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Trêve au Liban : Un simple répit ?

Publié le mercredi 16 août 2006 à 08h07min

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La toute récente expédition de l’Etat hébreu au sud du Liban laisse un arrière-goût d’inachevé. Bien qu’elle crie victoire, Israël ne peut cacher à la face du monde qu’elle a été bien loin d’avoir atteint ses objectifs, à savoir délivrer ses deux soldats capturés par le parti de Dieu, utiliser ce prétexte pour solder ses comptes avec le Hezbollah libanais, et, pour les Israéliens les plus extrémistes, rayer le Liban de la carte.

Si tant est que, pour Israël, la fin du conflit sonne le clocher de la victoire, il faut tout de même avouer que les résultats sont mitigés, sinon bien maigres. Le Hezbollah n’a manifestement pas plié l’échine. Il a tenu tête, jusqu’au bout, à l’une des armées les plus puissantes au monde. Le mythe de l’invincibilité de Tsahal est tombé. La résistance acharnée de l’adversaire fut une donnée qui, bien évidemment, n’était pas dans les prévisions des grands stratèges israéliens qui imaginaient sans doute que Tsahal irait à la guerre la fleur au fusil.

C’était sous-estimer les capacités de réaction du Hezbollah. Le Premier ministre israélien, Ehut Olmert, qui accepte de porter le chapeau de la quasi-déculottée, même s’il se refuse à l’admettre, s’y lancerait-il, si l’aventure était à recommencer ? Pas si certain, l’homme essuyant déjà les critiques de bon nombre de ses concitoyens. Le nombre de morts, côté israélien, bien qu’en deçà, semble-t-il, de celui des victimes libanaises, se présente comme une comptabilité macabre suffisamment grave - les Israéliens étant très attachés à la vie, donc moins prêts à mourir en martyrs qu’un Palestinien ou un Arabe en général- pour faire vaciller son fauteuil et mettre sérieusement à mal sa popularité. Cette guerre n’est pas celle des 6-Jours en 1967, mais celle d’un mois plein avec son lot de désolations et de lamentations, dans un camp comme dans l’autre.

Tant mieux si les armes, malgré quelques escarmouches, se sont tues. Mais pour combien de temps encore les protagonistes observeront-ils le cessez-le-feu ? La résolution des Nations unies pour la cessation des hostilités tiendra-t-elle la route ? Peu de choses, en tout cas, invitent à l’optimisme. Car, si Israël a accepté d’enterrer la hache de guerre, ce n’est pas tant sous l’effet de la contrainte onusienne que sous l’effet de la tournure que prenaient récemment les événements. Face à un conflit qui s’enlisait de jour en jour, les choses échappaient à l’Etat hébreu. Il fallait s’acheminer vers une sortie, sans perdre la face. S’agit-il, pour elle, de gagner du temps ? Un répit ?

On peut le croire. D’autant que, surestimant ses forces, elle avait refusé toute idée de cessation des hostilités. Il lui fallait terminer la sale besogne que n’avait pas hésité à applaudir George Bush pour qui Israël a "le droit de se défendre". En plus, parce qu’elle est passée maître, avec la bénédiction de l’allié inconditionnel américain, dans l’art d’essuyer ses pieds sur plusieurs résolutions de l’ONU. Et puis, Israël se dit déterminée à traquer le Hezbollah, où qu’il se trouve, et le parti de Dieu reste l’arme au pied. Toutes choses qui rendent précaire l’arrêt des hostilités.

De fait, comment le Hezbollah peut-il abandonner la résistance, quand l’envahisseur, Israël, est toujours présent sur ses territoires et n’a, par conséquent, aucun respect pour la souveraineté du Liban ? A dire vrai, si la paix a déserté les rivages des contrées libanaises et que l’accalmie n’augure pas, pour autant, des perspectives d’avenir réjouissantes, c’est parce qu’on refuse de s’attaquer aux véritables racines de la crise : le conflit israélo-palestinien dont les effets collatéraux s’étendent à tout le Proche-Orient.

Tant que cette crise n’est pas réglée, il est à craindre que toute la région crache, pour longtemps encore, le feu du désespoir. C’est dire donc que la résolution de la crise israélo-palestinienne ne saurait se faire sans une vision d’ensemble, qui tienne compte de toutes les parties en jeu. Assurément, il y a trop de connexions d’intérêts dans la zone, et c’est pourquoi ce serait manquer de réalisme si l’on se passait, par exemple, de la Syrie, un acteur pour le moins incontournable dans la résolution des crises dans la région.

Et, comme nous l’avons souvent écrit, les conflits, dans cette partie du monde, tirent leur source de l’injustice et de la conception de l’Occident du terrorisme. Y a-t-il, au fond, une différence entre un kamikaze libanais qui lâche une bombe sur des Israéliens pour venger les siens et la folie meurtrière d’une armée régulière, Tsahal ? N’est-ce pas aussi un acte terroriste quand Israël se livre à des attentats ciblés sur des personnalités politiques palestiniennes ?

On reste bouche bée (la communauté internationale, les Etats-Unis en premier) quand l’Etat hébreu exerce son terrorisme d’Etat, et l’on crie au scandale et à la menace terroriste quand l’oppressé utilise les moyens de résistance et de révolte qu’il a en sa possession, face à l’injustice. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que le Hezbollah s’attire la sympathie d’une grande partie du monde arabe.

Si Israël est sortie groggy de cette guerre, l’échec est à la fois politique (pour Ehut Olmert et son parti notamment) et psychologique. Assurément, Israël perd davantage en termes d’image (marches de protestations de bien des pays arabes contre cette expédition injuste). Mais il faut dire que cette invasion du Liban avait été bien mûrie. Un projet pour lequel il fallait commencer par chasser l’armée syrienne du Liban.

Le Pays

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