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Dialogue inter-togolais :Retour à la "présidence départ"

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 08h21min

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Le Président togolais, Faure Gnassingbé, ne semble pas suivre les pas de son père, le Général Eyadéma, décédé en février 2005.

En effet, depuis son accession au pouvoir après l’élection émaillée de violences et de contestations, du 24 avril 2005, Faure multiplie les gestes de compromis : formation d’un gouvernement de 33 membres dont 13 issus de l’opposition dite modérée, mise en place de commissions sur les violations des Droits de l’Homme et sur la réconciliation nationale, et ouverture d’un dialogue inter-Togolais, le 21 avril 2006, qui a abouti à un accord de base le 6 juillet, même si deux partis, notamment l’UFC de Gilchrist Olympio et le CDPA de Léopold Gnininvi, ont refusé de le signer, certains points querellés étant la composition de la CENI, le mode de scrutin et les conditions d’éligibilité à la présidence.

Face au blocage, les participants à ces pourparlers ont décidé de choisir un facilitateur parmi dix personnalités. Et c’est le Président du Faso, Blaise Compaoré, qui a été désigné pour les bons offices, comme en 1993. Treize ans après, le chef de l’Etat burkinabè reprend donc son bâton de pèlerin pour tenter de réconcilier les "frères togolais". En effet, en 1993, alors que la vie sociopolitique de ce pays frontalier était en ébullition, le Burkina Faso, à travers son président, avait permis d’arrêter un tant soit peu l’escalade de la violence. A l’époque, Me Hermann Yaméogo, alors ministre d’Etat, était le président du comité de suivi des accords. Mais, on le sait, cette médiation burkinabè n’a pas abouti, puisque le Président Eyadéma n’avait pas joué franc-jeu.

L’Union européenne avait alors mis fin à ses relations avec le Togo. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le Général disparu, son fils reprend l’initiative conformément à l’un des 22 engagements souscrits le 14 avril 2004 par le gouvernement togolais auprès de l’UE en vue de corriger le déficit démocratique ayant conduit à la suspension de la coopération depuis 1993.

Le nouveau facilitateur, Blaise Compaoré, l’un des doyens des chefs d’Etat de la sous-région, a de l’expérience en la matière pour avoir contribué à éteindre le feu dans d’autres conflits (rébellions Touareg au Niger et au Mali). C’est d’ailleurs avec la crise née de l’odieux assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune que l’enfant terrible de Ziniaré a perdu de son aura dans la résolution des crises.

Son envergure sous-régionale avait pris du plomb dans l’aile. Il fallait d’abord reprendre pied à la maison. Comme par hasard, huit ans plus tard, après que la justice eut classé les dossiers brûlants de Thomas Sankara et de Norbert Zongo, Blaise Compaoré, sollicité, reprend son bâton de pèlerin. On voit déjà des gens qui vont persifler. Car le chef de l’Etat burkinabè n’a pas fini de résoudre ses propres problèmes que le voilà engagé ailleurs pour ramener la paix.

Mais en réalité, rien n’est gagné d’avance. Il est vrai que Faure Gnassingbé, compte tenu de sa formation, pourrait faire mieux que son père, mais il reste tout de même l’otage d’un système, où il a grandi et qui l’a fait accéder au sommet de l’Etat. Alors, question : le retour à "la présidence départ" apportera-t-il les résultats escomptés ? Attendons de voir.

Adama Damiss Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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