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Affaire Norbert Zongo : Le non-lieu qui réveille le Collectif

Publié le mercredi 9 août 2006 à 08h28min

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Suite au non-lieu décerné à Marcel Kafando dans l’affaire Norbert Zongo, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques reprend du service et entend disposer ses troupes en ordre de bataille pour exiger la vérité et la justice sur le drame de Sapouy. C’est ce qui est ressorti des échanges que ses responsables ont eu avec la presse le 8 août 2006 à Ouagadougou.

Alors que certains observateurs de la scène politique nationale le disaient au bout du rouleau, le Collectif contre l’impunité, à la faveur du non-lieu dont a bénéficié Marcel Kafando, l’unique inculpé dans l’affaire Norbert Zongo, redonne de la voix. Dans une déclaration liminaire lue par le député Philippe Ouédraogo, président du mois du G-14 et de facto vice-président du Collectif, ce mouvement déplore que toute la mobilisation sociale consécutive à l’assassinat de Norbert Zongo ne connaisse aucun aboutissement en raison « de la carence du juge d’instruction ou des ruses et de l’habileté des assassins et des commanditaires ou pour les deux raisons à la fois ».

Pour le Pays réel, la justice burkinabè est simplement « incapable de trouver les assassins de Norbert » ou plutôt manque de volonté. La preuve est que « le juge Wenceslas Ilboudo a attendu pendant 5 longues années, guettant la moindre occasion pour disculper son inculpé ». Et ce doute, né « subitement dans l’esprit du témoin », a été « la bouée de sauvetage » à laquelle le juge s’est agrippé pour libérer Marcel, en permettant ainsi au pouvoir de la VIe République « de se débarrasser, à moindre frais, d’un dossier fort encombrant ».

Mais pour les camarades de lutte de Halidou Ouédraogo, « le pouvoir se berce d’illusions s’il croit pouvoir ainsi étouffer ce dossier de crime politique, car le peuple burkinabè ne l’acceptera jamais, et aucune prescription ne pourra empêcher de faire la lumière sur ce crime ».

C’est pour cela que le Collectif contre l’impunité continuera, « sans faiblir et sans reculer devant aucune menace, sa lutte », pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo, pour la satisfaction de sa plate-forme réactualisée et pour une véritable réforme de la justice afin de nous débarrasser de l’impunité érigée en système et qui fait tant de tort à notre pays. Pour ce faire, appel a été lancé à toutes les couches sociales du pays à « tenir fermement le flambeau de la lutte contre l’impunité, afin qu’ensemble, nous obtenions, en dépit de tous complots, la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, ainsi que pour toutes les autres victimes des crimes impunis ».

Plus de 7 ans après sa création, est-ce que le mouvement trop c’est trop est toujours mobilisateur ? Foi de son vice-président, Tolé Sagnon, le Collectif a démontré lors de la célébration des anniversaires du 13-Décembre 98 qu’il mobilise encore le peuple. Et le combat contre ce non-lieu se fera selon « les méthodes traditionnelles » de lutte du Collectif. Les citoyens du Pays réels doivent donc se tenir prêts pour répondre à d’éventuels mots d’ordre.

Me Bénéwendé Sankara, qui est un des avocats de la partie civile, a annoncé que c’est le 16 août 2006 que sera examiné l’appel qu’ils ont interjeté contre ce non-lieu. Si la chambre d’accusation de la cour d’appel confirme le non-lieu, alors le dossier restera au niveau du parquet même s’il y a toujours possibilité de faire un pourvoi en cassation puisque le pourvoi n’est pas suspensif. Alors l’avocat prévient que « techniquement, d’un point de vue judiciaire, si le 16 août l’appel est rejeté, il va être difficile à n’importe quel citoyen de pouvoir actionner pour la réouverture de ce dossier ».

Et quid d’Halidou Ouédraogo dans les futures luttes du Collectif ? Selon Henri Compaoré du MBDHP, la santé du président Halidou évolue positivement. Il récupère bien, mais sa maladie est telle qu’on doit lui éviter les activités musculaires intenses. Et Philippe Ouédraogo d’ajouter qu’Halidou « pourra prendra part à la lutte dès que sa santé le permettra ».

San Evariste Barro

Observateur Paalga

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 12 août 2006 à 12:43 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : Le non-lieu qui réveille le Collectif

    Même si l’affaire Norbert ZONGO ne ressemble pas aux autres affaires pénales, les règles de procédure pénale burkinabé lui restent applicables.
    Après l’examen de l’appel interjetté par la partie civile et dans l’hypothèse de la confirmation du non-lieu, il faut que les esprits se calment si nous voulons respecter le fonctionnement démocratique. Parler de carence du juge d’instruction ou de la ruse des prétendus commanditaires est un langage peu judiciaire que les auteurs de ces déclarations tonutriantes doivent se garder dans le respect du fonctionnement démocratique de notre pays ; D’ailleurs, mon Confrère, Me SANKARA l’a si bien compris qu’il a émis un avis éclairé en précisant que "techniquement, après la confirmation du non-lieu, même si un pourvoi est formé, la décision est exécutoire par provision c’est-à-dire non-suspensive... Pour une fois je lui tire mon chapeau pour son discours. A mon humble avis, l’’essentiel est de se tourner vers l’avenir car cette tragédie, à l’instar de la mort de SANKARA nous a fait avancer démocratiquement. La mort du père de Sankara et ce que lede cujus fut doit nous inciter à un peu plus de réflexion et de retenu. Un juriste pénaliste, observateur attentif de la vie politique au Burkina. Mon indentité n’est pas nécessaire. Mes idées doivent l’être.

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