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Elections : Un débat sur l’avenir de la CENI s’impose

Publié le lundi 7 août 2006 à 08h15min

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Moussa Michel Tapsoba

En février 2006, nous nous sommes demandé à travers un écrit dans Sidwaya, pourquoi tant de critiques si acerbes sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI), cet organe dans lequel siègent entre autres, des représentants de partis politiques et de la société civile et dont l’objectif est l’organisation des consultations électorales.

Notre interrogation était née du report à trois reprises des municipales. Un report suivi de « lamentations » et de dénigrement quasi-quotidiens d’une institution qui est le produit d’une lutte collective et que les Burkinabè, dans leur ensemble, n’ont pas rejetée malgré ses failles, ses lacunes et ses difficultés de fonctionnement.

Ces derniers jours, la Commission électorale nationale indépendante est au centre de débats. Le problème de la suppression pure et simple de cette institution est posée, notamment par un groupe parlementaire, la Convention des forces républicaines. Ce groupe estime que la Commission électorale s’est montrée inefficace lors des dernières municipales. Le fichier électoral, à leurs yeux, n’était pas fiable. Les agents recenseurs n’étaient pas à la hauteur de leur mission. Les députés de la Convention des forces républicaines ont relevé qu’il y avait multiplicité des documents d’identification.

Les membres de la Commission électorale nationale indépendante, ont chaque fois que l’occasion le nécessite, fait leur autocritique. Et cela sans complaisance. Mieux que la seule autocritique, ils demandent à tous ceux qui peuvent les aider à améliorer le fonctionnement de leur organe de le faire.

Nous savons que les questions électorales sont importantes, voire stratégiques. C’est à travers elles qu’on peut juger de la qualité du système politique.

La Commission électorale nationale indépendante a une histoire. Elle est née, au Burkina Faso comme dans nombre de pays africains, de « l’incapacité » de l’administration publique à organiser des élections « libres, transparentes, régulières et « honnêtes ». Une « incapacité » due à sa « politisation », à ses « accointances » avec les dirigeants au pouvoir.

Ce jugement est en partie vraie pour certaines administrations mais demeure, en certains points, excessif. Rappelons pour mémoire, que l’élection présidentielle de 1978 à l’issue de laquelle le président Lamizana avait été mis en ballottage par Macaire Ouédraogo, un « inconnu », à l’époque du monde politique, avait été organisée par l’administration publique. L’histoire retient que c’est la première fois qu’un chef d’Etat africain en exercice a vécu une telle situation en Afrique.

Les commissions électorales indépendantes ne sont pas toujours une garantie pour des élections honnêtes. Les résultats du scrutin législatif de 1997 au Mali qui avait été pourtant organisé par une structure électorale indépendante avaient été annulés pour « irrégularités et fautes graves ».

La gestion des élections, disons-le, est complexe et technique. Notre Commission électorale nationale indépendante a besoin de l’expertise de l’administration publique, ne serait-ce que dans le recensement de la population, l’élaboration des listes électorales et (pourquoi pas) la distribution des cartes d’électeurs. Quoiqu’on dise, l’administration devrait demeurer le premier responsable du processus électoral.

A qui la faute si cette administration qui se doit par vocation d’être républicaine ne l’est pas ? Sans doute à toute la société. Chacun devrait agir dans le sens de la responsabilisation de cette administration. Pour ce faire, il faut compter avec le temps qui viendra à bout des pesanteurs socioculturelles.

Sans aller jusqu’à proposer que l’administration se substitue à la Commission nationale indépendante pour organiser désormais les élections, elle peut cependant aider par son expertise à mieux gérer les consultations.

En attendant que la culture démocratique s’enracine plus profondément, l’administration a un rôle à jouer dans l’organisation des élections. Néanmoins, pour la crédibilité de notre processus démocratique, il faut grandement ouvrir le débat sur la mission et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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