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Union africaine : le Sénégal accepte de juger Hissène Habré

Publié le lundi 3 juillet 2006 à 07h19min

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A la demande de l’Union africaine (UA) et après avoir déjà refusé par deux fois de se saisir du dossier, le Sénégal a finalement accepté de juger sur son territoire l’ancien président tchadien Hissène Habré, exilé à Dakar et poursuivi pour crimes contre l’humanité.

Malgré les pressions internationales pesant sur Dakar en faveur de l’extradition de l’ex-dictateur vers la Belgique, le président sénégalais Abdoulaye Wade a mis un terme au suspense entourant le destin judiciaire de M. Habré en annonçant dimanche en marge du sommet de l’UA à Banjul que son pays s’engageait à organiser son procès.

"Nous avons pensé que le Sénégal était le pays le mieux placé pour le juger et je pense que nous ne devons pas fuir notre responsabilité", a déclaré M. Wade à quelques journalistes.

"Il a été arrêté que, au nom de l’UA, l’ancien président Hissène Habré sera jugé au Sénégal. C’est l’UA qui s’est appropriée ce dossier", a tenu à préciser le président en exercice de l’UA, Denis Sassou Nguesso (Congo), à la clôture des débats.

Chargés par le Sénégal de trancher sur la question, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’UA ont planché à Banjul sur trois options proposées par le comité d’experts africains mandaté lors du dernier sommet de Khartoum en janvier, a-t-on appris de source diplomatique.

Les experts avaient retenu, dans l’ordre, un procès devant la justice sénégalaise, le renvoi de l’ancien président tchadien devant un tribunal de son pays ou son jugement devant la Cour africaine des droits de l’Homme, selon la même source.

M. Wade s’est finalement rangé aux recommandations de ses pairs de l’UA, estimant que "les Africains doivent être jugés en Afrique".

Ce dernier a également écarté l’idée d’une transmission de la procédure belge à la justice sénégalaise, laissant augurer, selon les associations de défense des victimes, d’une procédure très longue.

"Il faut que le Sénégal fasse vite. Les victimes ont attendu quinze ans, cela fait sept ans que leur première plainte a été déposée et deux des sept premiers plaignants sont déjà morts", a réagi Reed Brody de Human Rights Watch (HRW), chef de file des ONG de défense des droits de l’Homme qui assistent les victimes d’Hissène Habré.

Selon des diplomates, le président sénégalais a demandé que l’UA lui donne mandat de modifier les lois de son pays et veille au jugement de M. Habré. "Ce n’est pas un problème facile, il concerne l’ensemble du continent africain", a argumenté M. Wade, qui sollicite l’aide de l’UA.

"Toutes les dispositions juridiques seront prises pour que le président Hissène Habré soit jugé au Sénégal", a répondu M. Sassou Nguesso, estimant qu’"il devra s’agir d’un jugement équitable, transparent et juste".

Ismaïl Achim Abdallah, président de l’Association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad, s’est réjoui du fait "que Hissène Habré ne puisse pas bénéficier de l’impunité politique et juridique".

"C’est une victoire pour M. Habré et pour moi parce qu’il ne sera pas jugé en Belgique, comme le réclamait la justice belge qui a lamentablement échoué à ce sujet", s’est pour sa part félicité l’un des avocats de l’ancien chef de l’Etat tchadien, El Hadj Diouf.

Après avoir refusé de le juger en 2001 suite à une première plainte, la justice sénégalaise s’était déclarée incompétente en novembre 2005 pour statuer sur une demande belge d’extradition. Le président sénégalais avait alors renvoyé l’affaire devant l’UA afin de trouver une solution.

Réfugié au Sénégal, l’ancien chef de l’Etat tchadien a été inculpé par un tribunal belge pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, sur plainte de trois Belges d’origine tchadienne pour des atrocités commises lorsqu’il était au pouvoir de 1982 à 1990.

AFP

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