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Rencontre entre gouverneurs du Burkina et du Mali : Les deux délégations parlent le même langage

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h58min

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La rencontre entre le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun et son homologue de Ségou autour des questions de la frontière et des exploitations agricoles des populations frontalières tenue du 18 au 20 juillet 2006 à San (Mali) a passé en revue les questions de litiges en instance, ainsi que la question de sécurité à la frontière commune. Un communiqué final a sanctionné ces deux jours de travaux.

Cette concertation entre les délégations des deux pays intervient après celle des ministres burkinabé et malien chargés de l’administration du territoire tenue le 8 juillet dernier. Elle est consécutive aux affrontements malheureux survenus le 30 juin 2006 entre les populations de Ouarokuy (Burkina Faso) et Wanian (Mali). Pendant deux jours, les deux délégations ont échangé sur l’application des mesures prises par les deux ministres lors de leur rencontre à la frontière.

Il faut signaler que pour cette concertation du Mali, une délégation burkinabè conduite par le gouverneur de la Boucle du Mouhoun, Pascal Témaï Benon, a séjourné du 18 au 20 juillet 2006 à San au Mali. Le voyage du gouverneur de la Boucle du Mouhoun au Mali avait pour objectif de trouver des solutions aux problèmes fonciers entre populations frontalières.

A l’ouverture des travaux le mercredi 19 juillet, le gouverneur de Ségou, Abou Sow, a présenté ses condoléances aux familles des victimes et souhaité prompt rétablissement aux blessés du 30 juin. Avant d’entamer les travaux, les deux délégations ont d’abord fait le point des dispositions prises de part et d’autre pour sécuriser les populations après le « regrettable » incident du 30 juin passé.

Du côté burkinabè et malien, on a affiché la volonté de faire revenir le calme sur le terrain pour permettre une bonne cohabitation entre les populations des villages frontaliers. Le point qui a suscité un grand débat entre les deux délégations, a été celui de la zone litigieuse entre Ouarokuy et Wanian. Sur ce point précis, les deux délégations ont décidé de l’envoi d’une mission conjointe sur le terrain au plus tard le 30 juillet 2006 pour mieux déterminer et cerner l’exploitation agricole sujette à problèmes.

Outre cette mission, d’autres sorties d’équipes mixtes sont également programmées dans les tout prochains jours. Le 27 juillet prochain, des équipes mixtes composées de préfets, de sous-préfets, des forces de sécurité, des autorités religieuses, coutumières, locales et du haut-commissaire de la Kossi, effectueront des sorties dans les villages burkinabè de Ouarokuy, Bara, Kourkuy, Boanekuy et du côté du Mali, elles passeront à Wanian et à Kira.

Les 28 et 29 juillet, ce sera respectivement les tours de Fétédougou (Mali)/Kombori (Burkina Faso) et de Tiarakuy (Mali)/Paranzo (Burkina Faso) de recevoir les équipes mixtes. Les deux dernières rencontres auront lieu à Bénena en terre malienne.

A la fin des travaux, les deux délégations ont félicité les forces de sécurité des deux pays pour l’esprit de collaboration dont elles ont su faire preuve pendant la petite période trouble. Les forces de sécurité ont été, par ailleurs, invitées à consolider cette coopération entre elles. C’est par des photos de famille empreintes de convivialité, d’amitié et de fraternité que les deux délégations se sont quittées en prenant rendez-vous pour la prochaine fois au Burkina.

L’appel de San du gouverneur Abou Sow

« Nous disons aux populations qu’elles sont condamnées à vivre ensemble. Et comme elles sont condamnées à vivre ensemble, elles sont condamnées à s’entendre. En effet, elles ne peuvent pas passer tout le temps à être en état de belligérance. Nous, nous sommes là pour assurer la sécurité des biens, des personnes et aussi prévenir et sanctionner éventuellement les fauteurs de trouble. Il faut que les gens sachent qu’au niveau de la frontière, les autorités maliennes et burkinabé sont déterminées.

