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Avancements des agents de l’Etat : Deux propositions au ministre des Finances

Publié le mercredi 5 juillet 2006 à 06h05min

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La Fonction publique burkinabè a mal aux avancements de ses agents. A travers l’écrit qui suit, un citoyen fait 2 propositions au ministre des Finances et du Budget qui pourront contribuer à résoudre la question des avancements qu’il qualifie d’épineuse.

Je suis un agent de l’Etat et je voudrais formuler deux propositions à Monsieur le ministre des Finances et du Budget dans le but de contribuer à résoudre l’épineuse question des avancements des agents de l’Etat. Mais avant tout propos, faisons d’abord l’état des lieux sur la question des avancements. En 1998, l’Assemblée nationale a voté la loi 013/98/AN portant réforme générale de l’administration publique (RGAP) en remplacement de la Zatu n° an VI 008 TRAV du 26 octobre 1988 portant statut général de la Fonction publique. Dans la RGAP, (comme dans le SGFP d’ailleurs) la promotion des agents se fait sur la base du mérite.

Ainsi, tout agent qui remplit les conditions, à savoir, l’obtention d’une note professionnelle au moins égale à la moyenne, bénéficie d’un avancement d’échelon tous les deux ans. La RGAP, votée depuis le 28 avril 1998 et promulguée devrait entrer en application à partir du 1er janvier 1998. Mais des blocages que le législateur n’avait peut-être pas prévus sont vite apparus. Le ministère de la Fonction publique et du Développement institutionnel que dirigeait à l’époque l’actuel Premier ministre P.E. Yonly, n’a jamais pu fournir aux services déconcentrés de l’Etat, le nouveau système de notation.

De 1999 à 2002, sous le règne de la nouvelle loi, les avancements des fonctionnaires se sont opérés avec les outils d’évaluation (notation) propres à l’ancienne Zatu. En fait, c’était un système hydrique que seuls les juristes du ministère de la Fonction publique connaissaient. En 2003, on a décidé de tout arrêter pour voir plus clair. Il faut rappeler que la Fonction publique burkinabè compte un peu plus de soixante mille agents, dont la moitié avance les années "paires" et l’autre moitié les années "impaires".

Ainsi, à ce jour, plus de 30 000 agents attendent les avancements de 2003 et 2005 et les autres 30 000, ceux de 2004 et 2006. C’est le cumul de l’incidence financière de ces avancements qui s’élève à nos jours à dix-neuf (19) milliards de F CFA. Pendant que les syndicats parlent du blocage des avancements depuis 2003, le gouvernement lui, préfère parler de retard. Ce qui est certain, c’est que les avancements des agents de l’Etat ont toujours été intégrés aux dépenses du personnel et prévus au budget de l’Etat.

A présent, mes propositions. La première consiste pour l’Etat, à compenser les avancements en proposant son vieux matériel réformé (qui il faut le reconnaître est encore récupérable) aux agents qui le désirent. On sait que l’incidence financière de avancements est aujourd’hui très élevée et il serait illusoire de penser que l’Etat puisse tout payer d’un coup, ou même dans des délais rapprochés. On sait aussi que l’Etat possède dans ses différents services de vieux matériels qui peuvent être utilement récupérés (véhicules, motos, ordinateurs, appareillages médico-techniques, machines diverses, etc).

On sait aussi que le ministre des Finances et du Budget à travers la direction générale du Budget est en train de mener une opération de comptabilité matière. Dans ce cadre, tout le matériel usagé peut être listé et proposé aux agents qui le désirent. Le ministre pourra s’attacher les services d’un cabinet d’expertise pour aider à évaluer ledit matériel. Certains agents de l’Etat, parmi les plus gradés attendent aujourd’hui 800 000 , 900 000 voire un million de francs au titre des avancements.

Je prends des exemples avec des noms fictifs pour étayer. Monsieur Koné est ingénieur agronome et presqu’à la retraite, il prévoit de mener des activités dans le secteur agro-pastoral. Il peut être intéressé par une pick-up 4x4 dans un état acceptable, mais abandonnée dans un parking à la merci du soleil, de la poussière et de la pluie. Madame Ouoba est secrétaire dans un service public et envisage d’ouvrir dans un proche avenir un secrétariat public pour s’occuper. Elle peut être intéressée par un ou deux des nombreux ordinateurs déclassés qui jonchent les magasins des services mais qui peuvent encore servir.

Nous savons qu’avec l’avènement des écrans plats et des ordinateurs portables (PC), les écrans à tube cathodique sont relégués au second plan. Un tour dans les magasins de nombreux services publics vous permettra de vous rendre compte que du matériel, souvent en état de marche, y est entreposé, tout simplement parce qu’on a reçu une nouvelle dotation. Monsieur Sawadogo, professeur d’anglais, compte se reconvertir bientôt aux activités de traducteur interprète. Il peut trouver comme une aubaine de se voir proposer des ordinateurs et du mobilier usagés en lieu et place de ses avancements.

Les avantages d’une telle proposition sont à mes yeux , nombreux. D’abord, cela permet de valoriser le matériel usagé de l’Etat qui a quand même une valeur résiduelle, et d’éviter que quelques individus ne s’acharnent dessus, en démontant toutes les pièces qui peuvent l’être. Ensuite, elle permet au ministre des Finances de résoudre honorablement la question des avancements et enfin, elle permet de soutenir quelques agents de l’Etat en fin de carrière à se reconvertir utilement dans le privé en créant du même coup des emplois nouveaux.

Je suis souvent outré de constater que l’Etat burkinabè dispose de matériel qu’il laisse se dégrader alors qu’il a des obligations vis-à-vis de ses employés. Personnellement, j’accepterais une vieille 504 bâchée du MATD en contrepartie de mes avancements.

La deuxième proposition consiste à octroyer des échelons supplémentaires en compensation de ceux échus. Il s’agit dans ce cas de mettre à plat les avancements des intéressés et de convertir en échelons supplémentaires ceux en retard. Voici un cas concret. Monsieur Gandéma est un cadre de catégorie A1, il avance les années impaires. Son dernier avancement date de janvier 2001 et il est à l’échelon 06. Dans ce cas, on remet sa carrière à plat en lui octroyant les échelons 7 et 8 correspondant aux avancements de 2003 et 2005 et en 2007 il passe à l’échelon 9, sans rappel. L’avantage dans cette formule est que Monsieur Gandéma aura rattrapé ses échelons en retard et l’Etat n’aurait rien déboursé.

Les propositions que j’ai faites ici pourraient paraître irréalistes, voire saugrenues aux yeux des spécialistes ou des cadres du ministère des Finances et du Budget. Mais je les ai formulées avec la ferme conviction qu’elles puissent contribuer à résoudre le problème crucial des avancements des agents de l’Etat qui, il faut le reconnaître, ressemble à un oeuf brûlant dans la main de nos autorités. Je souhaite très sincèrement qu’on me réponde pour me convaincre de leur faisabilité ou de leur non-faisabilité.

K.R.J.F

DGTCP Ouaga

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2006 à 17:45, par Dieudonné En réponse à : > Avancements des agents de l’Etat : Deux propositions au ministre des Finances

    Mon frère laisser les gens "pincer" leurs sous. Vous connaissez le cout actuel de la vie au Faso, alors je ne vois pas qui va accepter s’encombler avec du vieux matériels de l’Etat pour lesquel il va falloir s’endetter pour les réparer.De toute façon le gouvernement a promis de payer, alors ne soyez pas plus royaliste que le roi. Je ne pense pas votre idée soit entendue de nos jours sur cette terre du Faso.

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