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Cinéma : Que des lauriers pour Issaka Sawadogo !

Publié le jeudi 3 août 2006 à 06h44min

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C’est le coup d’essai qui fut le coup de maître. Tout est parti d’une fortuite rencontre entre un jeune réalisateur belge Nicolas PROVOST et le comédien burkinabè Issaka SAWADOGO. A l’arrivée, un court métrage qui se révèle aujourd’hui être un chef d’œuvre puisqu’il ne cesse de rafler les récompenses internationales. Ce qui est tout à l’honneur de notre compatriote qui confirme l’adage qui dit que "nul n’est prophète chez soi".

Award du meilleur court métrage européen au Festival du film à Vendome en France en décembre 2004. Award du meilleur acteur au Festival du film de Vendôme en décembre 2004 également. Award du meilleur acteur du Festival du court métrage de Bruxelles en Belgique.

Grand prix du Asian inter short film festival, sélectionné comme seul film flamand au prestigieux et plus grand festival de court métrage au monde de Clermont-Ferrand en France en janvier 2005. Et le tout dernier né des lauriers a été reçu au Festival international du cinéma d’Abidjan en avril 2006 où Issaka a été consacré et s’est vu décerner le prix du meilleur acteur. Autant de grand sacre que cet homme de théâtre burkinabé a en l’espace de trois ans après son coup d’essai engrangé.

"Exoticore", c’est le titre du court métrage, un film de 35 mm Dolby SR Digital. C’est une fiction de 27 mns qui traite de la face cachée de la difficile intégration des étrangers toutes tendances confondues en Occident. Cette difficulté est encore plus criarde quand l’amour survient et que le couple est mixte comme dans Exoticore : un Africain qui tombe amoureux d’une Norvégienne. De cet amour et de l’union qui suivit, naquit une fille. Expatrié en Norvège avec sa femme, notre jeune Africain connaîtra la dure loi de l’intégration.

S’en suivent alors des contrariétés liées au manque de revenu, puis le divorce, et s’enchaîne alors la descente aux enfers. Comment revenir au pays ? Comment s’intégrer dans une communauté, un pays qui te rejette ? Au-delà de cet Africain (Issaka SAWADOGO) en disgrâce dans ce film c’est tout une peinture de la société occidentale, sournoise que Nicolas PROVOST a voulu dépeindre parce que cela ne concerne pas que les Africains. Car, à la vérité, le jeune réalisateur n’a fait que mettre sous bande, son histoire personnelle.

Celle d’un Belge en difficulté d’intégration en Norvège. Pour Issaka SAWADOGO, rien au départ du projet ne présageait d’un tel succès. Selon l’acteur, le réalisateur qui était à son premier essai, manquait d’argent. Le film a été tourné en 4 jours sans salaire pour tous les intervenants, mais en toute décontraction.

A suivre Nicolas PROVOST dans son scénario, l’étranger, quelle que soit la couleur de sa peau reste un moins que rien dans le pays de l’autre. Il est soumis à toutes les contraintes et à toutes les bestialités de la part de l’autochtone.

Le chef d’œuvre est un film fait pour choquer les consciences avec des scènes osées qui ne trahissent en rien la qualité artistique de l’œuvre encore moins le message qui veut être véhiculé. On murmure d’ailleurs que le film sera proposé au prochain FESPACO.

Qui est Issaka SAWADOGO ?

L’adage qui dit que nul n’est prophète chez soi s’applique bien à ce comédien qui a fait ses débuts au théâtre de la fraternité chez Jean-Pierre GUINGANE. Pas très connu du public burkinabè comme les M’Ba Boanga, Issaka SAWADOGO est pourtant un homme plein de ressources et très connu au plan international et dans le milieu culturel.

Il est l’un des pères fondateurs sinon le principal "guide" du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO). "Une façon à lui, a-t-il dit, d’apporter sa pierre à l’édifice culturel burkinabè". L’homme qui ne tarit pas d’hommage appuyé aux hommes de théâtre que sont : Jean-Pierre GUINGANE, Prospère COMPAORE, Amadou BOUROU, etc se révèle aujourd’hui au public burkinabè à travers les multiples sacres internationaux dont il bénéficie aujourd’hui.

En espérant que le film "Exoticore" puisse être retenu pour FESPACO 2007 pour le bonheur des cinéphiles burkinabè, l’on ne peut que souhaiter bon vent à Issaka SAWADOGO. Qu’il continue de porter haut le flambeau de la culture burkinabè car même dans la discrétion, la grandeur d’un homme apparaîtra un jour ou l’autre. Car l’efficacité dans la discrétion est toujours l’arme des forts.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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