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Justice au Burkina : Les femmes en noir refusent l’impunité

Publié le mardi 8 août 2006 à 08h44min

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Un mouvement de lutte contre l’impunité et l’oubli des différents crimes vient de naître. Il s’appelle les femmes en noir du Faso. Pour leur toute première sortie dans la presse, elles s’engagent à partir du 13 août prochain à se retrouver chaque dimanche sur la tombe de Norbert Zongo jusqu’à ce que la lumière soit faite sur son assassinat et celui de ses compagnons d’infortune.

Le Burkina Faso ne respecte pas comme il se doit, les droits de l’homme. Dans la région, il est parmi les cancres. Ça fait mal et ça fait honte. Robert Ménard le rappelait encore avec émotion et colère après ce non-lieu inique accordé à Marcel Kafando.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Blaise Compaoré, le pays a été, c’est un fait, constamment secoué par des crimes de sang. Le MBDHP ndlr : Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples en a recensé plus d’une centaine, ceci sans compter les exécutions extrajudiciaires et les crimes de torture, de guerre... auxquels le pouvoir a participé directement ou indirectement du fait de ses ingérences extérieures décriées. Les plus célèbres de ces martyrs du régime Compaoré ont pour noms Thomas Sankara, Henri Zongo, Jean¬-Baptiste Boukary Lingani, Guillaume Sessouma, Dabo Boukary, Oumarou Clément Ouédraogo, David Ouédraogo, Norbert Zongo...

En ce jour du 7 août 2006, nous, femmes signataires de la présente déclaration interpellative, avons décidé de créer un petit groupe qui, nous l’espérons, grossira pour dire au monde entier que nous refusons l’impunité et que nous n’accepterons jamais la seconde mort des suppliciés de Sapouy.

Il manifestera dès le dimanche 13 août, à 11 heures, et chaque dimanche suivant, sur la tombe du regretté Norbert Zongo (lui qui symbolise le plus tragiquement la lutte contre l’impunité puisqu’il a accepté en toute connaissance de cause, d’y sacrifier jusqu’à sa vie) (voir encadré). Si dans les 30 secteurs de Ouagadougou, rien qu’une femme fait ce pèlerinage dominical, nous arriverons, c’est certain, à briser le mur du silence. Nous espérons que, par solidarité avec leur confrère sacrifié, les journalistes accepteront de répercuter notre lutte.

L’impunité fait souffrir

L’impunité fait souffrir les êtres humains mais certainement plus les femmes, et c’est pour cela qu’elles se sont organisées depuis longtemps, de par le monde. Par exemple, en Argentine, à Cuba, en Israël, elles se sont coalisées pour demander vérité et justice pour leurs enfants, maris, proches, amis assassinés et aussi pour que l’oubli ne s’installe pas. A certains endroits, on les appelle les dames blanches, à d’autres les femmes en noir. Elles manifestent régulièrement dans les églises, les palais présidentiels et dans d’autres lieux publics. C’est cet exemple que nous, nous avons décidé de suivre en nous retrouvant pour lutter contre l’oubli et pour défendre la justice.

Femmes en noir du Faso, mariées ou non, jeunes ou non, mères ou non, retrouvons-nous chaque dimanche en face de Norbert Zongo, qu’il pleuve, vente ou non. La manifestation ne durera que quelques minutes car nous vous savons très occupées ce jour-là.

L’idéal serait de porter une tenue noire, mais un foulard noir ou tout autre signe distinctif noir fera l’affaire.

A madame Monique Ilboudo, ministre de la Promotion des droits humains et à toutes les autorités du Burkina Faso, que nous interpellons ici, nous demandons de prendre en considération notre lutte par des mesures concrètes. Nous espérons le soutien de tous les mouvements de droits de l’homme mais aussi des Chancelleries, des partenaires au développement.

Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous lire, et à dimanche à 11 heures sur la tombe de Norbert Zongo, toutes ou partiellement vêtues de noir. Notre combat est juste, pacifique et noble. Tôt ou tard, et plus tôt que tard, il triomphera.

Ouagadougou, le 7 août 2006

Les femmes en noir du Faso qui refusent la fatalité

Pour le comité provisoire :
- Mme Rouamba née Zongo Georgette, sage-femme,(sœur de feu Norbert Zongo)
- Mme Sankara née Diasso Madeleine, belle-soeur de feu Thomas Sankara
- Mme Kaboré née Traoré Adama, épouse de feu sergent Kaboré Moussa
- Nassouri Ramatou,
- Mme Benon Babibié Yolande
- Somé Apolline
- Mme Zongo Martine, cousine de Mme Sayogo née Gombré Françoise


Sur la tombe de Norbert Zongo

Le Comité provisoire des femmes en noir du Faso informe l’opinion de sa constitution, ce jour lundi 7 août 2006, pour lutter pacifiquement contre l’impunité et l’outil de toutes les victimes du Faso.

Il vous transmet sa première déclaration et vous invite à vous rendre le dimanche 13 août 2006 à 11 heures sur la tombe de Norbert Zongo et ce tous les autres dimanches suivants, jusqu’à ce que le régime en place juge correctement les dossiers pendants.

Les femmes en noir du Faso qui refusent la fatalité

Le Pays

P.-S.

Lire le dossier :
Affaire Norbert Zongo

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