LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Côte d’Ivoire : La machine de nouveau grippée

Publié le jeudi 10 août 2006 à 07h52min

PARTAGER :                          

Soro et Gbagbo

La Côte d’Ivoire, quoi qu’on dise, est la locomotive de la sous-région. Grâce à elle, bien de pays arrivaient à s’en sortir. Mais depuis la crise ivoirienne, tout semble bloqué et tous les regards sont tournés vers New York où le cas ivoirien sera discuté à l’assemblée des Nations unies.

Mais véritablement, ce pays pourrait-il renouer avec la paix à l’issue de cette session ? Le scepticisme est permis, ce, d’autant plus qu’après tout ce qu’il nous a été donné de voir, personne n’est dupe.

On savait tous que l’élection présidentielle ivoirienne ne pouvait pas se tenir à bonne date, c’est-à-dire d’ici la fin octobre. Tout le monde en était conscient, à commencer par la communauté internationale et les protagonistes de la scène politique du pays d’Houphouët.

A part cela, le processus de sortie de crise semblait sur les rails surtout avec le début du déploiement de l’administration sur tout le territoire et les audiences foraines qui se tenaient çà et là dans le but d’identifier entre autres le corps électoral ivoirien.

Mais cette belle mécanique, qui laissait percevoir une issue heureuse à cette crise, s’est quelque peu enrayée suite à l’adresse que le président Laurent Koudou Gbagbo a faite à ses concitoyens le 6 août dernier à l’occasion de la fête de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire.

L’enfant terrible de Mama, s’enfermant dans un juridisme a, en effet, dénié aux audiences foraines la faculté de délivrer des certificats de nationalité tout en annonçant qu’il demeurerait toujours le chef de l’Etat si l’élection n’était pas organisée d’ici la fin octobre.

Il n’en fallait pas plus pour que les oppositions politique et armée montent au créneau pour crier au complot et dénoncer un changement des règles du jeu en cours de match.

Pour sa part, Guillaume Soro, le leader des Forces nouvelles (FN), a demandé à l’état-major des FN de suspendre leur participation au dialogue militaire concernant le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants.

En outre, Soro exige la mise en place d’un état-major intégré de transition incluant les rebelles et les forces loyalistes afin de permettre au Premier ministre de disposer d’un pouvoir militaire. Pour terminer, les FN demandent à Konan Banny de clarifier sa position face aux déclarations de Laurent Gbagbo.

Le moins que l’on puisse dire, est que cette sortie du chef de l’Etat était pour le moins inopportune, d’autant plus qu’elle remet en cause des compromis politiques conclus d’accord parties.

On se demande d’ailleurs pourquoi Gbagbo, qui sait pertinemment que l’ONU, comme l’a annoncé Kofi Annan, s’est octroyé le droit de décider, en septembre prochain, de qui occupera le poste de président au cas où l’élection ne se tiendrait pas à la date prévue, a eu une telle sortie.

Ce faisant, le mari de Simone se met à dos la communauté internationale, notamment l’ONU qui ne tardera pas à prendre position. Mais on se demande bien ce que cette ONU-là pourra faire concrètement contre Gbagbo, cet historien et stratège politique qui est passé maître dans l’art oratoire et excelle à la perfection dans la capacité de manipulation pour mieux conserver son poste et pour que ses partisans puissent, eux aussi, mieux profiter de la situation.

Avec cette déclaration du président ivoirien, on peut dire que le temps de grâce dont bénéficiait le Premier ministre ces derniers temps est bien terminé, déjà que les FN, qu’on soupçonnait de compter parmi ses amis, lui demandent de clarifier sa position.

Plus que jamais, le banquier doit déployer toute son intelligence pour recoller les morceaux, panser les plaies et dissiper la méfiance et la défiance que les propos du chef de l’Etat ont causés.

Depuis le 19 septembre 2002, Houphouët Boigny, le père de la Nation, ne finit pas de se retourner dans sa tombe en voyant ce qui se passe dans son pays, jadis terre de paix et d’hospitalité, lui qui disait avoir débroussaillé le terrain et qu’il ne restait plus qu’à ses successeurs de tracer le chemin qui mène à la paix et à la croissance économique.

Une fois de plus, il faut espérer que les différents protagonistes de cette crise, qui n’a que trop duré, reviendront à la raison pour taire leurs intérêts égoïstes au profit de l’intérêt général de la Côte d’Ivoire. Les populations laborieuses le leur revaudront.

Mais si d’ici fin octobre 2006 la paix ne se profilait pas à l’horizon, ne serait-il pas légitime de disqualifier l’actuelle classe politique ivoirienne, pour la remplacer des femmes et des hommes neufs... afin que l’ex-perle de l’Afrique retrouve son lustre d’antan ?

San Evariste Barro

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique