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Pour un vrai partenariat entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 08h09min

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Le partenariat entre l’UE et l’Afrique de l’Ouest est ancré dans l’histoire et basé sur un engagement mutuel pour le développement. L’Accord de Cotonou, qui est la base de notre accord de coopération, constitue le cadre des négociations actuelles sur l’Accord de partenariat économique, l’APE.

Lors de la signature de l’Accord de Cotonou en 2000, nous avons décidé de négocier des accords de partenariat économique afin de dynamiser davantage nos relations commerciales et de promouvoir le développement. En effet, l’accord commercial existant, allant à l’encontre des réglementations de l’OMC, ses membres ont décidé que l’année 2008 serait la date limite pour le modifier. Cette date limite semblait bien lointaine à l’époque, mais elle se fait aujourd’hui de plus en plus pressante. A présent, le temps est venu pour nous de prendre des décisions difficiles et de redoubler d’efforts, afin de garantir que les nouveaux accords soient mis en place à temps pour promouvoir le développement de la région et du Burkina Faso en particulier.

Les APE s’appuient sur le principe de l’intégration régionale. Dès lors, il s’agira avant tout de renforcer les marchés locaux et de développer le commerce au sein-même de la région. Cela permettra à la fois de faciliter le commerce local et de rendre la région plus attractive aux yeux des investisseurs. L’APE permettra ensuite de renforcer les partenariats économiques entre ce marché régional et l’Union européenne et de libéraliser progressivement les relations commerciales entre ces derniers. Les économies ouest africaines pourront ainsi se diversifier, mettre un terme à leur dépendance vis-à-vis de l’accès préférentiel aux marchés et mieux s’intégrer dans l’économie mondiale.

Si nous nous engageons à contribuer à ces changements tout en évitant les écueils au sein de l’OMC, tels que les récentes “ affaires des bananes ”, il convient de libéraliser le commerce. Les barrières tarifaires seront levées sur le long terme, non pas du jour au lendemain, mais prudemment et progressivement, tout en tenant compte des besoins en développement de la région Afrique de l’Ouest.

Je suis conscient qu’il s’agit d’un sujet extrêmement sensible. Mais tout comme la nécessité de conciliation avec les réglementations de l’OMC, l’Asie et d’autres régions en développement ont démontré qu’une levée des barrières tarifaires minutieusement planifiée peut bénéficier aux consommateurs et aux entreprises locales qui ont besoin d’équipements, de matières premières et de pièces d’assemblage à bon marché.

Certains estiment que l’Union européenne force la main aux pays ACP en les obligeant à lever les barrières tarifaires pour inonder leurs marchés de produits européens bon marché. En réalité, le niveau de protection réel que ces barrières offrent aux produits des pays ACP est généralement plutôt faible. L’Union européenne ne cultive pas de produits tropicaux et l’agriculture ne représente que 7% de nos exportations vers les pays ACP. Les secteurs sensibles pourront être exclus de la négociation.

Un environnement commercial ouvert permettra, par ailleurs, d’attirer de nouveaux investisseurs de la région et aussi européens. Il est exact que dans de nombreux pays, les recettes étatiques sont en grande partie tributaires des taxes sur les importations. L’Union européenne est prête à soutenir les efforts des pays de la région Afrique de l’Ouest, afin d’opérer la transition des barrières tarifaires vers les recettes fiscales (TVA, droits d’accise et impôts sur les revenus) procédant directement de la stimulation du commerce et de la croissance.

Bien que le financement du développement ne fasse pas spécifiquement partie des négociations APE, l’Union européenne a clairement laissé entendre que l’aide à la mise en œuvre de l’APE constituera une priorité centrale du Fonds européen de développement. Le soutien à l’intégration économique régionale est déjà l’une des pierres angulaires de l’aide européenne au développement régional en Afrique de l’Ouest. Nous avons l’intention de maintenir ce cap à l’avenir.

En Afrique de l’Ouest uniquement, le montant global du Programme indicatif régional 9ème FED (2003-2007), s’élève à 250 millions d’euros. Sur la période 2008-2013, le montant indicatif du Programme indicatif régional 10ème FED s’élève à 477 millions d’euros. Ces fonds encourageront la diversification économique, le développement du secteur privé, la modernisation du secteur public et le développement des ressources humaines. Il s’agit là de piliers d’économies compétitives prêtes à saisir les opportunités offertes par l’intégration régionale et l’APE.

Cette assistance est sans nul doute importante, mais c’est avant tout grâce à des politiques adaptées que notre partenariat fonctionnera. La réforme politique stimulera le commerce, et le commerce est nécessaire à la croissance, en particulier dans les économies de petite taille vulnérables.

C’est ici que l’idée de partenariat prend toute son ampleur. Nous avons atteint une étape critique des négociations APE. L’Union européenne a l’ambition que nos accords commerciaux finaux stimulent le développement et encouragent l’équité.

Ces accords seront accompagnés de l’aide dont les pays d’Afrique de l’Ouest ont besoin pour réussir la transition vers une croissance économique durable. Nous avons entamé les négociations APE parce qu’il devenait évident que l’ère des préférences commerciales unilatérales serait bientôt révolue.

Les marges de préférence avaient commencé à chuter, les économies de la région s’efforçaient tant bien que mal de se diversifier. Si le Burkina Faso veut s’inscrire dans l’économie mondiale, il ne peut le faire que via l’intégration régionale et une réforme commerciale. Ce n’est qu’à travers une coopération dynamique que l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest y parviendront. Le choix du mot “ partenariat ” dans “ Accord de partenariat économique ” prend donc ici toute sa signification.

Peter Mandelson,
Commissaire européen au commerce
Bruxelle

Sidwaya

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