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4-août 1983 : 23 ans après les sankaristes se souviennent

Publié le vendredi 4 août 2006 à 07h59min

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S’il y a des gens qui attachent du prix, et qui ne s’en cachent pas, à la révolution démocratique et populaire (RDP), c’est bien les sankaristes. La preuve nous est encore donnée en ce 23e anniversaire de la RDP à travers la déclaration du Front des forces sociales (FFS) et l’hommage du parti la Convergence de l’espoir.

Pour la première formation politique ci-dessus nommé, la classe dirigeante "est occupée à battre ses propres records d’opulence", et pour la seconde, elle est "un monstre qui promène sa tête hideuse".

Classe dirigeante burkinabè

"Elle est occupée à battre ses propres records d’opulence"

Le 4-Août 1983, alors que les braves populations de la capitale de la "Fière Volta" néocoloniale, qui ployaient sous le joug de l’impérialisme et des forces rétrogrades, s’apprêtaient à s’abandonner dans les bras de Morphée, elles étaient loin d’imaginer l’imminence des grands bouleversements qui allaient s’opérer. Cette nuit, qui ne devait en rien ressembler aux autres, devait effectivement voir la naissance historique de la Révolution démocratique et populaire (RDP), proclamée par le capitaine Thomas Sankara, Président du Conseil national de la révolution (C.N.R.), qui redonnait ainsi au peuple sa dignité.

Cette même nuit, le président SANKARA appelait le peuple entier à soutenir la révolution naissante et à constituer partout des Comités de défense de la révolution (CDR). Cet appel du leader charismatique fut reçu cinq sur cinq et le peuple s’organisa dès lors pour prendre en main sa propre destinée et faire siens les grands objectifs de la révolution, à savoir :
- Organiser la lutte contre les classes conservatrices modernes ;
- Lutter contre les survivances patriarcales et/ou de type féodal à la campagne et dans les villes ;
- Rompre la dépendance économique et financière ;
- Réaliser l’autosuffisance alimentaire ;
- Mettre l’éducation, la santé, le logement et l’emploi à la portée de tous, sinon du plus grand nombre ;
- Rompre la dépendance culturelle et revaloriser nos richesses nationales...

La stratégie de la terre brûlée

En quatre années de Révolution démocratique et populaire, plusieurs de ces objectifs furent atteints grâce à l’enthousiasme populaire et à la reconversion des mentalités qui s’est opérée chez le plus grand nombre de nos concitoyens. Ainsi, la prise de conscience d’une identité nationale, l’amour de la patrie et le respect de la chose publique... s’accompagnèrent d’un relèvement substantiel du Produit national brut (PNB), grâce notamment à des réalisations socio-économiques d’envergure.

D’autre part, la moralisation de la vie publique et l’auto-ajustement au plan économique ont permis au Burkina révolutionnaire de donner un bel exemple de bonne gouvernance à la communauté internationale. Une telle émancipation, venant de l’un des pays les plus pauvres et les plus soumis jadis, ne pouvait que provoquer ire et répression de la part de l’impérialisme, dont les valets locaux furent mis à contribution pour d’abord saborder le mouvement révolutionnaire de l’intérieur, et ensuite mettre fin à tout le processus par la liquidation pure et simple de son leader, dont l’aura avait du reste dépassé les frontières du pays, rebaptisé entre temps Burkina Faso, autrement dit « pays des hommes intègres ».

Depuis la boucherie du 15 octobre 1987, tous les stratagèmes ont été imaginés pour effacer à jamais de la mémoire collective nationale et même internationale tout ce qui a trait à la RDP et surtout au Président Thomas Sankara. Cette stratégie de la terre brûlée a consisté entre autres à hisser le vol, les détournements, la corruption, les assassinats politiques et l’impunité au rang de « hautes valeurs nationales », toutes choses qui avaient été victorieusement combattues en moins de quatre années de pratique révolutionnaire.

Mais elle a aussi consisté à rayer le 4-Août des grandes dates historiques de notre peuple (« à commémorer dans l’oubli et l’indifférence dans les bureaux, usines, champs... », disent les mauvaises langues). La réalité du Burkina Faso aujourd’hui, vingt-trois ans après l’avènement du 4-Août 1983, c’est d’abord un pays qui s’enfonce dans les profondeurs des classements mondiaux en matière de santé, d’éducation, de logement, bref de tout ce qui fait le vrai développement.

C’est aussi une société divisée en deux parties inégales, avec l’une, minoritaire en nombre, mais inversement proportionnelle en richesses colossales, le plus souvent honteusement acquises, et l’autre, la grande majorité, qui croupit dans la misère et la pauvreté les plus viles. C’est également un peuple qui a perdu tous ses repères en matière d’intégrité, d’amour de la patrie, de respect d’autrui et surtout de la vie humaine... C’est enfin une classe dirigeante inconsciente de l’avenir hypothéqué des générations futures, occupée qu’elle est à battre ses propres records d’opulence et autres orgies scandaleuses.

Rien ne s’octroie, tout se conquiert

Cette commémoration survient à un moment où la situation nationale est marquée par le passage en force du déni de justice dans la désormais historique « affaire Norbert ZONGO ». La juste colère de notre peuple suite à l’assassinat du journaliste émérite, voilà bientôt huit ans, n’aura pas suffi à ouvrir les yeux de la dynastie COMPAORE qui, au contraire, aura pris le temps de bien préparer le second assassinat de la victime héroïque.

En effet, le non-lieu décrété au profit de l’adjudant Marcel KAFANDO apparaît aujourd’hui comme une provocation pure et simple de l’ensemble des Burkinabé épris de justice. Ces millions de Burkinabè restés longtemps à la quête de la vérité et de la justice pour Norbert ZONGO et ses compagnons, pour le Président Thomas SANKARA et ses compagnons, pour toutes les autres victimes de la violence politique érigée en méthode de gouvernement, eh bien ! tous ces fantassins de la liberté sont aujourd’hui soufflés par l’ignominie de la situation, par la désinvolture du régime COMPAORE.

C’est pourquoi nous restons confiants quant à l’issue finale de toute cette cabale politico-juridique, qui verra la victoire du peuple organisé contre l’injustice et la tyrannie. Nous sommes confiants parce que nous savons que notre peuple SAIT. Et ce peuple est également conscient qu’en la matière, rien ne s’octroie, tout se conquiert !

Fort de cette certitude, le Front des forces sociales (F.F.S.), parti révolutionnaire sankariste, réaffirme sa totale adhésion à la lutte de notre peuple organisé dans le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, et appelle une fois de plus ses militants à une mobilisation consciente et conséquente au sein dudit collectif, pour arracher la vérité et la justice sur les assassinats du Président Thomas SANKARA, de Norbert ZONGO et de leurs compagnons d’infortune, ainsi que sur ceux de toutes les autres victimes de l’intolérance.

Camarades militantes et militants, chers compatriotes, la commémoration du 4-Août intervient dans un contexte international plus que jamais inquiétant. Ainsi, dans notre sous-région, la situation en Côte d’Ivoire reste préoccupante, en dépit des efforts consentis par les uns et les autres. C’est le lieu pour nous d’encourager une fois de plus nos frères ivoiriens à poursuivre leur quête inlassable de paix et de mieux-être dans la dignité.

Au Proche-Orient, comment ne pas condamner fermement les atrocités qui se commettent au Liban, où des enfants, des femmes, de pauvres victimes civiles innocentes sont la cible de la bêtise humaine et de l’orgueil ? Comment ne pas s’émouvoir de cette frilosité de la communauté internationale face à un drame aussi profond, elle qui se montre incapable de faire instaurer un cessez-le-feu immédiat des hostilités ? Nous souffrons le martyr avec les peuples libanais et palestiniens, et espérons avec eux que demain sera tout simplement BEAU.

