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Côte d’Ivoire : L’équilibre de la terreur pour arrêter les violences

Publié le lundi 31 juillet 2006 à 07h35min

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Les Jeunes Houphouëtistes ne veulent plus se laisser conter. En effet, ils viennent de rappeler aux Jeunes Patriotes, le bras séculier de Gbagbo et du FPI, qu’ils n’ont pas le monopole de l’occupation de la rue, de la vocifération, de la violence et du patriotisme. Message reçu et apparemment bien compris par la partie adverse.

Tout se passe comme si, brutalement, cette dernière avait avalé son courage qu’elle brandissait à l’époque où elle semait, encore tout récemment, la terreur dans toute la Côte d’Ivoire avec la bénédiction de parrains qui se servaient d’elle pour assouvir leurs intérêts foncièrement à courte vue.

Pour les Jeunes Houphouëtistes, désormais prêts à appliquer la loi du Talion, seule une sorte d’équilibre de la terreur constitue la seule alternative à même de forcer les autres à dialoguer. Ils ne se sont pas trompés, puisque Jeunes Patriotes et Jeunes Houphouëtistes se sont rencontrés le week-end dernier.

Si l’on en croit la presse ivoirienne, "les récents morts à Divo et à Bassam ont amené les leaders de l’Alliance patriotique et les Jeunes du RHDP, à fumer le calumet de la paix. Ils se sont retrouvés pour une discussion franche et fraternelle qui a débouché sur une déclaration commune : "l’arrêt immédiat des violences pour éviter à la Côte d’Ivoire, un autre Rwanda". Franchise et fraternité, deux vertus jusque-là ignorées par les protagonistes de la scène politique ivoirienne.

Si pour l’instant, le réalisme invite à la prudence et à ouvrir grandement les yeux sur tout ce qui se passe dans ce pays où les revirements sont spectaculaires du côté du pouvoir et n’incitent pas à un optimiste excessif, il faut reconnaître, cependant, que c’est la première fois que, de façon unitaire, les jeunes de toutes les chapelles parlent le même langage. C’est un signe que les choses peuvent évoluer dans le bon sens.

Même si les Jeunes Patriotes continuent à pourfendre les audiences foraines, le fait qu’avec les autres signataires, ils se soient mis d’accord pour réclamer un cadre de discussions en vue d’assurer plus de transparence au processus, est la preuve que les jeunes n’entendent plus laisser l’exclusivité du règlement de la crise ivoirienne entre les mains d’une classe politique qui, à maints égards, a montré la preuve de son incurie. De toute évidence, et à preuve du contraire, elle n’entend plus se laisser utiliser, en tant qu’avenir de la Côte d’Ivoire, comme instrument des égarements des politiciens professionnels.

Ce qui vient de se passer montre en tout cas que le ras-le-bol des Jeunes Houphouëtistes est en train de porter ses fruits. De quoi inspirer d’ailleurs la communauté Internationale, car les Jeunes Houphouëtistes viennent de prouver éloquement et efficacement, à leur manière, que seule la réponse du berger à la bergère peut entraîner le désarmement de ceux qui se sont abusivement autoproclamés généraux de la rue. En même temps, ils libèrent les Ivoiriens de la peur qu’ils avaient du simple énoncé du nom des Jeunes Patriotes.

Reste à savoir si la classe politique, doublée sur son propre terrain, va comprendre que ce sursaut pourrait porter la marque de son désaveu par la jeunesse. Ce n’est pas évident quand on sait que certains leaders continuent de distiller des propos guerriers et irresponsables. C’est le cas par exemple de Pascal Afi Nguessan, le patron du FPI, qui ne craint pas de cracher le venin de la haine en affirmant qu’il faut empêcher par tous les moyens (y compris la violence), la tenue des audiences foraines.

Visiblement, ces audiences constituent, pour le camp présidentiel, un risque puisqu’elles doivent inexorablement déboucher sur des élections. C’est pourquoi, il se focalise sur le sujet.

Peut-on continuer à suspecter l’adversaire de fraudes si on n’est pas soi-même mal intentionné ? Tout se passe comme si les audiences foraines étaient dirigées par les seuls représentants de l’opposition alors que l’omniprésence du parti au pouvoir et de l’Administration par préfets interposés (nommés par Gbagbo) est manifeste. Laurent Gbagbo transforme ainsi sa peur d’échouer à la prochaine présidentielle en véritable drame national. Une fois encore, va-t-il résister aux pressions de la communauté internationale qui, indéniablement, montre des signes de faiblesse à l’égard d’un pouvoir qui ne comprend que le langage de la force comme viennent de le prouver les Jeunes Houphouëtistes à l’égard des Jeunes Patriotes ?

Le Pays

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