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Blaise Compaoré en France profonde : Les “Montbéliardes” bientôt au Burkina ?

Publié le vendredi 14 juillet 2006 à 09h12min

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Au cours de son séjour en France du 29 mai au 5 juin dernier consacré à la coopération décentralisée, et dont nous nous sommes largement fait l’écho dans nos éditions précédentes, le Président du Faso a visité le mercredi 31 mai un centre d’insémination artificielle de vaches ; le centre d’insémination de la vache « montbéliarde » (COOPEX) de Roulans dans le Doubs.

Centre de renommée internationale, la COOPEX est une coopérative très active qui mène des actions de partenariat dans l’insémination artificielle de vaches et l’élevage de vaches laitières avec de nombreux pays sur tous les continents. Elle a contribué, à travers des décennies de sélection, à faire de la « montbéliarde » une race très appréciée de par ses qualités laitières, fromagères, morphologiques et fonctionnelles. Des atouts qui ont conquis Blaise COMPAORE.

S’il y a au Burkina un secteur porteur d’espoir, c’est bien celui de l’élevage. Avec les potentialités du pays dans ce domaine, tout porte à croire que l’élevage et ses produits dérivés peuvent contribuer efficacement à résorber le problème de la pauvreté en milieu rural. C’est dans le souci d’apporter un coup de pouce significatif à ce secteur que le président du Faso, lors de son récent séjour en France profonde, s’est rendu dans un centre d’insémination artificielle qui passe pour être un des plus modernes en Europe : le centre d’insémination de la vache Montbéliarde. « La Montbéliarde » est une race de bœuf issue de plusieurs croisements.

Introduit en Europe il y a de cela quelques années en provenance des Etats-Unis d’Amérique, elle est reconnu pour ses immenses potentialités. Des recherches scientifiques avancées ont permis d’améliorer ses capacités et d’atteindre des résultats très intéressants notamment au niveau de la production laitière qui est de 15 l/jour dans des conditions normales. Une performance qui n’a rien à voir avec le litre et demi de nos vaches locales.

Répondant à une question de la presse locale qui lui demandait l’intérêt qu’il avait à visiter un tel centre, Blaise COMPAORE dira que « pour un pays d’élevage comme le nôtre, qui a besoin d’améliorer les races bovines et surtout d’accroître la production laitière, ce centre d’insémination artificielle constitue une opportunité de coopération multidimensionnelle surtout en matière d’insémination artificielle ». Tout un programme partagé par l’ensemble de la délégation, au regard de la batterie de questions posées par les uns et les autres avec dans la voix comme un espoir de voir une telle merveille dans nos pâturages.

Les retombées sont évidentes et le président du Faso effectivement envisagé la possibilité d’un partenariat entre le Burkina et la France dans ce domaine. Cela est tout à fait dans les cordes du COOPEX car il entretient déjà des rapports fructueux avec des pays tels que le Sénégal et le Mali qui ont les mêmes conditions climatiques que le nôtre. Ce faisant, le président du Faso envisage « de préparer des dossiers de partenariat et de coopérations similaires... ».

En la matière, du reste, le Burkina Faso a déjà une expérience notamment avec le Brésil. Expérience capitalisée dans le souci permanent qui anime les autorités et les acteurs œuvrant dans le domaine de l’élevage d’améliorer les races de bovins et la productivité en lait. Car, il faut le dire, les races bovines que l’on retrouve au Burkina ne peuvent produire que de petites quantités de lait. Ce qui limite considérablement le développement d’une part des revenus des propriétaires et d’autre part des produits dérivés du lait.

Par rapport aux qualités laitières de la Montbéliarde, Monsieur Denis Clément, président de UMOTEST, une union internationale de coopératives laitières à laquelle la COOPY fait partie, dira que « les qualités laitières ont été beaucoup travaillées et la Montbéliarde a le potentiel reconnu pour répondre aux besoins des producteurs laitiers les plus exigeants ».

Selon les indications techniques, la Montbéliarde a aussi une « valeur bouchère » importante, un aspect de la question qui la rend particulièrement attractive. Elle a de même une grande capacité d’adaptation. Autant d’atouts qui font qu’elle est présente actuellement dans plus de 40 pays sous toutes les latitudes à la grande satisfaction des professionnels de ceux-ci .

En effet, en Amérique comme en Europe ses performances sont reconnues. La COOPEX qui est au centre de ces relations de partenariat assure le suivi technique et est satisfaite des retombées financières de ces investissements. Elle a marqué sa disponibilité à entreprendre des actions similaires avec le Burkina Faso parce que convaincue que la Montbéliarde pourrait parfaitement s’y adapter.

