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La démocratie selon les Burkinabè

Publié le vendredi 7 juillet 2006 à 09h05min

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Pour bon nombre de nos compatriotes (33,14% selon le dernier sondage du CGD), la démocratie c’est d’abord et avant tout l’exercice des libertés individuelles. C’est-à-dire, liberté d’expression, de religion, de mouvement, d’association, etc. peut-on vraiment en vouloir au CGD pour avoir révélé que les Burkinabè dans la majorité des sondées pensent que le Burkina est en plein dans le processus de démocratie ?

Pour la troisième fois, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) s’est exercé à évaluer la température sociopolitique et économique de notre pays.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que, une fois encore, ces résultats ne sont pas du goût de tout le monde. Et pour cause ?

Ceux-là mêmes qui devaient prendre ces résultats avec philosophie et travailler à inverser les tendances, contestent le sondage. Pourtant, ce n’est qu’un exercice qui peut s’avérer un bon indicateur pour tous les Burkinabè et surtout pour les acteurs politiques si tant est que l’avis des populations les intéresse au premier chef. N’en déplaise donc aux détracteurs du CGD et du résultat du sondage, les Burkinabè ont donné leur sentiment sur la situation sociopolitique et économique du pays.

Une chose est certaine, les résultats livrés par le CGD, malgré les contestations sont à prendre avec le plus grand sérieux. Et pour preuve, la confirmation des résultats du premier sondage par l’élection présidentielle de novembre 2005 démontre que l’institution du professeur LOADA fait un travail louable et surtout précurseur dans ce domaine au Burkina Faso. Pour un troisième exercice, l’institution s’est intéressée à l’état de la démocratie dans notre pays.

A travers des questions simples basées sur des thèmes précis, les Burkinabè ont donné leur avis sur le processus démocratique en cours au Burkina Faso.
Le 1er thème traitait de la signification de la démocratie et avait pour question : que signifie pour vous la démocratie ? Le 2e thème est celui du fonctionnement de cette démocratie et la question était : en général, quel est votre degré de satisfaction sur le fonctionnement de la démocratie au Burkina ?

Une fois de plus, les populations toutes couches socioprofessionnelles confondues ont répondu sans faux-fuyants aux questions du CGD. Sur l’état de la démocratie au Burkina Faso, 8,11% des sondés pensent que le Burkina Faso n’est pas une démocratie, 28,25% estiment que le pays est en démocratie avec des problèmes majeurs et 27,85% pensent au contraire que les problèmes sont mineurs. 15,65% estiment que le pays vit une pleine démocratie le reste est constitué des indécis.

Que signifie pour vous la démocratie ? A cette question, 33,14% des sondés ont soutenu que la démocratie signifie avant tout l’exercice des libertés individuelles (liberté d’expression, de religion, de mouvement, etc.). 9,84% estiment que la démocratie signifie égalité et justice pendant que 6,21% définissent la démocratie par le fait de travailler ensemble.

A la lecture de ces données, c’est dire que le vent de la démocratie qui souffle depuis 1991 dans notre pays est perceptible et surtout que les populations l’appréhendent effectivement. Parler de liberté individuelle, d’expression, de religion, etc., c’est là toucher le centre sinon l’essence même de la démocratie. Et cela est plus que perceptible au Burkina Faso.

En une dizaine d’années d’apprentissage de la démocratie, le peuple a, par trois fois, choisi son président, élu par deux fois ses députés et par trois fois ses conseillers municipaux. La liberté de presse est visible à travers la multiplicité des titres et des tons. Ce n’est donc pas pour rien, si 29,98% des sondés se disent plutôt satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans le pays, 10,99% très satisfaits. Dans pratiquement les mêmes proportions des sondés ne sont pas du tout satisfaits et d’autres également pas très satisfaits.

On n’ignore pas que le processus démocratique entamé dans notre pays comporte des insuffisances. Seulement, force est de constater que malgré ces insuffisances, plus de 67% des sondés préfèrent encore mieux la démocratie que tout autre type de régime.
Il appartient à tous de travailler pour relever toutes les insuffisances pour faire de notre processus démocratique un exemple dans la sous-région et même en Afrique. Pour cela, chacun doit y mettre du sien.

Par Frédéric ILBOUDO


Participation politique des citoyens
Faible

La participation politique des citoyens reste faible au regard des résultats du sondage. La question suivante a été posée aux enquêtés : Pour chacun des actes suivants, pouvez-vous donner votre attitude au cours des 12 derniers mois passés ? (participer à une marche de protestation, s’unir à d’autres pour soulever un problème, participer à une réunion de la communauté).

Le constat est qu’au Burkina, les citoyens participent souvent à la gestion des affaires de la cité selon les modes suivants :
- Participer à une réunion de la communauté ou du quartier (41,8%)
- S’unir à d’autres pour soulever un problème (25,9%)
- Participer à une manifestation ou une marche de protestation (seulement 7,2%.

A titre de comparaison au Sénégal 39% des citoyens sont enclins à participer aux réunions de la communauté, à s’unir pour soulever un problème (37%) et à participer à des marches de protestation (20%). Même si ce pourcentage est faible, il n’a rien à voir avec celui du Burkina ou seulement 7,2% sont enclins à participer à une marche de protestation.


