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Volte-face électorale

Publié le mercredi 9 août 2006 à 08h16min

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Les voies du seigneur sont impénétrables », dit l’adage populaire. Mais pour impénétrables l’on devrait de plus en plus regarder du côté de la classe politique burkinabé, opposition comme parti au pouvoir. Si cela ne tenait qu’à de la matière pour des analyses, les politologues, socio-politologues et autres analystes politiques se seraient servis.

Cela est d’autant plus vrai que beaucoup de politiciens au Burkina ont cette conception que la politique est un cimetière pour la morale. Les 28 et 30 juillet dernier, le groupe parlementaire Convention des Forces Républicaines (CFR) a organisé ses journées parlementaires à l’ABMACQ. Au cours de leurs travaux, ils ont réclamé la suppression pure et simple de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qu’il accuse de tous les péchés d’Israël.

Certes, cette rencontre a eu le mérite de poser certains problèmes spécifiques et inhérents à notre processus électoral mais il convient de relever que cela passe pour être un cataclysme psychologique.

L’on est encore mémoratif des jamborees, des hammers et autres voitures de luxe rutilantes que le parti au pouvoir a utilisés pour animer sa campagne présidentielle. Peut-on oublier ce luxe insultant que l’avant dernier pays du monde a utilisé pour défier les campagnes électorales de la plus grande puissance mondiale ? Peut-on oublier encore ces groupes et groupuscules politiques qui avaient opté de faire grossir l’électorat du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) en soutenant, qui le candidat, qui le programme politique ?

Si l’on a encore en mémoire le scénario électoral le plus faste et fastidieux de l’histoire politique du pays, comment ne reviendra-t-il pas à l’esprit de nombreux Burkinabé les visages de Toussaint Abel Coulibaly, chef de file des mouvanciers, de Salvador D. Yaméogo, de Cyril Goungounga et surtout de Gilbert Ouédraogo. Que l’on ne confonde pas, ce sont là les noms des bonzes de la mouvance présidentielle et non ceux du groupe parlementaire CFR.

Mais retenons toutefois, que 90% de ces personnes citées relèvent de la CFR. A l’époque de la présidentielle, pendant que certains candidats traitaient le fichier électoral de la CENI de « bordélique » ou encore d’inefficace, les chantres du culte de la personnalité et du « progrès continu... » ont observé comme jamais italien ne la fait, la loi de l’omerta. Ils ont observé, motus et bouche cousue, les critiques formulées par certains candidats.

Aujourd’hui, bien volontiers, il est reproché à la CENI d’avoir des listes électorales désuètes, un fichier électoral faussé depuis le recensement qui lui-même date et ne répond pas aux normes. En somme, sa suppression pure et simple et la reprise de l’organisation des élections par le ministère de l’Administration territorial et de la Décentralisation (MATD).

L’ère, on peut le dire, est revenu aujourd’hui au crucifie-la (la CENI s’entend). Il est vrai que la politique politicienne est le domaine par excellence de l’opportunisme, mais il sera bien difficile au groupe parlementaire CFR de faire avaler cette « couleuvre » au peuple.

Les législatives certes, se profilent à l’horizon lentement, mais il convient d’exiger plus de constance et de logique dans le raisonnement de nos politiques, sinon, ils continueront les oraisons funèbres de la morale par leurs agissements politiques.

Quand on sait que les journées parlementaires se sont déroulées sous l’onction du MATD à la fois juge et partie dans ce cas, il y a à prévoir la mort douce et lente de la CENI d’ici les législatives 2007. Ne dit-on pas « Qui veut manger son chien l’accuse de rage ? ».

Bendré

P.-S.

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Municipales 2006

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