Ces derniers temps, on a mobilisé pratiquement l’ensemble des ministres, des gouverneurs, et l’ensemble du personnel de commandement pour des évènements qui auraient dû ne pas exister. Et cela tout simplement, il y a de part et d’autre des individus qui ont provoqué et c’est pour cela, nous insistons sur l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour situer les responsabilités et éventuellement sanctionner tous ceux qui sont à la base de ces troubles ».

« Je lance d’abord un appel à la bonne cohabitation, au dialogue permanent et à la concertation. Nous avons été frappés lorsque à Wanian et à Ouarokuy nous avons noté que ce sont des populations appartenant à la même ethnie, des populations qui sont unies par la géographie et ensuite, ce sont des villages où il existe des liens très étroits de mariage. Ces populations, il faudrait qu’elles apprennent à se parler, à régler d’abord elles-mêmes leurs problèmes avant de saisir les autorités administratives.

La ligne frontalière est une ligne qui sépare des Etats, et non pas une ligne qui doit séparer des populations. C’est pourquoi, dans mon intervention, j’ai parlé du droit coutumier exercé le long des frontières par des populations depuis des temps immémoriaux. Ces droits coutumiers ont besoin d’être reconnus et d’être protégés dès l’instant qu’ils sont avérés ».

Communiqué final

Les 18, 19 et 20 juillet 2006 s’est tenue une rencontre à San entre les délégations des régions de Ségou (Mali) et de la Boucle du Mouhoun (Burkina Faso) conduites par leur gouverneur respectif.

Cette rencontre fait suite aux instructions contenues dans le communiqué conjoint de la rencontre des ministres burkinabè et malien en charge de l’Administration des territoires après l’incident regrettable du 30 juin 2006, survenu entre Ouarokuy (Burkina Faso) et Wanian (Mali)

A l’issue de la rencontre, les deux délégations ont convenu :

1- D’alléger progressivement puis lever les dispositifs sécuritaires de part et d’autre mis en place au fur et à mesure que le calme et la confiance s’installent au sein des communautés.

2- que les hauts-commissaires de province et les préfets de cercle organisent au plus tard le 30 juillet 2006 des concertations pour identifier conjointement et avec précision les terres faisant objet de litige en vue de dégager ensemble des solutions.

3- D’appliquer les décisions prises de commun accord pour les litiges ayant déjà fait l’objet de règlements antérieurs.

4 - Que pour le maintien des exploitants sur leurs champs de la saison écoulée, les deux (2) délégations ont par rapport à la parcelle objet de l’incident du 30 juin 2006, décidé d’une mission conjointe sur le terrain au plus tard le 30 juillet 2006 pour déterminer si ladite parcelle fait partie de la zone litigieuse entre Bara (Burkina Faso ) et Wanian mise en défens par le procès verbal du 13 juin 2003. Dans l’affirmative, elle tombe sous le coup de la mesure de mise en défens. Dans la négative :

- Si le champ s’avère être une nouvelle exploitation, procéder immédiatement au déguerpissement du ou des exploitants.

- Si le champ est l’exploitation de l’année passée, maintenir le ou les intéressés jusqu’au bornage.

5 - De sensibiliser davantage les populations sur la nécessité de la bonne cohabitation en mettant à contribution les autorités religieuses, coutumières, les élus locaux et les associations.

6 -De renforcer les contacts entre les autorités administratives et de sécurité en vue d’un échange permanent d’information.

En ce qui concerne l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour situer les responsabilités, les deux parties ont convenu de se référer aux autorités judiciaires.

Enfin, les deux délégations se félicitent de l’atmosphère conviviale et amicale qui a prévalu tout au long de la rencontre. Elles souhaitent qu’à l’avenir, de telles initiatives se perpétuent en vue d’œuvrer constamment au renforcement de la fraternité et de l’amitié qui existent entre les deux peuples.

Fait à San le jour, mois
et an ci- dessus

Pour la partie burkinabè
Le gouverneur de la région
de la Boucle du Mouhoun

T. Pascal Benon

Pour la partie malienne,
Le gouverneur ,
de la région de Ségou

Abou Sow

Sidwaya

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