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Commission de l’Union africaine : Les raisons probables du départ de Alpha Omar Konaré

Publié le mercredi 26 juillet 2006 à 07h15min

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Le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré a annoncé dans une interview accordée à un média européen qu’il n’allait pas être candidat à sa propre succession à la tête de l’organe exécutif de l’Union.

Pourquoi ce départ précipité de celui qui avait pourtant promis de faire revivre l’organisation panafricaine comme l’a voulu ses initiateurs ? Est-ce une déception due à ses relations tendues avec certains chefs d’Etat sur des questions ?

Lorsque Alpha Omar Konaré a été élu à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA), il s’était donné pour mission de rendre plus dynamique l’organisation panafricaine qui venait de quitter des cendres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Pour ce faire, le président de la Commission s’était doté d’un plan stratégique de réforme de l’U.A surtout dans son fonctionnement.

A cela s’ajoute également le plan de développement de l’Afrique proposé par le président de la Commission qui a été jugé trop onéreux par certains chefs d’Etat. Pour ce panafricaniste, le développement de l’Afrique, dans un contexte marqué par la mondialisation, passe par l’unité d’action des Africains et l’appui de tous les partenaires techniques et financiers. Pour lui, l’Afrique doit d’abord compter sur ses propres forces pour résoudre les problèmes qui y surviennent.

Les raisons probables

Mais très vite, le président Konaré, de par ses convictions et son attachement aux textes de l’Union, fera face à la position politique de certains chefs d’Etat sur la décision que l’Union doit prendre suite à une situation en Afrique. On peut citer le coup de force qui a eu lieu au Togo après le décès du président Gnassingbé Eyadema sur lequel Alpha Konaré et le président Olusegun Obasanjo ont eu des positions divergentes. Des divergences qui ont laissé entrevoir les positions différentes au sein de l’Union sur des questions pointues comme le renforcement du processus démocratique et la résolution des conflits socio-politiques et bien d’autres problèmes.

Un autre exemple, du reste le plus récent, c’est le passage du flambeau de la présidence de l’Union au président soudanais. Sur cette question, Alpha Omar Konaré a clairement laissé entrevoir sa position qui est contre la présidence du Soudan à la tête de l’Union. Si sur cette question, il a plus ou moins pu convaincre bien de chefs d’Etat, il n’en demeure pas moins que sa position a créé une autre divergence avec le président Omar El Béchir.

Par ailleurs, l’UA est une organisation très lourde dans son fonctionnement. Cela passe d’abord par les tensions de trésorerie que l’Union africaine connaît depuis sa création. Une tension de trésorerie due en partie au non-paiement des cotisations de certains pays membres. Et la Commission qui au regard de cette tension de trésorerie devait faire face aux charges de fonctionnement de l’instution avec un budget toujours en attente de financement. Alpha Omar Konaré a pour cela passé tout le temps à rappeler aux chefs d’Etat et de gouvernement, à chaque sommet de l’Union cet état de fait.

Ensuite il y a les conflits d’intérêts qui participent beaucoup à allourdir la machine de l’UA. Des décisions du sommet ne sont souvent pas appliquées. Face à un problème posé aux dirigeants africains, une position commune est difficilement dégagée. Toutes ces situations ont peut-être contribué à la décision d’Alpha Omar Konaré.

Qui succédera Alpha Omar Konaré ?

Pour l’instant aucune candidature n’est encore déclarée. Cependant les spéculations sur la question font des fois allusion à une candidature lusophone à la tête de la Commission de l’Union. Il est vrai que depuis la création de l’Union, un lusophone n’est jamais parvenu à se hisser à la tête de la Commission. Cela pourra certainement motiver les dirigeants africains.

Mais à côté de cette idée, il y a aussi cette pensée des uns et des autres sur une probable candidature du président Olusegun Obasanjo en fin de mandat à la tête de l’Etat nigérian. Tout compte fait, la succession de Alpha Omar Konaré sera bientôt ouverte et les candidatures, c’est sûr, ne manqueront pas.

Abou OUATTARA

L’Hebdo

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