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Françoise Perrin, présidente de l’association « Res Publica » : « Nous apportons les moyens pour permettre à la démocratie de mieux fonctionner »

Publié le vendredi 7 juillet 2006 à 08h54min

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Françoise Perrin et le consul Grollemund

Monsieur et Madame Perrin sont des Lyonnais intervenant au Burkina Faso depuis 2000. Présente à Ouagadougou pour une visite d’évaluation de leur projet-phare à Nanoro, Madame Françoise Perrin nous a fait l’état de leur intervention au Burkina Faso, tout en jetant au passage un regard sur la coopération décentralisée et sur la démocratie burkinabè.

Sidwaya (S.) : Mme Françoise Perrin, quel est l’objet de votre visite au Burkina Faso ?

Françoise Perrin (F.P) : Je suis là pour mener à bien les actions de Res Publica, une association qui intervient dans l’aide au développement, particulièrement dans le Boulkiemdé. Res Publica intervient particulièrement dans l’éducation, la santé et dans le secteur d’aide aux villageois. Notre souci principal reste le développement rural, ce qui nous amène à intervenir uniquement dans les campagnes.

S. : Qu’est-ce qui a motivé le choix du Burkina Faso et dans quelles zones géographiques intervenez-vous ?

F.P. : Je n’ai pas choisi vraiment le Burkina Faso. Il y a une douzaine d’années, j’ai fait la connaissance d’une petite association dénommée « Entraide médicale Eugène Janot » qui intervenait dans le secteur de la santé à Nazaanga, un petit village du département de Nanoro. Nous avons œuvré dans le sens de fortifier son action et, en 2000, elle m’a demandé de venir sur place pour constater ce qu’on avait financé.

Ce fut mon premier déplacement au Burkina Faso, où j’ai constaté qu’il y avait beaucoup à faire, en dehors de la santé. J’ai ainsi été approchée par les enseignants de la localité et je me suis rendue compte que les problèmes d’éducation étaient importants sans l’aide au développement. J’ai donc commencé par m’occuper de l’école de Nazaanga, puis d’autres villages, sur demande des enseignants de ces localités. Depuis, l’éducation occupe 70% de nos investissements, le reste se répartissant entre la santé et l’aide aux villageois.

Le département de Nanoro reste prioritaire et par extension, les autres départements de la province du Boulkiemdé. Je visite le Burkina Faso quatre fois par an, à raison de trois semaines dans le mois, ce qui ralentit un tant soit peu notre action. Bien sûr, nous avons un représentant national qui s’occupe de l’administratif mais, nous allons à petits pas.

S. : Le président Blaise Compaoré vient d’effectuer une visite en France dont l’objet était la coopération décentralisée. Quelle appréciation faites-vous de cette visite ?

F.P. : Je pense que c’est une très bonne chose de rapprocher le Burkina Faso de la France, notamment la région Rhône-Alpes à laquelle le président s’intéresse particulièrement. Vous savez que dans les sociétés occidentales, l’Etat intervient de moins en moins dans le cadre de la coopération décentralisée. Ce sont les villes, les départements et les régions qui sont en première ligne, mais à terme, c’est la société civile qui sera amenée à jouer le premier rôle. Dans nos pays, nous sommes dans une situation où l’Etat est pauvre, pendant que la société civile est riche. Comme il faut être efficace, il faudra aller chercher l’argent où il est. Il va se poser néanmoins le problème de la motivation au niveau des entreprises qui sont avant tout, intéressées par le marché. Une fois que l’on suscitera leur intérêt, la coopération connaîtra un nouveau regain d’intensité.

S. : Comment les populations ont accueilli votre action à Nanoro ?

F.P. : Dès le départ, nous avons été bien accueillis et nous n’avons pas eu beaucoup de difficultés à nous faire accepter par la population, grâce à l’action antérieure de l’ONG « Entraide médicale Eugène Janot ». La première chose que les villageois nous ont demandé, c’était la construction d’une digue qui leur permettrait de se désenclaver. Ensuite, nous avons eu l’idée de faire de la maraîchéculture, ce depuis 2002.

Malheureusement il n’y a pas suffisamment d’eau dans la digue jusqu’en fin de saison, mais cette initiative a permis aux femmes d’accroître leurs revenus en vendant des légumes à Nanoro et même plus loin, à Koudougou précisément et à Ouagadougou. Par la suite, nous sommes allés dans d’autres villages pour faire la même chose et actuellement, ce sont des camions qui viennent chercher les tomates pour les acheminer vers Ouagadougou ou le Togo. Nous entendons donner plus d’allant à cette coopération pour lutter davantage contre la pauvreté.

S. : Quel regard portez-vous sur la démocratie burkinabè ?

F.P. : Quand on va à la base, les gens ont des idées et sont prêts à faire beaucoup de choses. La démocratie c’est partir de la base pour s’imprégner des vrais besoins des populations. Justement, la décentralisation va leur donner plus de pouvoir. Je pense que le Burkina est sur la bonne voie puisqu’on fait appel à des gens qui n’avaient pas la parole jusque-là. A notre niveau, nous essaierons d’apporter les moyens pour permettre à cette démocratie de mieux fonctionner.

Propos recueillis par Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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