Il est 19h 15 ce samedi 12 août 2006 quand les quatre candidats (Ousmane Nacro, Hamado Ouédraogo, Célestin Samandoulgou et Mme Somkinda Traoré), sur les cinq candidats desquels sortira l’unique représentant de la société civile à la CENI claquent avec leurs électeurs la porte de la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale (MAECR).

Moussa Michel Tapsoba, président sortant de la CENI et candidat à sa propre succession a été réélu comme seul porte-parole des ONG et associations de promotion et de défense des droits humains (issues de la société civile), les autres prétendants s’étant désisté in-extremis. Ousmane Nacro, au nom des candidats désistants a souhaité le report de l’élection, au regard d’un certain nombre de faits, d’irrégularités et d’insuffisances constatés dans le fichier électoral en vue de l’assainir.

De fait, il est d’avis que toutes les associations sont issues de la société civile, mais n’ont pas toujours l’ambition de promotion et de défense des droits humains (à l’instar des associations des éleveurs de volaille, des bouchers, des ressortissants du Namentenga, des reporters photographes, des dolotières...).

La composante « Droits humains » ne faisant donc pas l’unamité entre les candidats a obligé le Pr Augustin Loada du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) en sa qualité de facilitateur de ces élections à intervenir pour faire baisser les tensions. « Nous sommes soumis à une obligation de résultat avant le lundi 14 août 2006. Nous ne sommes pas responsables du climat actuel qui caractérise les élections », nous n’avions pas le pouvoir de refouler ceux qui venaient s’inscrire à titre individuel ou collectif et il nous est impossible d’assainir le fichier actuellement ». « Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) tient mordicus à ce que le nom du représentant de la société civile à la CENI soit connu dès le lundi 14 août, délai de rigueur », a renchéri Jonas Hien de la Cellule nationale de la société civile. Mme Somkinta Traoré, la seule femme candidate dit être confuse sur ce qui se passe car elle ne sait pas clairement les critères d’éligibilité des associations, toutes se réclamant défenseurs des droits de l’homme. Moussa Michel Tapsoba pour sa part, affirme être absent quant « les choses » se décidaient et ignore les critères d’éligibilité des associations. Le Pr Loada, visiblement dépassé a appelé en vain à la tolérance et au respect réciproques des 516 votants (représentants le nombre d’associations individuelles et collectives inscrites pour ces élections). En rappel, un répertoire de 114 associations (à composante droits humains) favorable à tous les prétendants avait été communiqué par le ministère de la Promotion des Droits humains (MPDH). Seulement, cette liste a été revue à la hausse à l’issue de la concertation du mercredi 09 août dernier entre le MATD et les candidats. Selon M. Nacro, ce surplus de 402 associations a favorisé l’émergence arbitraire et spectaculaire d’associations, toutes subitement conscientes des droits de l’homme et, l’acheminement massif à Ouagadougou d’électeurs passifs à bord de cars venant de villages très reculés.

Malgré le désaccord entre représentants de la société civile, les élections ont eu lieu et tourné à l’avantage de Moussa Michel Tapsoba.

Le président sortant de la CENI a totalisé 226. Samandoulgou Lokré, Ousmane Nacro et Mme Traoré, malgré leur boycott ont totalisé respectivement 9 voix, 4 voix, 1 voix et 0 voix.

Antoine DABILGOU (negro1er@yahoo.fr)<br
Abdoul Rasmané ZONGO (Stagiaire)

Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI : Je suis candidat à un nouveau mandat

A l’issu de ces « élections mouvementées » pour le choix du représentant de la société civile dans le collège des commissions de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Sidwaya s’est entretenu au téléphone avec le président sortant de cette institution.

Moussa Michel Tapsoba confirme sa candidature pour un nouveau mandat à la présidence de la CENI. « La société civile a porté sa confiance en moi pour la représenter à la CENI et a proposé ma candidature pour un nouveau mandat de président. J’en suis honoré et c’est pourquoi je puis vous affirmer que je suis candidat à un nouveau mandat de « président de la CENI ».

En ce qui concerne l’atmosphère dans laquelle cette élection s’est passée, je crois qu’elle confirme que le choix des représentants de nos structures au sein de la CENI ne doit pas se faire par la voix des élections. D’autant plus que cette voix donne parfois lieu au jeu du clientélisme. On peut en venir si l’on y prend garde, à élire des « aventuriers ». Or, la CENI doit être le fait de professionnels, de gens compétents et capables. Toute chose qui devrait alors contribuer au renforcement du processus démocratique en cours au Burkina.

Ibrahim SAKANDE (ibra.sak.@caramail.com)

Sidwaya