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Attentats manqués en Grande Bretagne : Si le toutou arrêtait de lécher les bottes de son maître...

Publié le lundi 14 août 2006 à 07h36min

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Depuis jeudi dernier, l’information fait les choux gras de tous les médias ; on en parle et en reparle et chaque chaîne d’information auditionne son meilleur « spécialiste » en la matière.

Que raconte-t-on ? Que des terroristes estampillés Al Qaeda préparaient, à partir du territoire britannique, l’explosion d’une bonne dizaine d’avions à destination de New York, de Washington et de la Californie, à l’aide d’explosifs liquides dissimulés dans les bagages en cabine. Dans tous les aéroports occidentaux, chacun y va de son alerte rouge, de son plan vigipirate ou de son petit topo antiterroriste. Dans le pays qui est censé être l’épicentre, à savoir la Grande-Bretagne, ce sont des mesures de sécurité drastiques et qui frisent le ridicule.

A la fouille corporelle à 100% des passagers et aux mesures visuelles de sécurité sont désormais associés d’autres interdits comme les bagages à mains, les produits liquides et les appareils électroniques. Même dans le lait de biberon de votre nourrisson, on pourrait déceler de la nitroglycérine. En somme, un chaos dans les aéroports.

Pendant que l’angoisse des voyageurs atteignait son paroxysme aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, les deux chefs d’Etat de ces pays, Tony Blair et Georges Bush, continuaient leur bronzage quelque part. On peut penser que le « cousin » Georges, lui, n’était pas au courant de ce qui se tramait. Tel n’était pourtant pas le cas du locataire du 10, Downing Street à Londres. En effet, le premier ministre britannique avait été prévenu de la préparation de l’attentat, quarante-huit heures avant la population.

Cela ne l’a pas empêché d’aller en vacances. Curieux ! Déjà qu’une partie de l’opinion émettait des réserves sur la véracité du projet des terroristes, cette absence voulue de Tony Blair a fini par convaincre cette opinion-là qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Quoi ? On ne le sait trop. Pour elle, on ne peut pas avoir peur d’un attentat en préparation dans un cas seulement : quand on est sûr qu’il n’aura pas lieu. C’est vrai que cette affaire tombe à pic pour un chef de gouvernement vigoureusement contesté au sein de son propre parti pour son alignement aveugle sur la politique israélo-américaine au Liban et avant cela sur la politique yankee, en Irak, en Afghanistan.

En attendant la prochaine tentative de la multinationale du terrorisme, les sujets de Sa Gracieuse Majesté l’ont échappé belle. Mais ils ont beau inventer toutes les parades sécuritaires, il faut bien qu’ils se rendent à l’évidence que les terroristes ne les laisseront pas en paix, tant que leurs gouvernants n’auront pas stoppé leur alignement systématique derrière le Nouveau monde. Une relation qui date de longtemps et qui a fait que l’Ancien Empire s’est toujours mis à dos une bonne partie de l’opinion internationale. Il paraît que les sujets de Sa Gracieuse Majesté appellent cette idylle avec leurs cousins d’Amérique « Special relations ».

A ce propos, Winston Churchil, un pur produit anglais, avait déjà prévenu en ces termes : « A chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous choisirons le grand large ». Une relation asymétrique qui contraint le pays de la reine Elisabeth à toujours sacrifier ses autres centres d’intérêts, comme s’il était devenu le 53e Etat de l’Union. Pendant qu’on y est, le président vénézuélien, Hugo Chavez, qui avait traité Vicente Fox, ancien chef de l’Etat mexicain, de « toutou » des Américains, devrait revoir sa copie en y ajoutant le nom de Blair.

En effet, depuis l’épopée de Bush père, la nette impression qui se dégage est que l’ancienne puissance coloniale entre dans le jeu (souvent dangereux) de l’Oncle Sam, au mépris du gain politique, économique et social. Qu’a gagné la Grande-Bretagne dans sa participation aux agressions de l’Afghanistan, de l’Irak et dans sa position affichée sur le problème palestinien ? Pas grand-chose si ce n’est l’insécurité chez elle produite même par ses propres ressortissants, même s’ils sont Pakistanais ou Maghrébin d’origine.

Jusqu’à une époque très récente pourtant, la Grande-Bretagne était considérée comme un paradis (sur terre) pour les pratiquants de différentes obédiences religieuses, particulièrement pour les Mahométans, à telle enseigne qu’on avait fini par (re)baptiser London Londonistan.

Ce pays était même un refuge pour des personnes recherchées par les gouvernants. Depuis le fameux projet anglo-américain de lutte contre « l’Axe du mal », il est presque aussi dangereux d’être un barbu et de vivre à Londres, que dans une banlieue de Tel Aviv aujourd’hui. Le hic est que si vous portez un blouson à côté d’une rame de métro, les fins limiers de Scotland Yard, qui ont été formés à la bonne école américaine, font vite de vous trouer la peau.

Ce n’est qu’après coup qu’ils se rendent compte que vous étiez en fait un pauvre brésilien qui avait froid. D’ailleurs, les arrestations sont le plus souvent basées sur l’apparence physique (c’est ce qu’on appelle le délit de faciès) plutôt que sur un travail de renseignement. En tout cas, le summum de l’insécurité est atteint aujourd’hui au pays de Blair. Côté Anglais pur bacon, c’est la psychose et chez les musulmans qui y vivent, c’est la stigmatisation et le malaise.

Et puis ces soi-disant terroristes ont beau être d’origine pakistanaise, ils restent avant tout des sujets britanniques. Au lieu donc d’installer les uns et les autres dans cette paranoïa trouillardesque, le toutou devrait arrêter de lécher les bottes à son maître à tout vent. Il a tout à gagner. Le contenu de sa gamelle ne s’en porterait que mieux et comme à la bonne vieille époque, Londres ne serait plus reconnaissable qu’à son brouillard et à la tranquillité de sa « City », le centre des affaires, au lieu de toujours être dans la ligne de mire des intégristes simplement parce qu’elle est rangée derrière Washington au point de ne plus avoir de personnalité propre.

Observateur Paalga

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