LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Retour de Halidou Ouédraogo : Le « pays réel » retrouve son chef

Publié le mercredi 2 août 2006 à 07h50min

PARTAGER :                          

Halidou Ouédraogo le 31 juillet

Lundi 31 juillet dernier, après un peu plus de cinq mois d’absence du pays, le président du Collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques, Halidou Ouédraogo a regagné Ouagadougou. Un retour qui n’a pas manqué de susciter l’enthousiasme des militants malgré l’état physique de l’homme.

Si le retour du président Ouédraogo a été si médiatisé et a soulevé un espoir certain au sein des militants et sympathisants du Collectif, ce n’est pas tant « l’homme » Halidou (quoique) qui « intéresse » les uns et les autres, mais le symbole qu’il est devenu après une vie consacrée à la défense des plus déshérités et des causes justes.

Le jeune magistrat qu’il était à la fin de la décennie 70, fidèle à une culture politique dont on le dit très proche (suivez notre regard) n’a pas hésité à faire ses « humanités » à Gaoua, loin de la capitale et à une époque où la capitale du Poni était assimilée à une « brousse lointaine ».

C’est que ce jeune homme entier et quelque peu caractériel dérangeait le « système, » lui qui avait porté sur les fonts baptismaux en compagnie d’autres collègues, le Syndicat autonome des magistrats burkinabè (SAMAB) dont ils se servaient pour pourfendre les « tares » d’une justice taxée de partialité et de lenteur dans le traitement de certains dossiers.

C’est dire si l’homme avait déjà sa conception de la justice et une haute opinion de son métier (un sacerdoce à l’entendre) et que cette conception sera son principe directeur tout au long de sa carrière. Et si Halidou Ouédraogo, alors président des Tribunaux populaires de la révolution (TPR) n’a pas condamné à l’époque le général Sangoulé Lamizana, c’est que la voix du peuple l’avait déjà gracié. Pouvait-il aller contre celle-ci, malgré ses convictions politiques que peu de ses compatriotes comprenaient à cette époque révolutionnaire ?

On ne fait pas la Révolution sans le peuple et le « rouquin » l’a bien démontré à l’occasion. Il se heurtera du reste frontalement aux tenants de la Révolution démocratique et populaire (RDP) convaincu que ceux-ci « travestissaient » l’histoire. Contraint à prendre le « maquis », il ne retrouvera la lumière qu’à l’avènement de la Rectification et de Blaise Compaoré. L’on ne sait pas si ceci explique cela, car ses relations avec l’actuel chef de l’Etat sont toujours restées aigres-douces.

Dans son subconscient, Halidou Ouédraogo doit voir dans celui-ci, le n°2 du CNR en même temps que son libérateur. C’est ainsi que, s’il a été conseiller juridique de Blaise Compaoré, il n’a pas hésité à prendre la tête du Collectif créé consécutivement à la mort de notre confrère Norbert Zongo et qui regroupait les plus grands pourfendeurs de la IVe République.

Un combat pour la justice hélas entremêlé de considérations politiques cette fois, la « lutte » ayant tourné à certains moments à l’appel au coup d’Etat, malgré les gages de bonne foi donnés par le régime. Est-ce cette lutte « juridico-politique » harassante et stressante qui a eu raison de sa santé ? On ne saurait le dire, mais les pressions multiples, ainsi que les retournements de veste et autres coups bas, ont sans doute convaincu le militant des droits humains que la justice ici-bas n’est qu’une quête perpétuelle, voire un idéal.

Il reste à lui souhaiter un prompt rétablissement, pour qu’avec l’ensemble des hommes de bien, cette quête se poursuive pour le raffermissement de notre processus démocratique.

Boubakar SY (magnasy@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique