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Dialogue inter-Togolais : L’apothéose à Lomé

Publié le mardi 22 août 2006 à 08h05min

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Dimanche 20 août 2006 à Lomé, l’Accord politique global issu du dialogue inter-Togolais et qui avait été paraphé à Ouagadougou, a été signé en grande pompe et dans la solennité par toutes les parties prenantes. Un moment historique qui va recoller les fils distendus de la Nation togolaise pour peu, comme l’a indiqué le facilitateur Blaise Compaoré, que « le sens de la responsabilité se manifeste dans sa phase d’application ».

Il est un peu plus de 18 heures, temps universel dans la salle de conférences de l’Hôtel du 2-Février à Lomé, lorsque Blaise Compaoré, grâce aux bons offices duquel, l’Accord politique global a été trouvé, appose sa signature au bas desdits Accords.

Tonnerre d’applaudissements des Togolais présents dans la salle et qui avait déjà réservé un accueil chaleureux au chef de l’Etat burkinabè et à sa suite à l’aéroport international de Lomé. Blaise Compaoré, vedette de cette cérémonie solennelle, cela n’est pas volé si tant qu’il aura, selon le premier intervenant, le Premier ministre togolais Edem Kodjo, « œuvré d’arrache-pied pour que le dialogue togolais soit un succès ».

Un succès qui avait du reste commencé à porter ses fruits avant l’ouverture de la cérémonie proprement dite. Ce, par le biais de la signature d’une convention entre l’Union européenne (UE) et le Togo portant sur le déblocage du STABEX 1994, d’un montant de 10 milliards de nos francs. Une manne bienvenue « après quinze ans marqués par une impasse sociopolitique qui a conduit à une paupérisation grandissante des populations », comme l’a indiqué le représentant de l’UE, autre intervenant à la cérémonie.

Edem Kodjo pouvait donc renchérir en souhaitant la bienvenue au président Compaoré dans ce pays qui est « désormais le sien ». Car, si ce jour est rendu « mémorable », c’est grâce à « son amour du Togo, son sens de l’histoire et sa sollicitude envers les pays voisins ». Blaise Compaoré que Kodjo a qualifié respectueusement de « récidiviste » lui qui a déjà démêlé l’écheveau togolais du 28 au 30 avril 1993, puis du 17 au 21 juin 1993 et enfin du 9 au 11 juillet 1993. Cette fois-ci, il a conduit sa mission « avec détermination au pas de charge mais avec lucidité et un rare esprit de décision », convainquant les uns et les autres à adhérer à l’Accord. « Une tête au vaste dessein » que ce Compaoré-là selon Edem Kodjo, un « panafricaniste convaincu » qui va « ouvrir grandes, les portes de l’espoir pour le Togo ». Pour peu que les uns et les autres abordent la mise en œuvre de l’Accord avec « humilité ».

Standing-ovation pour Blaise Compaoré

Un Edem Kodjo qui a mis tout le monde d’accord sur l’œuvre salvatrice et rédemptrice du président du Faso, car après la signature et la lecture de l’Accord qui ont suivi son discours, tous les intervenants abonderont dans le même sens.

C’est ainsi que le représentant de l’UE, soulignera la « profonde satisfaction » du commissaire européen, Louis Michel après l’aboutissement du dialogue inter-Togolais. Un accord qui « ne se limite pas aux élections, mais aborde les problèmes fondamentaux qui affectent la société togolaise ». « Hommage » donc à Blaise Compaoré mais aussi à Faure Gnassingbé, le président togolais, qui a « affiché une volonté de mettre en œuvre les 22 engagements conclus avec l’UE en avril 2004 ». Cela à travers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale en juin 2005, la création d’un haut-commissariat aux réfugiés, la mise en place d’une commission d’enquête sur les événements de février à mai 2005 et la libération des détenus politiques entre autres. L’Accord est « une étape décisive qui permettra de normaliser les relations entre le Togo et l’UE ».

Même son de cloche au niveau du représentant de la CEDEAO, Maï Manga Boukar qui a fait une « mention spéciale » à Blaise Compaoré dont l’œuvre est « à l’honneur du Burkina Faso, de la CEDEAO et de l’Afrique ».

L’homme objet de tant de marques d’estime est resté égal à lui-même, préférant mettre en avant les fils et les filles du Togo.

