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Grande -Bretagne : Et si c’était un mensonge d’Etat ?

Publié le lundi 14 août 2006 à 08h05min

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Est-ce, une fois encore, un mensonge d’Etat, comme savent le distiller les Occidentaux en général et les Américains et les Britanniques en particulier ? Si l’on en croit les informations en provenance de Londres et largement relayées par la presse occidentale, plusieurs suspects, soupçonnés de vouloir commettre des attentats terroristes contre des avions de ligne à destination des Etats-Unis, ont été appréhendés.

De source officielle, 5 à 12 appareils auraient été visés par les présumés auteurs des attentats déjoués. Ils étaient, semble-t-il, détenteurs d’explosifs liquides qui devaient être dissimulés dans des bouteilles de boissons énergétiques. Les autorités de Londres n’hésitent pas à insister sur la nationalité d’origine des suspects, de nationalité britannique d’adoption pour la plupart, et surtout sur leur confession musulmane. De là à soupçonner la Grande-Bretagne de tomber dans le piège du délit de fasciès, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir non parfois sans raison.

Ce fut le cas, en effet, lors des précédents attentats de Londres qui avaient conduit la police britannique à commettre une grosse bavure en tirant, à bout portant et sans sommation, sur un jeune travailleur brésilien qui n’était ni de près ni de loin mêlé au terrorisme. A l’époque, il fallait être un sujet bon teint de la couronne britannique pour échapper à la traque des policiers. Les Britanniques, dans leur majorité, avaient d’ailleurs vivement condamné les autorités policières et exigé des enquêtes en vue de sanctionner les coupables de ces dérapages. Ce que le gouvernement de Tony Blair avait refusé en maintenant le chef de la police à son poste.

Parlant de ce constat d’impunité, beaucoup d’observateurs se demandent si le nouveau scénario catastrophe n’est pas simplement une mise en scène imaginée par Tony Blair au moment où il est en perte de vitesse dans les sondages, où la majorité des Britanniques sont contre l’implication de leur pays dans le conflit irakien et où son inféodation à la politique américaine est de plus en plus critiquée. L’enlisement de la Grande Bretagne et des Etats-Unis dans les sables du Moyen-Orient à la suite d’une expédition coûteuse financièrement et en vies humaines sans parvenir à domestiquer l’adversaire n’a-t-il pas incité Tony Blair à vouloir secouer ses concitoyens ?

Mais si l’on se place dans l’hypothèse où ces projets d’attentats étaient avérés, rien d’étonnant si leurs auteurs ont visé les intérêts américains et britanniques. Aussitôt la nouvelle répandue, George Bush s’est empressé de faire, comme à son habitude, une mauvaise sortie en parlant de fascisme arabo-islamique. Il rappelle, ainsi, de triste mémoire, ses précédentes déclarations lors de l’invasion de l’Irak et qui en appelaient à une croisade, autrement dit à une guerre sainte contre le monde islamique. D’aucuns ont même parlé, à l’époque, de supériorité de la civilisation occidentale sur la civilisation orientale.

Autant d’écarts de langage subjectifs qui n’ont fait qu’obscurcir davantage l’horizon quant à une meilleure compréhension du phénomène du terrorisme. Finalement, Tony Blair et George Bush qui font aujourd’hui de la lutte contre le terrorisme international leur cheval de bataille, tout en refusant d’en analyser les causes profondes, ne poursuivent-ils pas l’ombre fugitive et insaisissable d’un fantôme ? Consciemment ou inconsciemment, ne donnent-ils pas raison aux adeptes de la théorie de Che Guevara selon laquelle il faut disperser les forces de l’impérialisme pour les vaincre ?

En tout cas, ceux que l’attelage Blair et Bush identifie comme terroristes et propagateurs des forces du mal viennent de remporter une victoire à la fois psychologique, diplomatique, commerciale et politique puisque l’équilibre du monde s’est arrêté : trafic aérien perturbé, activités touristiques ralenties, risque supplémentaire d’augmentation des billets d’avion. En plus, sur le plan intérieur, Américains et Britanniques ont découvert la vulnérabilité des deux pays qui se vantaient, jusque-là, d’être les meilleurs remparts contre le terrorisme. Malgré leurs armes intelligentes et leurs satellites espion, l’alerte aux attentats est venue du Pakistan.

Tout cela par la faute de dirigeants arc-boutés sur la raideur de leur raisonnement et de leur conception des rapports entre nations selon lesquelles certaines sont destinées à dominer et d’autres à être sous tutelle. En voulant combattre le terrorisme, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne se comportent-ils pas, à leur tour, en terroristes d’Etat et ne confirment-ils pas ainsi l’affirmation selon laquelle les nations prétendument civilisées sont aussi voisines de la barbarie que le fer poli l’est à la rouille.

En voulant combattre le terrorisme international, il faut dire que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se comportent en véritables sponsors de ces violences. Les deux pays ne se trompent-ils pas en voulant se conduire comme la seule forteresse contre le terrorisme ? Tant qu’ils n’auront pas cessé d’exhumer cette survivance obsolète d’un passé colonial résiduel et révolu, les deux nations risquent d’embarquer le monde entier dans une tourmente aux conséquences dramatiques.

Le Pays

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