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Renouvellement des membres de la CENI : Les représentants des partis politiques désignés

Publié le jeudi 17 août 2006 à 08h14min

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Dans le cadre du renouvellement des membres du bureau actuel de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les partis politiques de la majorité et de l’opposition ont désigné les leurs le 16 août 2006. Et cela au cours de deux rencontres, dont l’une n’a pas eu lieu, avec le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD).

C’est sous une pluie matinale que nous nous sommes rendus au ministère des Affaires étrangères pour assister à la rencontre entre le MATD et la majorité. Après plus de 45 minutes d’attente dans ces locaux, nous avons décidé de nous renseigner auprès d’un groupe de personnes présentes dans la salle. "Je ne saurai vous répondre", nous a rétorqué un du groupe, avant d’ajouter ceci : "A moins que vous ne vous renseigniez auprès des trois hommes qui viennent de partir. Ce sont des représentants de partis politiques. Eux pourront vous dire si la rencontre est reportée à une date ultérieure ou pas". Ce que nous avons vite fait d’exécuter.

"Etes-vous de la presse ?" nous ont demandé les hommes en question. Il s’agit du représentant de l’Alliance pour la renaissance de la démocratie et l’intégration (ARDI), Ousmane Diallo, du président du Réveil démocratique des masses (RDM), Eugène Diendéré. Le 3e était le président national de l’Union des démocrates indépendants (UDI). "Nous sommes de la presse", avons-nous répondu. "Prenez-nous en interview parce que nous sommes vraiment mécontents", ont rétorqué les trois représentants.

Quand nous avons demandé s’il fallait attendre encore un bout de temps avant que les autres partis n’arrivent, cela a fait l’effet d’une bombe chez nos interlocuteurs. Une bombe dont l’explosion ne s’est pas trop fait attendre. En réalité, le CDP et l’AMP ont déjà choisi leurs représentants à la CENI, à l’insu des autres partis de la mouvance. Selon ce que nous avons pu comprendre, le MATD non plus n’était pas au courant de ces faits. Un acte que l’ARDI, le RDM et l’UDI considèrent comme non démocratique. Ils disent ne pas reconnaître ces 5 représentants. "Nous ne les connaissons ni de nom, ni physiquement. On aurait quand même pu nous faire parvenir les cinq noms. "Tous les partis qui soutiennent les actions du président (NDLR : le chef de l’Etat) ne sont pas membres de l’AMP. Quand on est de l’AMP, on est soumis au diktat du CDP", ont déclaré les trois représentants de partis. Ils ont affirmé avoir été écartés parce que n’étant pas membres de l’AMP.

Comment ces trois hommes ont-ils su que le CDP avait déjà choisi ces représentants ? A cette question, ils ont déclaré avoir lu "officieusement" une correspondance de l’AMP datée du 10 août et faisant savoir qu’il n’y avait plus nécessité de se rencontrer le 16 août parce que le choix des représentants était déjà fait. Parmi les cinq représentants, trois sont du CDP et deux de l’AMP. "Nous allons nous plaindre, car nous ne sommes pas d’accord avec cette pratique", ont-ils lancé, révoltés.

Dans l’après-midi d’hier, c’était le tour des partis de l’opposition de rencontrer le MATD. Contrairement à la matinée, la rencontre a bel et bien eu lieu. Elle a vu la désignation des cinq représentants de l’opposition à la CENI. Deux de ces représentants sont issus du groupe ADF/RDA-COPEP. Il s’agit de Seydou Ouédraogo, responsable des jeunes élèves et étudiants de l’ADF/RDA, et de Idrissou Kouanda, président du PNP et du COPEP. Les trois autres sont du 2e groupe. Sont classés dans ce groupe, le G14, Alternance 2005, le GIO, la COTE et l’OBU. A ce niveau, ceux qui ont été retenus sont Paul Sylvain Paré du MPS/PF, Abdoul Karim Sango du PAREN et Mousbila Sankara de l’UNIR/MS.

Contrairement à la rencontre du MATD avec la société civile, cette réunion n’a pas connu de grand scandale. D’entrée de jeu, le représentant du MATD, Alphonse Konaté, directeur général des libertés publiques et des partis politiques, a précisé aux groupes présents le motif de la rencontre. Il a cependant laissé le choix à chaque composante d’arrêter la procédure et les critères de désignation de ses représentants. A l’issue de cette introduction, Alphonse Konaté s’est retiré afin de permettre à l’opposition de mieux se concerter.

Il a fallu attendre environ 3 heures 45 mn d’horloge pour connaître les cinq membres de l’opposition qui devront siéger à la CENI. Pour gagner plus de temps, et mieux coordonner la rencontre, un présidium a été mis en place avant le début des débats. Il était composé de quatre membres, notamment Issa Tiendrébéogo du GDP (président), Me Fayiri Somda de l’ADF/RDA (vice-président), François Kaboré du PDP/PS et François Kiénou de l’UPR (rapporteurs).

31 partis politiques de l’opposition étaient présents à cette rencontre. Des débats, est ressortie plus d’une fois la question de l’appartenance de l’ADF/RDA à la mouvance ou à l’opposition. Il était souhaitable, selon certains partis, d’éclaircir certaines inquiétudes et interrogations. Ces partis ont souhaité que l’on trouve une réponse à la question "qui est de l’opposition et qui ne l’est pas". D’autres ont suggéré que les partis de l’opposition déjà représentés à la CENI sortante ne soient plus pris en compte dans ces élections. Ces partis sont le PAREN, l’ADF/RDA, l’UNIR/MS, l’UDF et le PDP/PS. Cette suggestion n’a finalement pas été prise en considération puisqu’à la fin de la rencontre, on retrouvait des représentants de certains de ces partis parmi les cinq.

Tout comme la plupart des intervenants, le présidium a déclaré qu’il ne fallait pas trop s’attarder sur cette histoire d’appartenance, sous peine de sombrer dans des débats intraitables. Il a donc été proposé que ce sujet soit déporté sur un autre plateau et que tous se préoccupent plutôt de désigner les représentants. A un moment donné, les débats ont failli dégénérer, il y en avait qui n’étaient pas d’accord. "Il faut définir clairement ce que c’est qu’être de l’opposition, afin que notre choix reflète clairement la place de l’opposition à la CENI que nous sommes censés défendre", ont protesté certains. Et au président de répondre : "Ce n’est pas un ring de boxe. Choisissons un langage qui respecte tout le monde et qui fasse respecter l’opposition". C’est après maintes interventions sur ce sujet que les uns et les autres ont accepté de se résigner, d’abandonner les "débats stériles" pour procéder aux élections.

Un autre problème que l’on a vite fait d’étouffer a été celui soulevé par le président du RPN, Harouna Dicko. Puisque la méthode des regroupements avait été retenue et que chaque groupe devait, à l’issue d’une pause d’un quart d’heure, communiquer des noms, M. Dicko a voulu savoir où devaient se classer ceux qui n’avaient pas de groupe, comme le RPN.

La dernière étape de la rencontre, après la présentation des cinq représentants, a été le choix d’une date et d’un lieu pour une prochaine rencontre. Cette rencontre a été fixée pour le jeudi 24 août 2006, au siège du RDB, à l’Espace Or, à 18h. Il s’agira à cette réunion de décider de comment les élus doivent être "gérés" et s’il faut les remplacer en cas de défaillance.

Par Christine SAWADOGO

Le Pays

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