LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Situation nationale : Opposants ou plaisantins ?

Publié le mercredi 16 août 2006 à 08h17min

PARTAGER :                          

Il semble qu’un énième groupement des opposants burkinabè vienne de voir le jour. Depuis le G14 jusqu’au collectif on en a vu des vertes et des pas mûres. Le groupe d’initiation de l’opposition (GIO) est la dernière trouvaille de politiciens déphasés et dépassés par l’évolution du monde actuel. Il a marché à Koudougou pour montrer qu’il est actif.

Libres à ces opposants de nier ou de remettre en cause la Journée nationale de pardon. Cette Journée fut un moment fort de la vie de notre pays et à laquelle a adhéré l’immense majorité de notre peuple à travers sa diversité et ses composantes sociales.

Six ans après, de nombreux engagements qui y ont été pris sont mis en œuvre et le processus de réconciliation nationale qui sera long se poursuit.

Seuls les myopes politiques ne perçoivent pas que la Journée nationale de pardon a marqué un nouveau départ pour le Burkina Faso aussi bien sur le plan des mœurs que de la pratique politique.

Libres encore à ces opposants regroupés, éclatés puis reconstitués à nouveau dispersés et enfin rabibochés de continuer à distiller un discours de haine, de division et d’entretien désespéré d’une fracture fictive. Certes l’histoire d’aucun peuple n’est linéaire et ne saurait s’apparenter à une mer par temps calme. Le Burkina Faso, et ses dirigeants ne vont se hasarder à dire que tout roule.

Si cette opposition entend tout peindre en noir et se donner l’illusion qu’elle pourra par ce discours, tissu de mauvaise foi, d’accusations faciles, d’anathèmes et même d’injures vulgaires, inverser grâce à un énième coup de force le pouvoir, elle peut continuer sur cette voie.

Cela va faire bientôt plus de quinze ans que les conditions de l’exercice d’une démocratie participative de la dévolution des mandats électifs par les urnes sont réunies. Et l’objectif majeur de la journée, mettre le holà, avec le plus jamais ça du Président du Faso aux crimes politiques et de sang n’a pas été prononcé pour sacrifier à une mode.

Aujourd’hui nul ne peut soutenir que la période de l’Etat d’exception dont certains essaient par calcul politique d’imposer les survivances et les échecs "ad vitam aeternam" est derrière nous. Six ans après, "le plus jamais ça" se vit en dehors de ceux qui s’évertuent à rester scotcher sur une toute autre longueur d’onde - le Burkina est un pays libre.

Ressasser le passé

L’opinion a totalement perdu le nord et cherche avec désespoir son moi. Aussi reste-t-elle solidement accrochés, tels des "explorateurs de morts" à égrener une liste macabre croyant avec cette opposition morbide salir le régime de la IVe République.

De guerre lasse dans sa tentative de déstabilisation elle en vient à avoir pour seul programme politique : "le combat sera long, dur, âpre et sans merci" ou encore "nous lançons un appel à la mobilisation pour les luttes futures" et blabla et blabla..

Non seulement elle a raté sa vocation d’être une alternative possible mais elle s’éloigne chaque jour d’être en mesure de réaliser cette alternance, ce au point de vouloir la faire par décret. Au double plan de la stratégie politique et de la prospective programmatique, elle ressemble au plus désespérant des déserts américains.

Elle s’accroche à des chimères événementielles au lieu d’être un innovateur d’idées et même à défaut une force entretenant l’illusion. Le seul domaine où elle excelle c’est celui de produire des écrits inspirés parce qu’étant un retour de l’identique à longueur d’année.

Avec le temps fuyant, elle a donc fini par devenir réellement un machin s’amusant à amuser la galerie en criant haro à la moindre bourrasque de vent. Il faut seulement se consoler en admettant qu’avec une telle opposition s’agitant autant, le démocratic au Faso est d’une vitalité qui doit faire des jaloux.

Peau de chagrin

Est-elle consciente que plus les jours passent plus elle se réduit à sa plus simple expression. Alpha Barry de RFI rendant compte de l’appel du GIO, cette fois-ci nous assurons à Hermann Yaméogo et son UNDD qu’il a bien envoyé un élément à son employeur à se mobiliser sur la tombe de Norbert Zongo afin de prendre l’engagement que "la lutte sera âpre, dure et longue mais elle continue" n’a compté qu’entre une trentaine et une quarantaine de personnes.

Heureusement qu’il n’était pas le seul journaliste présent sur les lieux sinon ce chiffre allait conduire à déclencher une autre fatwa contre lui. Mais quarante personnes pour toute l’opposition nationale, même par temps de pluie doit l’amener à percevoir enfin dans quel état d’insuffisance elle se trouve.

C’est contrairement aussi en raison de son état chétif qu’elle se cache derrière un discours qui n’a pour seule vocation que de perturber le repos de ceux qui n’aspirent qu’à la paix là où ils se trouvent depuis la Journée nationale de pardon.

Le devoir de mémoire, l’Etat l’a eu, la reconnaissance que ce ne fut pas des actes bien, il l’a admis, le pardon il l’a humblement et courageusement demandé et obtenu sauf de quelques irréductibles aux desseins connus et l’engagement à bannir ces violences en politique, il l’a pris. Et pour l’heure avec esprit de suite, il tient cet engagement et ce malgré la volonté délibérée de certains de toujours le diaboliser pour provoquer d’autres récidives.

Ils savent en effet qu’à force d’atteindre les autres jusque dans leur dignité des actes incontrôlés peuvent survenir. Les pays qui ont basculé dans la guerre sont ceux qui ont entretenu la haine politique, cette façon de voir l’autre tel un être malfaisant.

Malgré qu’ils se soient attribués la sale besogne de renvoyer le pouvoir au rang de bête furieuse, celui-ci garde son calme. Malgré les calomnies au lieu de propositions pour faire mieux ou autrement le peuple pour l’instant en tout cas a fait la part des choses. Alors l’ultime recours est de revenir au vieux thème éculé de la démission du Président du Faso. Peut-être que là ils auront gain de cause. Qui sait ? Après tout, lorsque plus d’une dizaine de partis, sigles ou pas se retrouvent à réciter de telles paroles hideuses c’est qu’ils croient à leur soleil imminent. Il ne reste qu’à les encourager à persévérer dans ce choix pertinent et judicieux.

Souleymane KONE

L’Hebdo

P.-S.

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique