C’est à 13 h 15 que l’élection du maire de Kokologho a eu lieu, mais il y a des problèmes. En apprenant cela nous sautons dans un car direction Kokologho. A 14h30, nous arrivons à la préfecture de cette commune rurale, lieu des élections.

Nous apercevons un attroupement. Un homme au milieu, s’adressait à la foule. Non loin d’eux, près de la salle de vote, des policiers et des gendarmes, armes au poing, veillaient.

Nous nous rendons vite compte que l’attroupement était formé par les militants de l’Alliance pour la démocratie, le développement et le progrès (ADDP), le parti de Michel Nana. Ils manifestaient leur joie. Celui qui leur parlait, Guissou Grégoire est un membre du bureau national du parti. Il tentait de calmer les militants en leur demandant d’éviter la provocation. « Vous pouvez manifester votre joie, mais n’insultez et ne provoquez personne » leur disait-il. Ces paroles étaient souvent interrompues par des cris de joie et des acclamations. Nous avons compris que les votes étaient finis et que l’ADDP avait remporté. Nous pénétrons dans la salle pour mieux comprendre. Il n’y avait que quelques conseillers ; ceux de l’ADDP. Nous nous approchons du préfet pour avoir les résultats des votes. Il nous renvoie aux responsables de l’ADDP.

C’est effectivement avec un de l’ADDP que nous avons appris que le parti a remporté tous les postes. Le maire est Mme Marie Madeleine Nana. Elle est attachée de santé au centre médical de Samandin à Ouaga et est l’épouse du président du parti.

On nous fait savoir également que le CDP a boycotté les votes. Pour quelles raisons ? Réponse : la veille le CDP et l’ADDP sont entrés en concertation jusqu’à 4h du matin. Le CDP voulait trois postes dans le conseil communal. L’ADDP ne voulait concéder que deux. Comme les discussions tiraient en longueur, l’ADDP cède et accorde les trois postes : le 2e adjoint au maire, le président de la commission Affaires générales, sociales et culturelles et un conseiller régional.

Mais, contre toute attente, nous fait-on savoir dans la salle de vote, lorsqu’il était question d’élire le premier adjoint au maire, l’ADDP présenta son candidat. Les conseillers CDP se rebiffent , protestent et quittent la salle et avec eux le conseiller UNDD. Le vote est suspendu un instant. Le préfet, dit-on, fait appel au haut-commissaire du Boulkiemdé qui, après avoir écouté, ordonne de continuer les votes. L’ADDP s’en sort donc avec tous les postes du conseil.

Joint au téléphone, un des conseillers CDP, Alexis Kaboré, nous explique que son parti avait posé des "conditions" aux responsables de l’ADDP. Mais elles n’ont pas été respectées par leur adversaire une fois dans la salle. Ce qui explique le boycott du scrutin par les conseillers CDP. De quelles conditions s’agit-il ? M. Kaboré, à cette question, nous renvoie aux responsables de l’ADDP avant d’ajouter que pour l’intérêt de la commune, chaque partie devrait faire des concessions afin que les personnes ressources de chaque parti soient présentes dans le bureau du conseil communal. Comme il n’en a pas été ainsi, notre parti a préféré se retirer, nous dit le conseiller CDP.

Les conseillers ADDP à leur sortie ont été triomphalement accueillis par leurs militants. Le maire a été conduit sous escorte jusqu’à destination. La configuration du conseil de Kokologho se présente ainsi : 13 conseillers pour l’ADDP, 10 pour le CDP et 1 pour l’UNDD.

Par Noraggo Paul HIRY

Le Pays