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Renouvellement de la CENI : "La société civile a brûlé le feu rouge"

Publié le mardi 22 août 2006 à 07h32min

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Pour André Eugène Ilboudo, il faut savoir arrêter les dérives vers lesquelles va la société civile. Ce point de vue, il le partage avec les lecteurs à travers cet écrit.

Ainsi, la société civile du Burkina comprendrait désormais, « d’une manière inclusive », les vendeuses de dolo, les ramasseuses de sable des bas quartiers, et autres vendeurs de bois ! Je ne suis pas sûr que Ladji Kanazoé ou Ladji Baro Djangui, respectivement présidents de la Chambre de commerce de Ouaga et de Bobo, auraient opéré un tel amalgame en intégrant ces acteurs dans la catégorie des <>.

Même le CDP, dans sa boulimie du large (r) amassage, n’aurait pas commis une telle outrecuidance d’admettre en son sein les "grins de thé" comme partis politiques. Mais voilà que celui qui était censé être le gardien du temple n’est qu’un vulgaire voleur dès que l’occasion s’est présentée. Eh bien, déjà que la crédibilité de la société civile était sérieusement entamée parce que suspectée d’être totalement récupérée et inféodée aux partis politiques, voilà qu’elle vient de nous en administrer honteusement la preuve en « mettant notre c.l dehors ».

Rappelons que la société moderne est composée de trois pierres angulaires : d’abord, la société politique, chargée essentiellement d’élaborer et de contrôler les lois qui engagent les citoyens d’une manière solidaire ; ensuite, la société économique, chargée d’élaborer et de contrôler la production et les conditions matérielles de la vie collective ; enfin, la société civile, chargée d’élaborer et de contrôler les règles de conduite sociales. En clair, la société civile joue deux fonctions duales : comme un phare qui guide en pleine nuit, et comme un feu de stop qui régule ceux qui estiment vivre sans aucune règle. Et voilà que la société civile, non contente de ne pas guider, ne peut même plus, désormais, mentir de n’avoir pas vu le feu orange : elle a brûlé le feu rouge. Quelle ignominie !

L’on entrevoit donc la dérive mortelle que vient d’amorcer la société civile du Burkina dans un domaine-clé comme les élections, épine dorsale du <>

Un suspect sérieux

La réélection du représentant de la société civile comme membre de la CENI vient révéler les lourds soupçons qui pesaient sur cette dernière. En effet, l’on la tient pour un suspect sérieux. L’on lui refuse même le non-lieu tant sa totale collusion avec la société politique est établie. L’on la dit tellement noyautée par les partis politiques qu’elle vient maintenant à épouser ses détestables méthodes. Si l’on ne peut pas soupçonner l’Administration territoriale d’être un myope politique au point de manquer d’analyse prospective, on peut estimer, avec à propos, qu’en laissant s’installer l’amalgame et en avalisant la dérive lors de cette réélection, elle sera bientôt très fière d’exhiber un argument du genre : « 

La CENI ne faisant pas mieux que moi en matière d’impartialité et de fraudes, remettez-moi ma chose. » (J’entrevois les animateurs de la CFR rire sous cape !)

Dire que les fils de ce monde sont plus futés que les fils du Royaume ! Si le représentant de la société civile est élu d’une manière « calamiteuse », comment celui-ci pourrait taper du poing sur la table s’il advenait des dérives lors du processus électoral ? Il suffirait que l’on lui rappelle comment il est élu pour qu’il se la boucle. En effet, on ne peut pas utiliser des méthodes contestables pour se faire élire pour, ensuite, vouloir mettre un holà sur la fraude quand il s’agit des autres. Diaboliquement géniaux, les politiques et leurs officines de la société civile !

Voilà le piège grossier dans lequel la société civile du Burkina a sombré avec ses silences, études, revendications et sondages !

Cette dérive de la société civile est une terrible trahison de tout l’espoir placé en elle. Qu’il suffise de rappeler que l’actuel code électoral, dans sa forme originelle, tentait d’exclure la société civile de la CENI. Elle ne devait être composée, si l’on s’en tenait à la proposition des partis politiques, entérinée par le gouvernement d’alors, que des partis politiques (mouvance et opposition, fifty-fifty). « 

Pire que les partis politiques

<>, a réagi. Elle a soutenu que <
positions partisanes ». Et de conclure son avis par deux suggestions : ne pas non seulement toucher à la composition triumvirale de la CENI (partis de la mouvance, partis de l’opposition et société civile), mais que le bureau permanent de la CENI soit élu pour un mandat de 5 ans non renouvelable : question d’alternance ? sens de l’anticipation de la corruption du temps ? Maintenant, que la société civile qui devait servir de tampon et tempérer les ardeurs vienne à faire pire que les partis politiques, comment ne pas crier à la trahison préméditée ?

Ce n’est pas parce que les partis politiques se battent comme des chiffonniers que devant le gouffre il faille faire un pas en avant. .

Eh bien, si les représentants de la société civile se sentent mieux dans les partis politiques, qu’ils les intègrent ou y retournent. L’hypocrisie ne doit pas être un trait caractéristique des acteurs de la société civile, car, comme le dit Raymond Aron, « le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable ».

La société civile du Burkina, elle, semble abonnée, aussi, ces derniers temps, au détestable !`

André-Eugène lLBOUDO

Le Pays

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