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Syndicalisme au Burkina : Les amalgames du "général" Tolé Sagnon

Publié le mercredi 16 août 2006 à 08h11min

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Le succès d’une démocratie repose incontestablement sur la participation responsable de tous les acteurs de développement qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition ou de la société civile. D’où la nécessité pour chacun d’entre eux de jouer pleinement sa partition sans confusion de rôle.

L’expérience montre en effet que chaque fois qu’un des acteurs s’éloigne de son rôle, il constitue un os dans la bonne marche de la société. C’est dans ce sens que la récente sortie médiatique du " général " Tollé Sagnon est intéressante parce qu’elle offre matière à réflexion. Pour qui connaît la situation actuelle du syndicalisme au Burkina, les propos du Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina(CGTB) sont on ne peut plus surprenants. Les militants de ce regroupement d’organisations de travailleurs se demandent toujours si avec de telles méthodes archaïques il sera possible pour le mouvement syndical burkinabè d’apporter son indispensable contribution au processus de construction de la nation.

Nombreux sont les Burkinabè qui regrettent le gâchis fait par les responsables actuels des organisations des travailleurs des acquis du mouvement syndical burkinabè à travers des prises de positions aux antipodes des intérêts véritables des travailleurs. En outre, ces responsables syndicaux sont inconstants dans leurs prises de position. Régulièrement, leur propos jurent d’avec leur pratique. Ainsi, il y a seulement quelques années, ils ne manquaient pas la moindre occasion pour, disent-ils, réclamer l’alternance au sommet de l’Etat.

Cette exigence était faite au prix d’un amalgame qui n’a pas échappé au peuple. En effet, les laborieuses populations ont compris que leur alternance était à symétrie variable. Elle est une source de bonne gouvernance tant qu’il s’agit des autres. Mais quand elle s’applique aux responsables de la société civile, elle n’est plus évidente. La preuve vient d’être faite par Tollé Sagnon, qui pourtant était l’une des têtes pensantes de cette théorie. Aujourd’hui il met l’alternance entre parenthèse et essaye de justifier le fait qu’il s’accroche au pouvoir depuis près de deux décennies alors que ses résultats laissent à désirer. Secrétaire général de la CGTB à la création de l’organisation en 1988, soit depuis environs 18 ans, l’homme n’a aucune intention de partager son " naam ". Si encore cette présence ininterrompue à la tête de ce mouvement syndical avait des résultats probants, on n’aurait rien eu à redire.

Or selon Tolé Sagnon lui-même, le bilan est maigre. Sauf que tout naturellement, il refuse de s’assumer dans ce qui s’apparente à un échec cuisant. Pour lui, si les syndicats n’ont pas engrangé des résultats concrets c’est parce que les autorités politiques ne leur accordent pas une oreille attentive. Or tout porte à croire que les ténors de la CGTB sont en panne d’imagination. Ils manquent de stratégie dans la conduite de la lutte des travailleurs.

Le syndicat pris en otage

Le combat syndical doit être à l’image d’une compétition sportive où ne devraient pouvoir évoluer que les équipes qui gagnent. Celles qui ne sont incapables d’obtenir des résultats palpables devraient avoir le courage de passer le relais. L’alternance dont il est question ne doit-elle pas partir de la base ? Si Tolé Sagnon n’a pas été capable 18 ans durant de donner satisfaction aux militants il gagnerait à faire appel à d’autres compétences surtout que la CGTB est un regroupement de plusieurs syndicats donc regorge théoriquement de cadres compétents à même d’assurer la relève. Alors que le SG de la CGTB vante l’unité d’action dont les syndicats burkinabè font preuve et lance par la même occasion quelques flèches à ses collègues du Niger, ces derniers lui ont administré une belle leçon de modestie en négociant avec leur gouvernement. Lesquelles négociations ont porté leurs fruits puisque gouvernement et syndicats ont conclu un accord satisfaisant pour les deux parties alors qu’au Burkina, Tolé Sagnon par une intransigeance maladive a fait lamentablement échouer les pourparlers. Le simple bon sens voudrait que l’équipe dirigeante actuelle de la Confédération cède sa place à d’autres camarades plus imaginatifs et plus à l’écoute des travailleurs. Or l’alternance est une question taboue au sein de la CGTB. Tolé Sagnon continue de penser qu’il a une somme d’expériences à mettre au service des travailleurs. Et ce sont ces derniers seulement qui peuvent apprécier son action. Tout cela peut être bien légitime. Cependant là où il est difficile de le suivre c’est qu’il s’applique à lui-même un principe qu’il refuse aux autres.

Si pour une petite responsabilité comme celle de SG de la CGTB il faut une certaine expérience, comment peut-on ne pas exiger au moins la même rigueur quant il s’agit de la gestion d’un Etat ? De même si seuls les travailleurs doivent décider de l’alternance au sein de la CGTB, il faut également admettre que seul le peuple souverain peut, dans le respect de la Constitution et des autres lois de la République décider de confier son destin à l’homme ou à la femme de son choix. Mais il y a belle lurette qu’on sait que le plus grand mal dont souffre le syndicalisme burkinabè est sa prise en otage par des personnes qui ne servent que des intérêts éloignés des préoccupations des travailleurs. Leur engagement dans les organisations de défense des travailleurs est juste un prétexte pour assouvir des desseins inavouables et inavoués. Il est heureux de constater que, sans le vouloir ces individus se démasquent eux-même aux yeux de l’opinion car cette catégorie d’individus a trop longtemps joué avec le peuple et comme ils le chantent eux-même, " trop, c’est trop ". La sortie médiatique du " général " Sagnon achèvera de convaincre sa troupe sur la nécessité d’agir pour donner au syndicalisme burkinabè ses lettres de noblesse.

Larba YARO

L’Hebdo

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