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Drame de Sapouy : pourquoi un non lieu pour Marcel Kafando

Publié le mercredi 26 juillet 2006 à 07h39min

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Marcel Kafando

Le procureur général, M. Abdoulaye Barry a donné ce mercredi 19 juillet une conférence de presse sur l’état d’avancement du dossier "Affaire Norbert Zongo" en instruction depuis 1999. M. Abdoulaye Barry était en compagnie du procureur du Faso, M. Adama Sagnon. L’information principale qui en est ressortie, c’est le non lieu pour Marcel Kafando, seul inculpé dans ce dossier.

C’est une demie surprise que cette information livrée à la presse. On se rappelle en effet que seul inculpé parmi "six suspects sérieux" désignés par la Commission d’enquête indépendante (CEI), l’adjudant Marcel Kafando, l’avait été sur la base des déclarations de Racine Yaméogo, un de ses compagnons d’armes, de l’armée de l’air. En effet, Marcel Kafando avait laissé entendre devant la CEI dans la description de son programme de la journée du 13 décembre 1998, qu’il était en compagnie de M. Racine Yaméogo après avoir quitté son service, le Conseil de l’attente, vers 11h et qu’ils s’étaient rendus aux restaurants "La Québécoise" et "La source" avant de se séparer vers 16h00.

C’est le même jour et à peu près aux mêmes heures que notre confrère Norbert Zongo et ses trois compagnons étaient assassinés sur la route de Sapouy à 107 km de Ouagadougou.

Pourquoi Marcel Kafando avait-il été inculpé ?

Le juge d’instruction, M. Wenceslas Ilboudo, avait dans un premier temps inculpé Marcel Kafando parce que ses déclarations étaient en contradictions avec celles de Racine Yaméogo. Ce dernier niait avoir été en compagnie de Marcel Kafando le 13 décembre. Selon lui, ils auraient été ensemble au restaurant "La québécoise" puis au restaurant "La Source" le 14 décembre et non pas le 13. En considérant que le témoin à charge Racine Yaméogo disait la vérité, le "trou" dans le programme de la Journée du 13 décembre de Marcel Kafando passait pour être suspect aux yeux du juge d’instruction qui l’avait alors inculpé. Il a néanmoins continué ses investigations. C’est ainsi que selon le procureur général, pas moins de 105 personnes ont été entendues dans l’instruction du dossier. Le juge ne pouvait pas en effet se contenter de si peu : non concordance des déclarations de Marcel Kafando et de Racine Yaméogo sur leur programme des 13 ou 14 décembre 1998.

Après avoir fait le tour des personnes susceptibles d’être entendues dans cette affaire, le juge en est donc venu à faire une confrontation, entre l’unique inculpé Marcel kafando et le témoin à charge, M. Racine Yaméogo.

Selon les conférenciers, une première confrontation a eu lieu le 15 mai 2001. Elle fut suspendue vu l’état de santé de M. Marcel Kafando. Lors de la dernière confrontation le 31 mai 2006, selon le procureur du Faso, M. Racine Yaméogo n’était plus sûr de ses déclarations antérieures notamment de la date à laquelle, il a été en compagnie de Marcel Kafando entre 11h et 16h. Il faut dire que cela fait plus de six ans que les faits se sont produits et que l’on peut facilement se tromper sur les détails de date.

De fait, combien de Burkinabè se rappellent-ils de ce qu’ils ont fait le 13 décembre 1998 et même le 13 décembre 2005 ? M. Racine Yaméogo pour sa part a déclaré au juge d’instruction "qu’à ce stade des événements, il préférait ne pas se fixer sur une date, à savoir le 13 (date de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses 3 compagnons) où le 14 décembre 1998".

Il affirme néanmoins qu’il avait bel et bien rencontré Marcel Kafando entre ces deux jours. Qu’ensemble, ils s’étaient successivement rendus au restaurant "La Québécoise" et au restaurant "La source". Avec le recul, un doute s’était installé dans son esprit quant à la précision de la date, a-t-il indiqué au juge d’instruction. Un doute qui selon la loi, profite à l’accusé, d’où l’ordonnance de non lieu.

Le dossier n’est pas clos

Devant donc la rétractation compréhensible de Racine Yaméogo, le fil tenu qui avait conduit à l’inculpation de Marcel Kafando s’est rompu.

Le juge d’instruction ne pouvait donc que se rendre à l’évidence. L’inculpation de Marcel Kafando était quelque peu osée parce que fondée sur des preuves pas évidentes. Le non lieu s’imposait de lui-même.

Au juge de re-orienter son enquête dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. C’est pourquoi le procureur Abdoulaye Barry a conclu la conférence de presse en lançant un appel à témoignage.

Si quelqu’un quelque part a des éléments d’information qui permettraient à l’enquête de prendre une nouvelle dimension, c’est maintenant ou jamais qu’il faut le faire.

En somme, le non lieu ne signifie pas l’arrêt des enquêtes et la clôture du dossier à la justice, a dit en substance le procureur du Faso.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 26 juillet 2006 à 10:41 En réponse à : > Drame de Sapouy : pourquoi un non lieu pour Marcel Kafando

    Mon avis est le suivant : Norbert Zongo était tellement célèbre que sa disparition le 13 décembre 1998 ne pouvait laisser quelqu’un indifférent à Ouaga, les jours qui ont suivi immédiatement. Aussi, le temoin en question peut aisément se souvenir si au moment où il était avec Kafando, Norbert était dejà mort ou pas, surtout que ce jour-là ( le 14) les étudiants ont marché et brûlé deux bus au siège du CDP. Leur rencontre était certainement le 13.

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