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Très cher oncle. Quelqu’un a pu dire que la politique, c’est l’ensemble des procédés par lesquels des hommes sans prévoyance mènent des hommes sans mémoire. Une telle assertion dépeint parfaitement bien la classe politique ivoirienne.

En effet, tous ceux qui ont succédé à Houphouët n’ont pas compris qu’en décrétant l’ivoirité, ils allaient lâcher un monstre difficilement contrôlable. Plus grave, ils l’ont abandonné à des imprévoyants qui, à force de s’en servir pour assouvir leurs ambitions personnelles, ont fini par embraser tout le pays. Toujours est-il que tout ce qui se passe là-bas actuellement nous inquiète. Il s’agit des violences autour des fameuses audiences foraines. Le moins que l’on puisse dire, ce processus d’identification a réveillé des instincts de xénophobie alors qu’on les croyait relativement en sommeil.

Evidemment, ceux qui ont intérêt à réveiller ce volcan, font courir toutes les folles rumeurs sur l’imminence d’une invasion massive de la Côte d’Ivoire par les Burkinabè en vue de servir de bétail électoral aux adversaires politiques du camp présidentiel lors de l’élection présidentielle. Ici, nous sommes convaincus qu’avec le lourd tribut déjà payé par les Burkinabè vivant là-bas, nos compatriotes ne vont pas se bousculer à la porte des audiences foraines. Bien sûr, en politique, il n’y a jamais de cadeaux.

Mais de là, à imaginer un tel scénario, c’est accuser les Burkinabè d’être un peuple sans mémoire. Toujours est-il que cela n’augure pas de lendemains meilleurs pour la Côte d’Ivoire. En décidant de répondre au coup de pied de l’âne à la suite de la descente dans les rues des militants du FPI, des Patriotes qui ont causé deux morts et une soixantaine de blessés, l’opposition n’entend pas se laisser conter. Ces ruades croisées risquent de prendre des allures de chasse aux sorcières.

Ce sont les étrangers en général, et les Burkinabè en particulier, qui vont encore se chercher. Il est évident que dans ce cas de figure, ce sont les relations entre les deux pays qui risquent de prendre un coup. Ce que personne ne souhaite ici. C’est pour cela que nous avons déploré l’absence de la Côte d’Ivoire lors de la première édition du championnat de l’OLAO (Office de liaison de l’Afrique de l’Ouest) doté du trophée du président malien.

Cette compétition a réuni les équipes militaires du Burkina, du Niger, du Nigeria, de la Gambie, du Togo, du Bénin, du Mali et de la Guinée. Au-delà du sport, ce fut une occasion de réaffirmer la nécessaire fraternité d’armes entre les pays ayant pris part à cette compétition. Ce n’est pas rien dans une Afrique en proie à des conflits armés qui ne se justifient souvent que par les sautes d’humeur des dirigeants et leur incapacité à pratiquer la gouvernance, à promouvoir les règles de la démocratie, uniquement guidés qu’ils sont par leur soif de s’incruster éternellement au pouvoir quel qu’en soit le prix.

En conclusion, je te dirais qu’ici, nous nous posons une question qui n’est pas sans fondement. Qui dirige finalement la Côte d’Ivoire ? Gbagbo, théoriquement dépouillé de l’essentiel de ses prérogatives, le Premier ministre, officiellement investi de tous les pouvoirs, la communauté internationale qui annonce fréquemment des sanctions sans toutefois aller au-delà des déclarations d’intention, les Patriotes débridés qui n’obéissent qu’à leurs instincts ? A quand la fin du pouvoir "quadricéphale" ?

Pour terminer, cher oncle, sache que d’un pays à l’autre, les audiences peuvent se succéder sans jamais se ressembler. Ici, il s’agissait d’une audience consacrée à l’affaire Norbert Zongo, ce journaliste assassiné en 1998. Depuis, beaucoup de salive, d’encre, d’eau, de sueur et de larmes ont coulé sous les ponts. A l’époque des faits, le pays avait failli basculer dans une instabilité sociopolitique sans précédent.

Par la suite, une relative accalmie s’était installée. En déclarant le seul inculpé, Marcel Kafando, bénéficiaire d’un non-lieu, le procureur du Faso et le procureur général ne vont-ils pas remuer des braises ardentes ? Toujours est-il que cette décision a été ressentie comme une douche froide par les associations nationales et internationales de journalistes, les mouvements de défense des droits de l’homme, les avocats de la victime et par sa famille. Pour l’instant, on ne peut présager de la suite qui sera réservée à ce dossier. On retiendra cependant, que ces derniers temps, les assassinats de journalistes sont devenus monnaie courante en Afrique, mais que jusqu’à présent, rien ne semble indiquer la fin du calvaire pour ces "gêneurs".

Ton neveu

Le Pays

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