A ce propos, le président du Faso, Blaise COMPAORE a indiqué que cette coopération qui s’annonce fructueuse se fera par pallier afin d’assurer chaque pas. Ainsi on pourrait commencer par « échanger d’abord des vétérinaires pour que ces derniers observent chez nous ce que nous faisons déjà et les conditions d’adaptation des Montbéliardes.. »

A l’issue de cette première étape, les échanges devraient véritablement s’approfondir car même si au départ les investissements nécessaires sont lourds, ils devraient rapidement être rentables. En effet, faire passer la production de 2 à 3 litres par animal de nos vaches traditionnelles à 15-17 litres avec des croisements avec d’autres espèces entraînera des plus values réelles et une augmentation conséquente des revenus des exploitants.

Le président COMPAORE a donc parfaitement raison d’assurer que « vu les revenus que peuvent générer les Montbéliardes le partenariat envisagé sera profitable dès le court terme d’autant qu’en matière d’investissement les coûts pourraient être minimisés du fait des pâturages que nous avons. Nous allons donc nous concerter pour voir comment mettre en route toutes ces idées et les traduire en réalités. Nos populations en tireront le meilleur profit ».

Il y a donc des espoirs pour une coopération et un partenariat gagnant-gagant. L’expérience mérite d’être tentée et nul doute que les premiers responsables de l’élevage vont se mettre à l’ouvrage pour donner suite à cette visite.

Par C.A

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 17 juillet 2006 à 17:35, par Legay Christian En réponse à : > Blaise Compaoré en France profonde : Les “Montbéliardes” bientôt au Burkina ?

    Bonjour,

    Les montbéliardes (race laitière avec une bonne capacité de production de viande) ont été introduites depuis longtemps au Burkina Faso par les moines de Koubri. Sauf erreur de ma part, ils faisaient venir un inséminateur avec les semences de cette race pour faire les croisements avec les zébus locaux. Il serait intéressant d’aller se renseigner auprès d’eux sur les capacités d’adaptation de cette race aux conditions sahéliennes du Burkina. Ils seront également des conseillers utiles pour comment développer cette race au pays.

    Christian Legay
    Autre Terre asbl
    web : www.autreterre.org
    Tél. : 50 39 13 07

    • Le 19 juillet 2006 à 11:20 En réponse à : > Blaise Compaoré en France profonde : Les “Montbéliardes” bientôt au Burkina ?

      Même quand on aime pas le Lièvre , il faut concevoir qu’il cours très vite....
      Pour dire que voila une bonne piste à explorer afin de contrubuer activement aux developpement de ce pays. Je trouve cette initiative très pertinente mais comme dirait Mr LEGAY, les Moines de Koubri ont une grande expérience en la matière.
      Le seul probleme c’est l’accès par tous les paysans des souches exotiques qui coutent tres cher, demandent plus de soins que nos Zébu locaux même si ces dernières produisent en moyenne 12 litres par jours ( actuellement meme).
      Lemossy

  • Le 13 février 2007 à 22:30, par Lebrun Dominique En réponse à : > Blaise Compaoré en France profonde : Les “Montbéliardes” bientôt au Burkina ?

    Bonjour,
    Je viens de découvrir avec un peu de retard l’article concernant la race Montbéliarde au Burkina. Cette race a de quoi séduire, mais elle n’est pas forcément la mieux adaptée aux conditions de climat et de sol du Burkina. Une vache produit du lait d’abord par son alimentation et par sa capacité à résister aux maladies et parasitismes : la montbéliarde est une race du Jura, semi-montagneux et pluvieux,aux paturages de printemps et d’été abondants, rien à voir avec le Burkina.
    Pour avoir participé à des projets de développement de production laitiere en Cote d’Ivoire, et connaitre d’autres projets au Nigéria et en Algérie, je pense qu’il y a beaucoup plus à chercher du coté des races zébus ou croisés zébus, telles la Girhollande, développée au Brésil, qui allie à la fois la productivité de la Holstein et la résistance et l’adaptation du zébu.
    Je suis tout à fait disposé à échanger avec les porteurs du projet au Burkina. Je suis moi-meme opérateur en Transplantation embryonnaire et j’ai participé à des opérations sous plusieurs lattitudes.
    Dominique Lebrun france-bovia@wanadoo.fr

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