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Fonds de l’OPEP : l’équilibre entre intérêts et solidarité internationale

Publié le mardi 22 août 2006 à 07h51min

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Le DG du Fonds avec le ministre burkinabè des Finances

Créée pour défendre d’abord les intérêts matériels et financiers de ses membres face aux compagnies pétrolières, l’OPEP n’en est pas moins une organisation de coopération et de solidarité dans le monde comme le souligne son rapport 2005.

Instance inter-gouvernementale, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été créée en septembre 1960 à Bagdad, en Irak par cinq pays (Arabie saoudite, Iran, Koweït et Venezuela).

A l’époque, ces pays, grands producteurs d’or noir entendaient revendiquer la souveraineté sur leurs ressources naturelles face à des compagnies multinationales qui leur laissaient que des miettes alors qu’elles réalisent d’énormes bénéfices.
Rejoints par l’Algérie, le Nigeria, le Gabon, la Libye, l’Indonésie, le Qatar et les Emirats arabes unis, les pays membres de l’OPEP poursuivent toujours les mêmes objectifs définis en 1960 : Stabiliser le marché du pétrole en fixant des prix raisonnables, et garantir un juste retour aux producteurs, investisseurs de la vente des produits pétroliers.

L’OPEP est cependant loin d’être un simple cartel défendant égoïstement les intérêts de ses membres. Au contraire. La coopération entre ses membres et les autres pays, notamment en voie de développement témoigne de leurs soucis d’entretenir des relations de solidarité Sud-Sud.

C’est pour aider les pays à revenus faibles dans leurs efforts vers le progrès économique et social que les pays membres ont mis sur pieds en 1976 « The opec fund for international development », le Fonds OPEP pour le développement international. Grâce à des prêts consentis à des taux préférentiels, le Fonds finance des projets et programmes de développement du secteur public et privé, accorde des dons destinés à l’assistance technique, à l’aide humanitaire et à la recherche.

Le rapport annuel 2005 de l’organisation donne un large aperçu des actions menées au cours de l’année écoulée. Selon le document, 119 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine, des Caraïbes, du Moyen-Orient et de l’Europe ont bénéficié d’une aide financière du Fonds.

« Le Fonds a poursuivi sa mission en 2005 en approuvant un nouveau financement de 432 millions de dollars destinés à appuyer des projets et programmes de développement dans toutes les régions du monde. Combinant prêts au secteur public à des conditions de faveur, appui aux entreprises privées et dons, le Fonds a continué d’apporter une réponse adaptée aux divers besoins de ses partenaires, sans oublier son appui à l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) au titre de laquelle il a participé à l’allègement de la dette de 24 pays », indique le rapport. On y a apprend également que le Fonds est intervenu par l’intermédiaire de comptes spéciaux en faveur de la Palestine et pour la lutte contre le sida à hauteur de 15 millions de dollars chacun.

Quant aux opérations financières de l’Organisation, les engagements et décaissements en faveur du secteur public s’élèvent respectivement à 6168,174 millions de dollars et 3903,104 millions de dollars répartis en financements de projets, au soutien à la balance des paiements, à l’Initiative PPTE et à la facilité pour la réduction de la dette. Au profit du secteur privé, les engagements et décaissements atteignent 348,576 et 243,203 millions de dollars destinés à financer des opérations de prêts, la lutte contre le sida et au soutien du Fonds international pour le développement agricole (FIDA). Soit un total de 7906,400 et 5187,464 millions de dollars.

Dans le secteur public, les transports sont les premiers bénéficiaires des financements du Fonds puisqu’ils ont capté à eux seuls 1298,7 millions de dollars, soit 26,7% des engagements et décaissements du Fonds. Suivent l’énergie avec 904,6 millions de dollars, l’enseignement avec 599,6 millions de dollars, l’approvisionnement en eau et assainissement pour 405,2 millions de dollars, la santé 336,7 millions. Quant au secteur privé, le Fonds a octroyé 773 dons d’une valeur de 348,6 millions de dollars, consacrés essentiellement à l’assistance technique en coopération avec les agences spécialisées de l’Organisation des Nations unies (ONU).

En Afrique, sur un total de 149,110 de dollars alloués à 16 pays, l’Egypte, la Tunisie, Madagascar, le Cameroun, le Mali et le Burkina Faso apparaissent comme les principaux bénéficiaires des engagements du Fonds. Dans ce dernier pays, 9,890 millions de dollars ont été débloqués sous forme de prêt aux taux de 1% au profit de l’agriculture et des transports dont 7 millions pour la construction de la route Ouagadougou-Kongoussi. Le bitumage de ce tronçon de 110 km devrait le rendre plus praticable à tout moment, car il sera équipé de ponts et de d’ouvrages de drainage.

Le Burkina a également bénéficié d’un prêt de 2,89 millions de dollars destinés à la construction de routes rurales, de salles de classe, de centres de soins et au financement d’un programme d’alphabétisation dans les provinces du Yatenga, du Passoré, du Lorum et du Zandoma. Il est également prévu la mise en place de services de crédit rural par la création de cinq caisses d’épargne et de 100 points de services de micro-finances.

La présence du Fonds OPEP au Burkina remonte à trois décennies et les prêts octroyé au Pays des Hommes Intègres s’élèvent à 142 millions de dollars. En novembre 2005, le directeur général du Fonds, M. Suleiman Al-Herbish était d’ailleurs au Burkina « afin de se rendre compte de l’impact du travail » effectué avec les autorités burkinabè. Il a ainsi visité le barrage de Ziga, le laboratoire national de santé publique, la route frontalière Ouagadougou-Léo-Ghana et le foyer des étudiants de l’université de Ouagadougou.

Cette visite a été également l’occasion pour les hauts dirigeants du Fonds d’inaugurer un centre de prise en charge des malades du sida dans la capitale, cofinancé avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Grâce à un don du Fonds d’un montant de 567 000 dollars, on a pu rénover les locaux du centre, acheté du matériel et du médicament et dispensé une formation au personnel médical. Désormais, ce centre dispose de moyens pour prendre en charge les personnes contaminées par le VIH depuis les consultations jusqu’aux testes de dépistage.

Manifestement satisfaites de la bonne exécution des projets et programmes qu’il finance, les autorités du Fonds « envisagent encore de nombreuses années de coopération productive avec le Burkina Faso ».

Joachim Vokouma
Lefaso.net

Fonds de l’OPEP pour le développement international, rapport annuel 2005

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