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Humeur : Quelles vacances pour nos enfants ?

Publié le vendredi 11 août 2006 à 07h17min

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Présentement à Ouagadougou et un peu partout à travers le Burkina, les élèves passent les vacances scolaires. Chacun occupe son temps comme il l’entend, en attendant la reprise prochaine des classes. Si certaines occupations sont jugées saines et profitables, d’autres par contre, selon l’auteur du texte ci-dessous, sont perverses et interpellent la vigilance des parents.

La plupart des établissements d’enseignement sont fermés pour cause de vacances scolaires, et les principaux locataires, c’est-à-dire les élèves, sont remis à leurs familles respectives. Les résultats ont été bons ou mauvais selon le travail que chacun a fourni, car on récolte toujours ce que l’on a semé.

Dans certaines familles, les vacances sont une occasion de remise à niveau pour les enfants afin de rattraper les retards scolaires par des cours de vacances. Pour d’autres, c’est une occasion de voyages, de travaux champêtres, de petits travaux saisonniers et de petit commerce pour préparer la rentrée prochaine.

Cependant, force est de constater qu’il y a des familles où les enfants sont laissés à eux-mêmes et tout cela est motivé par les différentes occupations des parents. Ce qui est dommage dans ces familles, c’est que les parents se disent intellectuels et chacun est préoccupé par son travail ; conséquence, les enfants sont obligés de se créer des activités pour s’occuper.

De quelles activités s’agit-il ?

Je ne réfute pas que les films soient une source d’apprentissage, mais de quel apprentissage s’agit-il ?

L’activité majeure de ces enfants est de suivre les films du matin au soir. Cela est favorisé par la vulgarisation des films sur support vidéo (CD, DVD, VCD) que les enfants se passent entre eux ou achètent à vil prix. Les genres de films qui constituent le passe-temps de ces enfants n’ont généralement aucune portée didactique. Ce sont pour la plupart, des films de violence et de nature érotique.

Risque de dépendance ou autres risques...

Les enfants qui s’adonnent au monde virtuel (films et autres images) à longueur de journée risquent une dépendance et une réduction de leur capacité de socialisation. Aussi, la dépendance aux images a pour conséquence, des privations de sommeil pourtant nécessaire aux développements cognitif (Perception, mémoire et langage), psychologique et physiologique des enfants.

L’un des dangers est que certains enfants ayant amorcé le stade de l’adolescence demandent une attention particulière car ils développent des crises (rejet des parents, incompréhension de la société, de l’image de soi...)

Selon la psychanalyse freudienne, le développement cognitif de l’Homme est fait d’étapes dont : le passage de l’enfance à l’adolescence. Le passage d’une étape à une autre nécessite un deuil symbolique, c’est-à-dire que pour être adulte, l’adolescent tue symboliquement ses parents.

Autrement dit, la vie est une succession de deuils, ou si vous voulez de perte d’objets d’amour (perte du statut d’enfance, d’adolescence, d’adulte...). Arrêtons-nous sur l’adolescence pour montrer son niveau de fragilité, de son besoin d’attention, de compréhension et d’orientation des parents.

Ainsi, il faut noter que l’adolescence est une période capitale dans la vie, c’est un stade où l’enfant décroche de l’image parentale pour rechercher un modèle social, une référence ou un idéal. C’est également une période où l’enfant est en quête d’authenticité, à la recherche d’une structure pour projeter ses espoirs, ses fantasmes.

C’est ce qui explique l’investissement ou le recrutement combien facile des enfants par les sectes, les bandes, la délinquance, la toxicomanie, la rébellion et autres . Colette CHILAND disait dans son ouvrage "L’entretien clinique avec l’adolescent" que "L’adolescent a besoin de s’identifier à ses parents pour construire son identité, si les parents confirment par leurs conduites inadéquates, l’adolescent doit se tourner ailleurs vers les idéaux religieux ou politiques, vers les groupes de pairs..."

Aussi, l’enfant ayant sa personnalité en construction et exposé aux images violentes est enclin à un conditionnement pour le reste de sa vie. De même, l’adulte qui s’adonne aux images (feuilletons et autres ) reçoit un renforcement . En somme, faisons très attention et sachons consacrer du temps à nos enfants sinon nous fabriquerons la violence dans nos familles pour l’exporter dans la société.

Quels cadres pour occuper nos enfants ?

L’un des besoins fondamentaux de l’enfant est de se sentir en sécurité, aux côtés des parents ou des tuteurs de résilience pour ceux dont les parents sont absents. Cependant, le temps où les parents employaient les contes et les poèmes moralisateurs pour tenter de contrôler la conduite de leurs enfants étant révolu, les parents doivent être regardants sur les programmes de télévision, sélectionner les films à regarder, et surtout filtrer quelquefois les fréquentations de l’enfant.

Les parents doivent aménager également leur temps afin de transmettre toutes les valeurs aux enfants et jouer leur rôle, car il ne suffit pas d’avoir un ordinateur pour dire qu’on est informaticien ou de garnir sa bibliothèque pour dire qu’on est intelligent. C’est dire que l’enfant a besoin de l’affection de la maman (symbole de tendresse et d’amour) et tantôt de la censure du papa (symbole de l’autorité) pour devenir un être harmonieux et pondéré dans sa vie et dans la société.

Des colonies de vacances (attention au mercantilisme), les abonnements en bibliothèques, les jeux, les camps de scoutisme et de CV/AV (Cœurs vaillants et Ames vaillantes) sont de véritables cadres d’éducation, de culture et d’apprentissage pour les enfants.

Les ministères en charge de l’Education (enseignement pour le moment), du tourisme doivent organiser des randonnées sur les sites touristiques du Burkina à des coûts accessibles avec pour objectifs : l’inculturation des enfants par l’apprentissage de leur histoire et à la découverte des valeurs du Burkina.

L’apprentissage de métiers, de bricolages, donnera des aptitudes, des connaissances procédurales, c’est-à-dire le savoir- faire aux enfants, véritable gage des pays émergents ayant apprivoisé la science, la technique et la technologie. Exemple à prendre par le Burkina qui est surtout riche de par son capital humain.

Jean-Marie Sawadogo

Psychologue de formation

En service à la DEP/MESSRS

Observateur Paalga

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