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Yahya Jammeh : Quand le luxe se moque de la misère

Publié le lundi 10 juillet 2006 à 08h21min

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Dépourvue de richesses naturelles, son économie repose largement sur le secteur tertiaire (49,3% selon la Banque mondiale) et plus précisément sur le commerce et la contrebande. Elle tire des revenus considérables de ses réexportations vers les pays de la région, au premier chef le Sénégal, ainsi que du tourisme, sa deuxième source de revenus.

La Gambie, puisque c’est de ce pays-là que nous parlons, est vaste de 11 300 km2, en fait c’est un îlot dans l’immense Sénégal. En 2003, on y recensait 1 420 000 âmes, une petite population, comparée à celles de certaines de la sous-région comme le Burkina,dont la capitale compte autant de personnes. C’est dans ce pays, à la faveur du 7e Sommet de l’Union africaine tenu les 1er et 2 juillet 2006 dans sa capitale Banjul, que des véhicules américains, notamment des « Hammers », selon notre confrère Les Editions Sidwaya, auraient fait sensation.

Pis, « dans les rues de Banjul », poursuit-il, on a vu des « Hammers », sous forme de Limousines, longues d’au moins une vingtaine de mètres, transporter des chefs d’Etat ou des premières dames. Belle mise en scène, serait-on tenté de dire, de la part de l’actuel homme fort de Gambie, arrivé au pouvoir suite à un putsch le 22 juillet 1994 et que l’on dit être reconverti en « papy démocrate » ; en tout cas il a de quoi se frotter les mains pour avoir, en dépit de la rareté des richesses naturelles, impressionné ses homologues, à l’exception de ceux bien sûr dont le parc est garni de véhicules similaires.

Pour un Etat dont la valeur de l’indice humain de pauvreté (HP-1) est de 48% selon l’UNESCO, il est quand même déplorable que ce luxe de Yahya Jammeh se moque éperdument des plus démunis, dont certains ont recours à la drogue, au banditisme et autres vices pour assurer leur pitance. En plus, qu’il est trop osé de vouloir impressionner même ses bailleurs de fonds qui, pourtant chez eux, ne se permettent pas l’étalage d’une telle opulence insultante ! Avec une telle gestion des biens publics, ce n’est pas surprenant que Jammeh ait crié en 2000, à deux reprises, à une tentative de putsch.

Et ce n’est pas aussi étonnant qu’il ait réprimé dans le sang une manifestation estudiantine en avril de cette même année. Tout cela pour nous rappeler qu’un capitaine à la retraite, même mué en démocrate sait toujours tirer pour se faire respecter ou pour tenir les contestataires très loin de la soupe sinon de ses longs véhicules noirs, synonyme de grandeur, de richesse, de puissance et de gloire. Yahya Jammeh, en mauvais negro, a singé mal dans ce cas-ci comme s’il était à la tête d’un royaume plein de puits de pétrole ; et c’est à peine si certains de ses invités ne riaient pas de lui sous cape. Malheureusement, il n’est pas le seul dirigeant à défier ses compatriotes avec des envies trop démesurées.

C’est pourquoi l’Afrique, serait-on tenté d’écrire, jusqu’aujourd’hui, est toujours instable et meurtrie par des conflits interminables. Messieurs nos chers dirigeants, arrêtez donc de nous distraire...

Rabi Mitibkèta

Observateur Paalga

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