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Sans papiers en France :Pour une fois, Sarkozy a raison

Publié le lundi 21 août 2006 à 07h36min

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Les images, parfois très dures, ont été diffusées en boucle sur les antennes des journaux télévises français. On a pu ainsi voir des familles entières délogées manu militari de ce qui leur servait jusque-là de logis, un bâtiment de cinq étages insalubre et délabré : la cité universitaire de Cachan aujourd’hui désaffectée, le plus grand squat de l’Hexagone.

Des hommes résignés, des femmes, bébé au dos, trimbalant leur maigre baluchon vers les cars qui devaient les conduire qui vers un hôtel, qui dans un centre de rétention, en attendant le prochain charter en direction de leur pays d’origine. Aux dernières nouvelles, ils sont encore quelque 200 irréductibles, en majorité des femmes et leurs enfants, voyageurs sans bagages, entassés dans un gymnase municipal, attendant un très hypothétique logement social.

« Nous pas bouger ! » semblent désormais clamer tous ces « exclus du tiers monde » ainsi que les qualifiait l’éditorialiste d’un quotidien régional français. Pour la plupart en situation irrégulière, ces naufragés attendent que la république qu’ils ont adoptée leur rende la pareille. Rien de moins sûr quand on sait que le cheval de bataille des autorités françaises reste la fameuse immigration choisie, défendue par le très médiatique et non moins candidat annoncé à la présidentielle, ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy.

Comme pour préparer ses concitoyens à la véritable chasse à l’homme qui se préparait en sourdine dans le val de Marne, le ministre avait, quelques jours avant l’évacuation musclée du squat, déclaré sur l’antenne de France 2 qu’il était tout à fait légitime pour la France de choisir parmi tous ceux qui frappent à sa porte ses chouchous. Et d’ajouter en réponse à ceux qui comparent les rapatriements forcés à la déportation, qu’il n’y a rien de répréhensible à renvoyer un Ukrainien en Ukraine ! Et alors, pourquoi pas un Africain de Cachan en Afrique ? Pour une fois, il faut le reconnaître, Sarkozy, le pourfendeur de « la racaille » des banlieues, a raison. Le raisonnement est cynique, mais quoi qu’on puisse en penser, il se défend si l’on s’en tient à la pure logique.

Alors si, comme nous le croyons, le continent noir n’est pas ce vaste camp de concentration où l’on enverrait les « exclus du Tiers monde », il est très loin de se comparer à Doumbélane, la contrée où coulent le lait et le miel. Entre ces deux extrêmes, les Africains d’Afrique croquent tous les jours de la vache enragée, espérant sortir un jour de l’ornière du sous- développement endémique. Les gouvernants africains gagneraient à matérialiser leurs beaux discours sur la lutte contre la pauvreté et la bonne gouvernance, pour que l’Europe n’ait plus besoin de trier, dans la multitude des malheureux candidats à l’exil, ses favoris.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga,

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