières semaines pour tenter d’accorder leurs ambitions pour leur pays.

Ils étaient déjà là, et par trois fois plutôt qu’une en 1993, signant par autant de fois des « Accords » qui auront fait long feu même si chacun avait accouché des espoirs réels qui avaient fait espérer que la « petite Suisse de l’Afrique » allait enfin connaître la paix dont elle était coutumière et la prospérité qui la faisait désirer. Les Togolais ne sont donc pas à leur coup d’essai.

De quoi susciter à la fois l’optimisme et le pessimisme car autant on peut espérer que cette fois-ci sera la bonne au regard du contexte et des termes de l’Accord, autant on peut penser qu’elle sera encore une autre occasion qui sera sacrifiée sur l’autel de l’intolérance, de l’intransigeance et de la méfiance des uns envers des autres. Comme le dirait l’autre, une chose est de signer des accords, une autre est de les mettre en œuvre. Et c’est là qu’on attend les Togolais.

Qu’on les attend parce que le facilitateur qu’ils ont à l’unanimité désigné, le président Blaise COMPAORE, a été, on ne peut plus, clair à leur endroit : « Nous avons bien indiqué avec les parties prenantes que l’essentiel reste à faire ... ». C’est dire si c’est d’abord leur affaire, que ce sera donc leur succès ou leur échec avant d’être celui de qui que ce soit d’autre.

Plus qu’en 1993 on peut cette fois-ci véritablement parler d’accord parce que, d’une part, l’assiette des préoccupations prises en compte va de détails crypto-personnels sur lesquels on s’était jusque-là cassé les dents si on ne les avait tout simplement soigneusement évité pour ne pas fâcher, à des questions institutionnelles fondamentales et d’autre part le contexte tant national qu’international laisse peu de marge de manœuvre aux uns et aux autres.

C’est vrai que, compte tenu des positions braquées des différents acteurs et de la cristallisation des antagonismes, on suivait avec un brin de scepticisme les négociations qu’ils avaient entreprises entre eux-mêmes ; c’est vrai aussi que les derniers évènements n’avaient pas arrangé les choses, mais on doit reconnaître aux Togolais d’avoir eu l’idée géniale d’introduire dans l’acte fondateur de leur dialogue le recours à un négociateur extérieur pour tenter de rapprocher leurs positions s’ils n’y parvenaient pas. Dès ce moment, tous les espoirs étaient permis.

En effet, en décidant de recourir à un éventuel facilitateur, ils acceptaient le principe d’avoir à faire de douloureuses concessions. Le choix de Blaise COMPAORE est venu convaincre davantage de leur réelle volonté d’aller de l’avant car ils optaient pour l’efficacité et l’expérience ; celui-ci ayant déjà fait la preuve de sa parfaite maîtrise du dossier et de sa disponibilité à œuvrer auprès des uns et des autres pour arriver à des compromis dynamiques et réalistes.

Dire que Blaise COMPAORE connaît le dossier togolais c’est peu dire car il est de notoriété publique que la plupart des opposants politiques du pays ont leurs entrées à Ouagadougou, et y séjournent très fréquemment.

Quand en plus il est présenté comme le « parrain » du fils GNASSINGBE, c’est dire que de part et d’autre de l’échiquier politique il jouit d’un haut degré de confiance et que par conséquent il était en mesure d’arracher des concessions majeures aux uns et aux autres.

En venant donc à Ouagadougou, les Togolais savaient où ils mettaient les pieds et Blaise COMPAORE n’a pas inventé un ordre du jour pour eux. Ils sont venus le voir avec leurs points d’accords et de désaccords et il les a aidé à faire les concessions indispensables pour parvenir à un accord global qui préserve l’essentiel aux yeux de chacun.

Les Togolais pouvaient aussi difficilement mieux tomber puisque le Burkina Faso vit une période de réconciliation nationale et en la matière, Blaise COMPAORE a certainement des expériences à partager tant sur le plan politique, que social. On a d’ailleurs senti sa touche particulière avec l’association des forces morales à la validation du consensus national et la recherche d’une intégration de tous les courants à la gestion d’une période de transition au cours de laquelle les réformes acceptées d’accord partie devront être mises en œuvre.

Le Togo est donc sur la bonne voie. Elle sera longue et certainement pleine d’embûches, mais il a fort à parier qu’il saura faire face à son destin puisqu’il a de réels atouts en main. Il est en effet plus que temps que les filles et les fils de ce pays dépassent ce qui les divise pour se rassembler sur ce qui les unit. Sans aucun doute, Blaise COMPAORE saura les y aider. Mais le chemin est encore long.o

Cheick AHMED

L’Opinion

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