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Cuba : Le début de la fin ?

Publié le lundi 7 août 2006 à 07h48min

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Une intervention chirurgicale « complexe » due à une « crise intestinale aigue », telle est la raison de la délégation de pouvoir effectuée le 31 juillet 2006 dernier par le chef de l’Etat cubain, Fidel Castro, à son frère cadet Raul. Grande première depuis sa prise du pouvoir en 1959, l’annonce de cette nouvelle a suscité des réactions diverses dans l’Île et à travers le monde entier.

Ce n’était jamais arrivé depuis 1959, date historique du déferlement des partisans de Castro des collines de la Sierra Maestra pour renverser le dictateur Fulgencio Batista.

Le leader Maximo qui a subi le 31 juillet 2006 une intervention chirurgicale à l’intestin a été contraint de confier les rênes du pouvoir à son cadet Raul, son successeur désigné. L’annonce de cette nouvelle, si elle a été source de tristesse et de désolation dans le camp castriste à Cuba, n’a pas manqué, a contrario, de susciter des scènes de liesse, notamment dans les bastions des exilés cubains en Floride.

En effet, les milliers de Cubains ayant été obligés de quitter l’Île pour rejoindre les Etats-Unis sous la répression du régime Castro, s’impatientent depuis longtemps de voir la fin du « règne ». Et cette nouvelle qui tombe à quelques jours des 80 ans du leader Maximo sonne comme le « début de la fin ».

Il n’en fallait donc pas plus pour que ceux-ci laissent exploser leur joie de voir enfin se réaliser « la solution biologique », à l’énigme Castro à laquelle tout le monde avait fini par se résoudre. En tête des heureux de cette nouvelle, se trouve bien entendu le grand ennemi américain.

Lui qui a usé de toutes sortes de pièges et manèges possibles pour mettre fin aux tendances nationalistes du « commandante » sans succès.

Son tempérament d’éternel conquérant et sa réputation d’ »immortel », avaient fini par « désillusionner » ses adversaires qui semblent s’en remettre donc à cette solution biologique qui tarde à venir. Son virage à gauche après sa prise du pouvoir sans la bénédiction des Etats-Unis ne lui a jamais été pardonné par ceux-ci. Cependant, grâce à une endurance et à une tenacité dont lui seul a le secret, Castro a pu résister à travers le temps et a vu se succéder dix (10) présidents à la Maison blanche. Depuis la baie des cochons en 1961 en passant pas l’embargo commercial et les innombrables tentatives d’assassinat, Fidel Castro a toujours fait figure d’invincible et trône allègrement au sommet des recordmen mondiaux de la longévité au pouvoir. Vêtu de son éternel uniforme vert olive, Fidel Castro, l’homme des longs discours « guerriers » de plusieurs heures, montrait depuis quelques temps des signes d’une santé chancelante, d’une fin imminente, avec ses apparitions en public qui se faisaient de plus en plus rares, au point de devenir exceptionnelles en présence d’invités étrangers. Malgré les efforts des cameramen de la télévision nationale cubaine, chacun pouvait voir combien ses mains tremblaient et combien sa démarche était hésitante. Sa santé fait l’objet de spéculations depuis qu’il s’est évanoui lors d’un discours en 2001 ; ses mouvements aussi ont pris un coup depuis 2004 où il avait trébuché pendant un discours, se fracturant un genou et un bras.

Espoirs et craintes

A moins de rééditer l’épisode de 2001 où tout le monde pronostiquait la fin politique de Castro après plusieurs jours de « coma » qu’il avait fini par vaincre au grand désarroi de ses détracteurs, cette délégation de pouvoir à Cuba sonne l’alternance sur l’Île. Au-delà des réactions immédiates que l’état de santé actuel de Castro peut susciter chez les uns et les autres, la question de fond que pose cette situation reste à n’en point douter, celle de sa succession, comment envisager sereinement l’après Castro ?

Bien entendu, le fait d’avoir passé provisoirement la main à son cadet ne peut constituer une réponse adéquate. A ce sujet d’ailleurs, le ton semble déjà donné. En effet, nombre d’opposants au régime se sont déjà prononcés contre ce qu’ils qualifient de succession dynastique et anti-démocratique à laquelle il faut s’opposer avec la dernière énergie. C’est dire que si un vide politique s’installe à Cuba, les tensions risquent de resurgir. Les dissidents craignant que les gouvernants ne soient sur la défensive et renforcent leur intransigeance.

