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Opposition burkinabè : Christian Koné dénonce les nécessiteux et les calculateurs

Publié le mardi 22 août 2006 à 07h31min

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"Redéfinir l’opposition ou périr". Tel est le titre original de cet écrit de Christian Titon Koné. Le président du Parti national républicain/Juste voix (PNR/JV) part des "basses manoeuvres et coups tordus" ayant émaillé, selon lui, l’election des représentants de l’opposition à la CENI pour appeler à extirper des rangs de cette frange de la classe politique les taupes, les véreux, les calculateurs, bref tous ceux qui y sont en mission commandée.

Le 16 août 2006 aux environs de 16 h 30 mn s’est tenu au ministère des Affaires étrangères le conciliabule de l’« opposition », pour désigner ses 5 représentants à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Les basses manœuvres et les coups tordus ont émaillé cette séance, qui a accouché au forceps du résultat suivant : 2 sièges à l’ADF/RDA et ses satellites et 3 sièges à une certaine nébuleuse G14, Alternance 2005, OBU et COTE, le Groupe d’initiative de l’opposition dans sa composante, n’ayant jamais été représenté comme structure politique. Par conséquent, nous dénions le droit à quiconque de s’en être réclamé et d’avoir agi en son nom. Si cela s’est avéré comme l’a rapporté la presse, ce n’est que l’œuvre de petits prétentieux, intrigants, qui se lient à la pègre de la politique burkinabè, et qui s’en sont servis pour émerger des profondeurs où leur cupidité et leur fourberie les engloutissaient.

L’ADF/RDA ne peut pas se réclamer de l’opposition

En préparatif de cette fameuse séance, des concertations, des tractations entre les divers regroupements (G14, Alternance 2005, COTE, OBU etc.) avaient eu lieu et l’avis quasi unanime qui se dégageait était : comment contrer l’ADF/RDA car pour tous ces regroupements, il apparaissait clairement que cette dernière ne peut se réclamer de l’opposition et par conséquent, n’avait pas sa place dans un tel forum.

A la rencontre d’information le mercredi 9 août 2006 avec le ministre délégué aux collectivités locales, il y a eu un clash entre la nébuleuse (G14 Alternance 2005, COTE, OBU) et l’ADF/RDA, et la séance avait été marquée par une passe d’armes entre ces deux tendances en présence du ministre, qui s’est bien gardé de trancher entre ces positions inconciliables.

Incurie de l’opposition décriée

Si l’incurie de l’opposition est aujourd’hui décriée, ce sont de telles pratiques, de tels retournements qui la discréditent aux yeux de l’opinion. Après une telle fermeté dans le ton, voilà que curieusement, ce sont ceux-là même qui vouaient l’ADF/RDA aux gémonies qui la cooptaient et lui offraient une place au praesidium. Et c’est curieusement du praesidium que sont parties les propositions de noms des futurs commissaires en lieu et place de l’assemblée. Non, ce n’est pas l’ADF/RDA qui ne sait pas ce qu’elle est et ce qu’elle veut. Ce sont bien ceux qui ont manigancé cette affaire qui sont ridicules. Cette frange d’homme est sans personnalité, sans dignité et c’est elle qui pollue la vie politique au Faso. Il est impératif que nous arrivions à extirper cette race d’hommes des rangs de l’opposition si nous voulons être pris au sérieux par notre peuple et plus particulièrement par notre jeunesse qui, par notre pratique, perdent tous leurs repères.

L’opposition burkinabè ne devrait pas être un fourre-tout voulu et entretenu par certains acteurs de la scène politique pour perpétuer la confusion dans l’opinion. Et le pire ne vient pas de ceux qui naviguent à vue au gré de leurs intérêts, mais plutôt des taupes qui se sont introduites dans le jeu pour déstabiliser l’opposition.

L’ADF/RDA a décidé de se suicider en ralliant sans condition le Président-candidat lors de l’élection du 13 novembre 2005, se délestant pour les besoins de la cause de son statut de chef de file de l’opposition. Aujourd’hui, à en croire ce qui se passe, les regrets et les amertumes remontent comme une lame de fond et pourraient faire des vagues dans ce parti avec le temps, les dividendes encaissées jusque-là étant bien en deçà des attentes de ses militants.

L’ADF/RDA cherche sa place

Depuis, elle cherche sa place, marginalisée par le CDP et l’AMP au vu et au su de Blaise Compaoré qui, visiblement, ne fait rien pour lui éviter le naufrage, s’il ne se réjouit pas sous cape. Et voilà que pour des calculs de bas étage, pour une place de faire-valoir à la CENI, pour des perdiems, ceux qui l’ont combattu seulement hier lui restituent sa place dans leur sein sans autocritique et sans concession aucune de sa part. Quoi que cet anachronisme ait été rendu possible par la médiocrité, la duplicité et la perfidie de certains politiciens de la nébuleuse, la question reste posée : l’ADF/RDA peut-elle, de sa position de chef de file de l’opposition, sans crier gare et sans coup férir soutenir la candidature de Blaise Compaoré, se retrouver dans son gouvernement monocolore et se réclamer encore de l’opposition ? En toute logique, évidemment non, mais c’est cette mascarade qu’ont concoctée les partis d’opposition ayant pris part à la désignation des commissaires de « l’opposition » à la CENI.