« Dans sa raison comme dans son cœur, le Togo engage ses fils et ses filles dans l’écriture d’une nouvelle page de son histoire ». Puis, il a rendu hommage au président Faure dont « l’esprit d’ouverture » a conduit à ce « dialogue fécond ». Blaise Compaoré dit avoir ressenti la sollicitation qui lui a été faite comme « un devoir envers le peuple togolais, la sous-région et l’Afrique ». Il mesure l’engagement de ces femmes et de ces hommes « épris de paix, de démocratie et de justice » et appelle à leur « sens de la responsabilité » dans la phase d’application de l’Accord. Il s’est enfin dit « disponible » et à noter son « engagement à continuer à s’investir dans cette exaltante mission ».

Cela n’empêchera pas Faure Gnassingbé de lui « commander » une standing-ovation en introduction à son discours qui clôturait la cérémonie. Puis il indiquera qu’après « neuf mois de doute et de pessimisme », le Togo « entrevoit » le bout du tunnel. « Un esprit nouveau souffle sur le Togo, un esprit de paix, de concorde nationale, de fraternité, de pardon et de réconciliation nationale ».

Il qualifiera l’Accord « d’événement de taille », de « signe de l’intervention divine » et de « fruit du courage, de la patience et de la sagesse du peuple togolais » avec « le rôle décisif » des pays amis. On pouvait donc conclure avec Faure Gnassingbé que « l’édification de la nouvelle Afrique digne, tolérante, paisible et prospère est en marche » grâce à « l’efficacité légendaire de panafricanistes convaincus ». Dont acte.

Boubakar SY
Envoyé spécial à Lomé


Les à-côtés de Lomé

Blaise Compaoré et Fambaré Natchaba, rois de l’applaudimètre

Si le président Blaise Compaoré a été légitimement ovationné à Lomé pour ses efforts et sa contribution au retour de la paix au Togo, on a un peu été « surpris » de voir que, l’ex « bras-droit » d’Eyadéma, Fambaré Natchaba Ouattara était toujours populaire dans son pays. En tout cas lorsqu’il s’est levé pour signer l’accord politique global, c’est un tonnerre d’applaudissements qui l’a accompagné pendant tout cet acte. C’est dire si l’homme maîtrise bien le landerneau politico-social togolais ; ce qui lui a valu d’être l’émissaire du RPT (parti au pouvoir) aux pourparlers de Ouaga IV. Le retour en grâce a donc bel et bien commencé pour lui.


Les Togolais attendaient la reprise de la coopération avec l’UE

« Enfin, enfin » entendait-on dans la salle ayant abrité la cérémonie de signature de l’Accord de Ouagadougou, lorsque le représentant de l’UE et le ministre de la Coopération togolais ont signé la convention portant sur le déblocage du STABEX 1994. Paupérisée par sa longue mise au ban de la communauté internationale, la « Suisse de l’Afrique » attendait cette manne qui doit lui permettre en principe de se relancer. Et les uns et les autres d’espérer que la « cagnotte » sera utilisée à bon escient dans l’intérêt bien compris des populations.


Bassolé l’homme de « l’ombre »

Le ministre de la Sécurité burkinabè a été chaleureusement remercié en aparté par l’ensemble des protagonistes de la classe politique togolaise. Une juste récompense pour un homme qui aura été la cheville ouvrière lors du dialogue inter-Togolais à côté du maître d’œuvre, Blaise Compaoré. Tour à tour intercesseur, « réceptacle » des colères et des frustrations des uns et des autres, mémoire vivante du dialogue (il était déjà de la partie en 1993) Bassolé le discret, aura joué son rôle à la perfection. Hommage mérité donc au « monsieur sécurité » du Burkina Faso, serviteur fidèle et dévoué de la République, homme des grands dossiers qui se bonifie avec le temps.


Blaise, le « Panafricaniste »

Si à Lomé « l’œuvre de panaficaniste » de Blaise Compaoré a été exaltée et mise en relief, il faut rappeler que cette « étoffe » ne date pas d’aujourd’hui. Trempé très tôt à la « sauce révolutionnaire » avec ses compagnons du 4-août 1983, Blaise Compaoré avait auparavant fait ses « gammes » dès le secondaire, où son sens de la justice et de l’équité ainsi que son caractère frondeur l’avaient du reste conduit dans l’armée.

C’est dire si l’homme maîtrise les fondamentaux de la lutte des classes et a une claire conscience du destin de son continent. Ceci explique ses nombreux succès dans les résolutions des crises et des conflits qui secouent celui-ci. Ne dit-on pas que « quand on ne sait pas d’où on vient, on ne saura jamais où on va » ?

Rassemblés par B. SY

Sidwaya

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