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Bonnes vacances, Messieurs les ministres !

Publié le lundi 31 juillet 2006 à 07h50min

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Comme au mois d’août de chaque année, nos ministres seront en vacances. Et cela après un an de sacrifices, de travail, de dévouement à la cause de la Nation. Ces serviteurs du peuple iront se « reposer » avec, sans doute, la satisfaction du devoir accompli.

Certains de nos ministres iront en vacances peut-être pour mieux étudier leurs dossiers parce qu’il y a des chantiers à terminer et d’autres à ouvrir. En tous les cas, il faut bien un jour rendre compte de ce qu’on a réalisé même si on ne peut évaluer de manière chiffrée et visible, tous les résultats atteints.

Les populations veulent, elles, voir leurs conditions de vie s’améliorer aussi rapidement que possible. Ce n’est pas toujours le cas, malgré les efforts réels de l’Etat dans ce sens. La hausse vertigineuse du prix des hydrocarbures a aggravé la situation et a provoqué une grogne syndicale marquée cette année, par des grèves d’avertissement et des marches- meetings. Même s’il y a maintenant une relative accalmie sur le front syndical, la tension n’a pas beaucoup baissé. Le gouvernement doit évaluer les revendications syndicales à leur juste valeur pour éviter que la rentrée gouvernementale ne soit difficile. Parce qu’il faut, coûte que coûte, sauvegarder la paix sociale sans laquelle nombre d’acquis et de projets pourraient être bien remis en cause.

Et que dire du dossier Norbert Zongo, ce journaliste assassiné en décembre 1998 dans des conditions toujours non éclaircies qui fait couler toujours beaucoup d’encre et de salive dans certains milieux malgré le non-lieu du juge dans cette affaire ? Sur ce sujet délicat, chacun y va de son commentaire avec des risques de débordements qui pourraient porter préjudice à la manifestation de la vérité. On semble avoir vite oublié que c’est en grande partie, l’odieux assassinat de Norbert Zongo qui a été l’élément déclencheur de la journée nationale du Pardon du 30 mars 2001.

Au nom de l’Etat, le président du Faso, dans un discours émouvant et à la hauteur de la gravité de l’événement, a souhaité, ce jour-là, que les Burkinabè ne revivent plus une telle situation. Norbert Zongo dont on continuera, sans doute, à parler pendant longtemps, n’est pas mort pour rien. Le pouvoir qui a compris son message a entrepris des réformes politiques et différentes réparations morales et financières en faveur de nombreuses personnes. Malgré tout, le gouvernement qui s’en remet toujours à la justice dans ce cas comme dans bien d’autres, continuera sans doute à suivre ce dossier avec toute la charge émotionnelle et politique qui l’entoure. Il faut éviter ici comme ailleurs que la paix sociale ne soit troublée.

C’est à ce prix que la décentralisation à travers la communalisation intégrale pourrait réussir. Le gouvernement vient d’ouvrir là, un vaste chantier, une grande réforme politique qui déterminera l’avenir du pays. Ces derniers jours, les Burkinabè vivent au rythme des installations des maires des communes urbaines et rurales. Une tâche titanesque attend nos ministres qui, de retour de leurs vacances, devraient accompagner nos conseillers municipaux dans la gestion de communes dépourvues pour l’écrasante majorité d’entre elles, des infrastructures élémentaires. C’est un travail de longue haleine, en tout cas de nature à décourager rapidement ceux qui n’ont pas pris la mesure exacte de l’immensité de cette responsabilité ou qui n’y ont pas beaucoup cru.

Nos responsables en vacances tendront l’oreille vers l’extérieur pour suivre attentivement entre autres, l’évolution de la situation politique chez nos voisins de Côte d’Ivoire et les négociations intertogolaises dont le président du Faso a été désigné médiateur. Et que dire de la grippe aviaire dont on a cessé d’ailleurs de parler sans explication ? Et de l’insécurité qui persiste ? Des sujets qui ne laissent aucun ministre dormir tranquille, même en vacances.

Plus que toutes ces questions, c’est la saison hivernale qui est la principale préoccupation. Parce qu’elle échappe à l’emprise humaine. Une bonne saison agricole est une des conditions pour dresser des plans de développement et partant, lutter contre la pauvreté. Le contraire, c’est la catastrophe, donc la remise en cause des projets.

Bonnes vacances, tout de même, à nos ministres même si on sait qu’ils n’en ont vraiment pas !

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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