Quand nous sommes nous-mêmes incapables d’avoir des principes et de nous y en tenir, ce n’est pas le pouvoir qui va le faire à notre place. Que l’on se comprenne bien, ceux qui sont à l’origine de cette affaire, l’ont fait pour des places, l’appât du gain avec la complicité des liquidateurs internes de l’opposition. Faut-il en rire ou en pleurer ? A défaut d’être parvenus à un consensus au sein du GIO sur la participation ou non du groupe à la mise en place de la CENI, les partis qui s’y retrouvent devraient agir à leur propre compte. C’est ainsi que certains ont contacté le « G14 et l’Alternance 2005 » pour arrêter leur stratégie et se positionner, ils se sont roulés entre eux, ruse et manipulation étant la règle dans tout ce qui n’est pas clair. Mais, là où le bât blesse, ce sont les pratiques immorales et malhonnêtes de certains partis et des hommes qui les animent, qui contribuent à affaiblir et à discréditer l’opposition. Cela est bien dommage. Le GIO a été créé suite à une analyse et un constat clair de la situation de l’opposition dans le paysage politique burkinabè. Il est dommage de constater que les fossoyeurs, les taupes s’y sont infiltrés pour dévoyer son action, mais cela n’entravera pas la volonté et la détermination de ceux qui veulent donner plus de visibilité, de cohérence et de crédit à l’action et à la vie politique dans notre pays, afin de donner de véritables chances à la démocratie et à l’alternance et à l’opposition en particulier afin de redonner espoir au peuple.

Difficile de sortir indemne des législatives de 2007

L’opposition burkinabè est truffée « d’intellectuels politiciens » véreux, des politiciens à la petite semaine, nécessiteux, calculateurs qui trouvent dans la politique un terreau fertile pour assouvir leurs bas instincts, pour cette race d’hommes, la vertu est une notion impropre à la politique alors que c’est tout le contraire quand on veut gérer des hommes. Mais le GIO se fera avec ceux qui le veulent, ceux qui ont compris que c’est ensemble, que la vraie opposition évitera sa marginalisation, voire sa mort programmée car à l’heure actuelle, vu l’état de la démocratie et l’environnement dans lequel évoluent les partis de l’opposition, individuellement pris, nul ne sortira indemne des élections législatives de 2007. Mais peut-être que le poste de commissaire à la CENI leur suffit ; peut-être qu’étant de l’opposition et militant pour l’alternance, ils soutiendront encore la candidature de Blaise Compaoré tout en combattant son CDP ; peut-être qu’ils s’en sortiront avec un parchemin ministériel, et laisseront le reste de leurs militants dans l’incompréhension et la frustration ?

Qu’on se le tienne pour dit, nous stigmatiserons toujours le comportement de certains opposants et partis politiques qui brouillent le jeu politique depuis la nuit des temps, se faisant passer pour des radicaux alors qu’en réalité ils sont en mission commandée, inventant des formules chocs du genre ``tubes digestifs’’ qui s’appliqueraient bien à eux-mêmes. Ce parti qui s’est hélas illustré il y a peu par des pratiques ayant conduit le fondateur à se retirer sur la pointe des pieds, et cet opposant bien connu n’est autre que le Secrétaire général d’un des plus vieux partis créé en 1991, longtemps considéré comme le parti présidentiel avant de s’étioler et son premier responsable se révéler comme une des nombreuses taupes dans l’opposition. Cet individu, on le retrouve partout à jouer les premiers rôles du G14, au Collectif en passant par l’Alternance 2005 d’où il a torpillé le mouvement en excluant le PDP/PS, le FFS et le RDEB lors de la présidentielle de novembre 2005.

Extirper la pègre et la racaille

A cette phase critique pour l’opposition, il est indispensable que l’on extirpe de nos rangs la pègre, la racaille politique car ils sont connus et dès l’instant, les neutraliser n’est plus qu’une question de clairvoyance et de volonté afin de consolider la démocratie. L’opposition ne peut plus passer son temps en complaintes et récriminations contre le pouvoir, l’accusant de la déstabiliser quand elle-même se prête au jeu. Maintenant nos ennemis intérieurs sont connus, les éradiquer est le seul salut pour la renaissance de l’opposition.

L’opposition se regroupera ou disparaîtra si elle ne s’adapte pas à la dure réalité de la chose politique faite de combat permanent, de recherche et d’initiative au lieu de laisser toute la latitude au pouvoir pour ensuite chercher la parade in extremis dans des situations que l’autre camp lui impose.

Christian T. Koné

Sidwaya

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