Confiance aux institutions : L’opposition dernière de la classe

La confiance aux institutions. A ce niveau, si les Forces armées et de sécurité ont la confiance de 53,7% (1er) des enquêtés, l’opposition quant à elle tire la queue avec 14,7%, pendant que « le président de la République » est 2e avec 51% des enquêtés...

Au niveau donc de la confiance aux institutions, les résultats suivants ont été obtenus : Forces armées et de sécurité (53,7%), président de la République (51%), RTB (44,1%), Police (35,8%), Radios privées (32,7%), justice (31,1%), journaux privés (32,8%), Conseil municipal 20,1%, journaux gouvernementaux (19,9%), opposition (14,7%). Que retenir ?

Les enquêtés font confiance aux Forces armées et de sécurité et au président de la République. Pouvait-il en être autrement quand on sait que depuis 1991, les Forces armées et de sécurité ont fait leur mue pour devenir une armée républicaine au service de la démocratie et du développement du Burkina Faso.

Quant à l’opposition qui tire la queue, cela ne surprend guère dans la mesure où depuis plusieurs années, elle a du mal à jouer pleinement son rôle. Certains diront qu’elle est en déphasage avec l’évolution démocratique de notre pays. Minée par les querelles de leadership et la recherche effrénée des intérêts personnels au détriment du groupe, l’opposition a fini par perdre tout le crédit qui lui restait et qui faisait croire à certains qu’elle est capable d’un sursaut d’orgueil. Malheureusement, le constat ces derniers mois prouve que l’opposition est ce qu’elle est, incapable de répondre aux attentes de ceux qui pensaient qu’avec le temps « un vrai pôle » allait se détacher.

Dans un tel contexte, pouvait-elle avoir la confiance des citoyens ? Non, et le sondage le prouve amplement. Divisée et aux intérêts bien antagoniques, l’opposition par ses faits et gestes donne l’impression qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Opposition radicale, opposition modérée, opposition constructive, opposition gâteau, bref les expressions et autres termes ne manquent pas. Expressions et termes qui illustrent parfaitement l’ampleur du mal qui ronge l’opposition. Elle doit donc faire son auto-critique si elle veut ressembler à quelque chose de positif.

Une fois de plus les résultats du sondage devraient l’aider à rectifier le tir, à faire sa mue. Critiquer violemment les résultats, soupçonner le CGD d’accointance avec le pouvoir ou autres ne changera rien à la donne. Les résultats du sondage confirment ce que nous constatons sur le terrain, puisque l’opposition ne fait rien pour changer la donne, renverser la tendance.

« Il n’y a pas d’opposition au Burkina », cette assertion est de plus en plus récurrente pourquoi ? C’est un constat, est-on tenté de répondre, triste constat.

Par Ben Alex Béogo

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 10 juillet 2006 à 11:07, par Jean-Marie En réponse à : > La démocratie selon les Burkinabè

    Un philosophe français a relativement récemment écrit dans un livre intitulé "La démocratie malade du mensonge" :
    Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement, qu’il soit américain, allemand au français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire. Certes, on dira : chacun le sait, le peuple le sait ; il ne gouverne pas ; c’est une manière de parler, par différence, pour s’opposer à l’aristocratie, à la tyrannie, à la monarchie ou à toutes les oligarchies. Mais pourtant on répète au peuple le contraire : la société de la communication est société de transparence : on promet le « parler vrai » ; on organi se des élections ou des référendums pour que le peuple décide ; on l’invite â s’exprimer dans les isoloirs ou les écrans cathodiques ; on se rapproche sans cesse des gens qui « d’ailleurs ne demandent que ça ». On se congratule de grands débats démocratiques qui agitent seulement un microcosme. Nous ne sommes pas dans une société de communication, nous errons dans une constellation d’images. Non seulement la démocratie n’échappe pas aux leurres, mais elle les produit.

    Le mensonge, depuis toujours, est au coeur de la vie politique. La démocratie elle-même n’en est pas exempte. Depuis l’Antiquité, on le sait. Mais aujourd’hui, l’importance de l’image et de la communication donne au mensonge politique une tout autre ampleur. Développé au contact du pouvoir, des médias, de l’argent et des microcosmes, il met la société en péril.

    Rien ne sert d’accuser nos hommes politiques et de les dénoncer au détour d’affaires de plus en plus sordides. Mieux vaut, par une typologie des mensonges politiques, suivre à la trace leurs avatars, les sortir de l’ombre pour les identifier et comprendre la maladie de notre démocratie.
    Vouloir éradiquer le mensonge politique est une naïveté, mais le réduire est une obligation civique Il n’est pas de démocratie sans la confiance du citoyen, qui s’ancre d’abord dans une vertu républicaine partagée.

    Un célèbre Indien de l’Inde tragiquement mort en 1948 a dit à peu près
    "L’erreur ne devient pas une bonne chose parce qu’elle est approuvée par une majorité parlementaire ou autre".
    Mais si vous préférez on peut le dire ainsi comme un humoriste français mort tragiquement il y a vingt ans : ""Ce n’est pas parce qu’ils sont plus nombreux à avoir tort, qu’ils ont forcément raison."

    Un Burkinabèphile

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