A tous les Burkinabé engagés dans la lutte contre l’impunité, à tous ceux qui s’apprêtent une fois de plus à livrer bataille pour la vérité et la justice, à tous les peuples en lutte contre la pauvreté, contre la dictature et pour leur bonheur, nous voudrions rappeler cette affirmation forte du Président Thomas SANKARA : « Là où s’abat le découragement, s’élève la victoire des persévérants ! »

Bonne fête du 4-Août à tous et à toutes

F.F.S., PARTI DE L’ AVENIR !

Ouagadougou, le 04 août 2006

Le président national

Norbert Michel Tiendrébéogo


Convergence de l’espoir : "Le monstre promène sa tête hideuse"

Il y a 23 ans, un groupe de militaires et de civils, conscients et déterminés, décidaient de prendre le pouvoir dans notre pays et d’œuvrer dans le sens des intérêts du peuple. Quatre ans ont suffi pour changer le visage miséreux d’une Haute-Volta mendiante dont l’hymne proclamait la fierté.

La détermination de l’équipe dirigeante, appuyée par une dynamique collective exemplaire, a produit des résultats jamais égalés depuis lors. Ce sont ces succès qui effrayaient en son temps ceux qui voyaient en tout pouvoir politique, une source d’enrichissement et de bien-être personnels. Nous pouvons dire que la Révolution du 4-Août 1983 a été le socle de la plupart des succès qui ont nourri les espoirs de bonheur de notre peuple.

Des succès extraordinaires ont été enregistrés dans les domaines politique, économique, social, culturel, moral, etc. Et pourtant, les dirigeants du pouvoir actuels noieront cette expérience originale dans le sang, le 15 octobre 1987. Ils avaient justifié cette forfaiture en jugeant que la révolution que vivait notre peuple était trop molle et trop complaisante. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nos dirigeants s’offrent des indemnités et nos députés - représentants de notre peuple souffrant - se gratifient d’avantages similaires pour ce qui n’est réellement qu’un service populaire. L’ambiance dominante est au clientélisme, au laxisme, à la gabegie, à la corruption. On n’est pas là pour servir, mais pour se servir. Le mauvais exemple vient d’en haut.

Nous devons prendre conscience de la situation tragique

Aujourd’hui, le monstre promène sa tête hideuse au-dessus du Burkina et mord tout ce qui ne lui ressemble pas. Plus le temps passe, plus il fait des petits qui envahissent tous les rouages de notre vie quotidienne. La seule issue, pensons-nous, c’est la lutte. Nous devons prendre conscience de la situation tragique dans laquelle nous sommes par la faute du pouvoir en place et par nos lâchetés, et nous décider à nous battre. Nous devons cultiver l’espoir :
- par un travail d’explication auprès de tous ceux qui ne savent pas ou ne comprennent pas ;
- par un effort continu pour illustrer les valeurs qui tirent le Burkinabè vers le haut et non celles qui le précipitent dans la fange.

Chacun de nous doit se convaincre que nous pouvons avoir un président proche des réalités de son peuple, un président modeste, à l’image du quotidien du Burkinabè dont l’une des vertus est la simplicité. Un président qui ne fasse pas de l’appareil judiciaire un bouclier pour les assassins et autres criminels du même plumage.

Nous affirmons qu’il est possible de lutter efficacement contre la corruption, l’impunité, l’injustice, la gabegie, le laxisme, les crimes économiques et autres plaies de notre société. Nous sommes convaincus que nous pouvons améliorer la santé, l’éducation, le logement, la sécurité des Burkinabè si nous travaillons à mériter leur confiance. Cela a été possible sous la Révolution parce que la confiance régnait, malgré les erreurs et les fautes.

En ce jour anniversaire, nous voulons inviter le peuple burkinabè à se joindre à nous pour saluer cette grande œuvre qu’a été la Révolution d’août 1983. Pour rendre hommage à son premier responsable, le capitaine Thomas SANKARA, et à ses compagnons, notamment tous ceux qui ont payé de leur vie leur fidélité aux nobles idéaux qu’ils ont tout fait pour incarner. Hommage soit à toutes les victimes des régimes anti-populaires en Afrique et dans le monde. Cultivons l’espoir.

Pour le secrétariat exécutif

Le président

Jean-Hubert Bazié

L’Observateur

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