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Procès Hissène Habré : Fin du suspense

Publié le mardi 4 juillet 2006 à 07h53min

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Fin du suspense sur l’affaire Hissène Habré. C’est ce qu’on peut en effet dire avec la décision de juger l’ancien président tchadien, poursuivi pour crimes contre l’humanité.

Son procès, contrairement au souhait de la justice belge qui demandait son extradition, se passera sur le continent africain ; précisément au Sénégal où il s’est réfugié depuis sa chute du pouvoir en 1990. Ainsi en ont décidé les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont pris part les 1er et 2 juillet derniers au septième sommet de l’Union africaine à Banjul, la capitale gambienne.

L’intégration économique régionale, c’est le thème qui avait été officiellement retenu pour ce septième sommet de l’organisation panafricaine. Cependant, comme il fallait s’y attendre, il a été surtout dominé par des dossiers brûlants de l’heure : les conflits au Soudan, en Somalie, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo, l’émigration, les questions de santé pour ne citer que ceux-là. Il était également inscrit à l’ordre du jour des assises, l’examen d’un projet de charte pour la démocratie, notamment l’interdiction du tripatouillage des constitutions par les présidents.

Ce dossier, semble-t-il, n’a pas emballé les dirigeants du continent. On retiendra, au sujet du Soudan, que l’Union africaine a adopté le principe d’une prolongation de sa mission de maintien de paix au Darfour jusqu’en début 2007 ; alors qu’initialement le départ de ses troupes était prévue pour fin septembre prochain. En attendant que l’Organisation des Nations unies vienne prendre le relais, l’Union africaine, a annoncé son président, Denis Sassou Nguesso, enverra 7 000 soldats au Darfour.

Quant à l’affaire de l’ex-chef d’Etat tchadien, on se rappelle que le président sénégalais, Maître Abdoulaye Wade, suite à une demande d’extradition de la Belgique, s’en était remis à ses pairs africains.

A ce sommet de Banjul donc, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union ont eu à plancher sur un rapport commandé à un comité d’experts lors du sommet de Khartoum au Soudan, en janvier dernier. Ils avaient à trancher sur trois options de ce rapport, au cours de leurs discussions à huis clos : à savoir un procès devant la justice sénégalaise, le renvoi de l’ancien président tchadien devant un tribunal de son pays et son jugement devant la cour africaine des droits de l’homme.

Hissène Habré, on se rappelle, a été inculpé par un tribunal belge pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerres et actes de torture », sur la plainte de trois Belges d’origine tchadienne pour des atrocités commises quand il était au pouvoir, de 1982 à 1990.

Eh bien, la décision finale des chefs d’Etat africain, c’est le jugement du dictateur tchadien sur le territoire sénégalais. Me Abdoulaye Wade, qui s’est plié aux recommandations de ses pairs à l’issue du huis clos, a estimé que « les Africains doivent être jugés en Afrique ».

Une décision saluée par le chef de file des organisations de défense des droits de l’homme, Reed Brody de Human Rights Watch, qui a toute fois souhaité que le Sénégal fasse vite car cela fait quinze ans que les victimes attendent et deux des sept premiers plaignants sont déjà morts. Il en est de même des victimes, qui se réjouissent que leur bourreau ne puisse pas bénéficier de « l’impunité politique et juridique ».

Il faut également noter que la décision est prise, mais des conditions doivent être préalablement remplies pour son exécution. Il s’agit, outre les moyens, d’opérer un réaménagement constitutionnel du pays de la Téranga, car au stade actuel, la loi fondamentale sénégalaise ne permet pas de juger un étranger pour des fautes commises hors du Sénégal.

Ce qu’il faut maintenant souhaiter, après le président de l’Union africaine, c’est que le jugement se tienne dans les meilleurs délais et dans la transparence et l’équité.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

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