L’activiste Manuel Cuesta Morua, farouche et irréductible anti-castriste a déjà estimé que Cuba devrait pouvoir, à travers cette occasion, passer à une direction plus rationnelle. Quant au président de l’organisation paramilitaire américano-cubaine « Alpha 66 » Ernesto Diaz Rodriguez, il a indiqué que le peuple cubain ne peut accepter pendant longtemps la nomination de Raul à la tête du gouvernement. Vivement qu’une formule bienveillante soit trouvée pour éviter à ce pays des lendemains sombres.

Ladji BAMA (yacoubama_byl@hotmail.com),
(Stagiaire)


Biographie politique de Fidel Castro

- 13 août 1926 : naissance, à Biran (Sud-Est de Cuba)

- 1931-1945 : Etudes chez les jésuites, puis droit à La Havane

- 10 mars 1945 : Formation d’un mouvement armé clandestin en réaction au coup d’Etat du général Fulgencio Batista

- 26 juillet 1953 : Assaut contre la caserne de la Moncada. Castro est capturé le 1er août et condamné à 15 ans de prison.

- Mai- juillet 1955 : Amnistié par Batista, il gagne le Mexique, où s’est déjà exilé son frère Raul

- 9 juillet 1955 : Rencontre avec l’argentin Ernesto « Che » Guevara

- 2 décembre 1956 : Débarquement désastreux du Yacht Granma à Cuba avec 81 hommes, affrontement avec l’armée. Il gagne la Sierra Maestra avec 16 rescapés

- 1958 : Echec de la répression gouvernementale

- 31 décembre 1958-1er janvier 1959 : Batista s’enfuit à l’étranger

- 8 janvier 1959 : Entrée triomphale dans la capitale.

- Avril 1959 : Tournée aux Etats-Unis, où il assure n’être pas communiste.

- 8 mai 1960 : Relations diplomatiques avec l’Union Soviétique

- 16 avril 1961 : Castro proclame le « caractère socialiste » de sa révolution

- 17 avril 1961 : Défaite de 1 400 anti-castristes débarqués dans la baie des cochons

- 22-28 octobre 1962 : « Crise des missiles » entre Etats-Unis et Union Soviétique

- 2 octobre 1965 : Fonde le Parti communiste cubain

- 9 octobre 1967 : Mort de Guevara en Bolivie

- 28 janvier 1990 : Effondrement économique, à la suite de l’implosion du bloc Soviétique

- 27 juillet 1993 : Légalise le dollar et entrouvre l’économie

- 5 août 1994 : Première émeute à La Havane sous le régime castriste. 37 000 Cubains émigrent vers les Etats- Unis

- 21-28 janvier 1948 : Visite du pape

- 23 juin 2001 : Castro s’évanouit en public

- 18-20 mars 2003 : 75 dissidents arrêtés

- 20 octobre 2004 : A Santa Clara, il tombe et se fracture le genou gauche

- 31 juillet 2006 : A quelques jours de ses 80 ans, il fait annoncer qu’il a subi une opération chirurgicale « complexe » et délégue ses pouvoirs à son frère Raul.

Siwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 août 2006 à 12:35, par Pitoubicou En réponse à : > Cuba : Le début de la fin ?

    De toute facon, l’après Castro ne peut pas être pire que la période Castro !
    L’économie du pays est ruinée, le fossé économique entre les Castristes nantis et le peuple cubain n’a jamais été aussi grand !
    Les répressions sur les pauvres gens vont bon train.
    Pour exemple, des centaines de cubains sont en prison parce qu’ils ne travaillent (par manque d’opportunitée évidemment), ils représentent pour Castro et ses compères un "danger anti-social" !
    Castro a toujours proné la propagande pour l’image de son pays, pour les touriste Cuba est la terre révolutionnaire, la terre du Che, mais en réalité, il n’y a plus rien de tout ca sinon qu’une dictature faite par un papi de 80ans !
    Espérons que les grands de ce monde vont réagir et enfin laisser respirer le peuple cubain !
    La perte de Castro n’est vraiment pas une perte pour Cuba, bien au contraire !!!

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