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Processus électoral en RDC : Enfin le bout du tunnel ?

Publié le jeudi 6 juillet 2006 à 07h58min

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Le ciel semble se dégager de ses gros nuages. Enfin dans l’ex-Zaïre, les élections tant attendues et tant reportées pointent à l’horizon. Mais cela relèverait du miracle que la longue campagne des scrutins jumelés (la présidentielle et les législatives) en République démocratique du Congo (RDC) aille jusqu’à son terme sans clash ni anicroche.

C’est même un truisme de le dire. Seulement on était loin de se douter que cela interviendrait à moins d’une semaine après son lancement.

C’est donc dire que l’appel au « gel de la campagne », lancé mardi dernier par 20 des 33 candidats retenus à la course présidentielle, a surpris plus d’un, à commencer par la communauté internationale, notamment l’Union européenne (UE), qui porte à bout de bras le processus électoral dans ce pays.

Les signataires de cet appel rendu public par l’opposant et candidat à la présidentielle, Gérard Kamanda Wa Kamanda, actuel ministre de la Recherche scientifique, exigent « le gel de la campagne électorale, en attendant de vider le processus électoral de toutes les irrégularités constatées et dénoncées :

la publication des listes électorales, l’impression de 5 millions de bulletins excédentaires, l’enrôlement illégal sur les listes de dizaines de milliers d’étrangers, la délocalisation du serveur central de la Commission électorale indépendante (CEI) pour l’implanter dans un pays de l’Europe occidentale ».

Des griefs qui n’ont plus aucun « fondement », selon le président de la CEI, l’abbé Apollinaire Malu Malu, qui précise que plus de 292 353 étrangers frauduleusement enrôlés ont été rayés des listes.

Quant au surplus de bulletins de vote, l’abbé a expliqué que c’est en fait « une réserve habituelle de sécurité », alors que pour la publication des listes, « aucune disposition légale n’oblige la CEI à les publier avant le jour du scrutin ». L’abbé Malu Malu a donc confirmé la poursuite de la campagne, qui prendra fin avec le scrutin du 30 juillet.

A moins d’un effet d’entraînement, ce clash fera long feu, car aucun des candidats considérés comme des poids lourds de cette compétition électorale n’est signataire de cet appel.

Et pour cause, ni Jean-Pierre Bemba, ni Azarias Ruberwa, encore moins Joseph Kabila ne s’y reconnaissent pour l’instant. En effet, le processus électoral aurait été sur une pente raide si un de ces trois candidats s’était aligné derrière Gérard Kamanda Wa Kamanda et ses amis. Et les risques de le paralyser seraient réels.

La RDC se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins et ces élections sont comme une sorte de bouée de sauvetage, mieux, un gouvernail pour retrouver le nord. Le pays de Lumumba en a tant besoin pour sortir définitivement de cette guerre qui mine son développement depuis déjà une bonne décennie.

Riche en ressources naturelles, ce pays gâté par la nature est un véritable scandale géologique. Mais voilà qu’à cause de la mauvaise gestion sous le long règne étouffant de Mobutu et des guerres civiles de l’après-Mobutu, conjuguées aux pillages du pays par certains de ses voisins, la RDC a du mal à trouver ses marques et à amorcer son développement.

Après ce clash, il ne reste plus qu’à espérer que la classe politique sache raison garder pour que ce processus électoral aille à son terme, avec bien entendu l’appui de la communauté internationale.

Il est impérieux que ce scrutin se tienne, car le pays doit sortir de la transition, qui est une sorte de délégation spéciale au cours de laquelle aucun grand chantier ne peut être lancé. Et un pays ne peut nullement rester planté longtemps dans cet immobilisme sans se désagréger.

La tenue de cette élection sera une victoire pour tout le peuple congolais et c’est pourquoi le candidat qui sera donné vainqueur par les urnes se doit de composer avec les vaincus, mais aussi avec tous ceux qui auraient boudé le scrutin (le sémillant Etienne Tsisékédi et ses amis), préférant un gouvernement d’union nationale.

C’est à ce prix que la paix et le développement pourront prendre corps dans ce vaste pays de 2,5 millions de km2 afin que la RD Congo, qui, avec l’Afrique du Sud, aurait pu être la locomotive du continent, joue de manière pleine et entière son rôle.

C’est pour cela que ces élections devraient se dérouler dans la transparence totale.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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