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L’Afrique attend toujours que les promesses d’aide du G8 se concrétisent

Publié le samedi 1er juillet 2006 à 09h04min

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Un an après les annonces du sommet de Gleneagles, l’aide promise par le G8 à l’Afrique tarde à se concrétiser et les ONG du continent noir attendent du sommet de l’Union africaine (UA) ce week-end à Banjul qu’il rappelle les pays riches à leur parole.

Réunis dans la capitale gambienne avant le coup d’envoi samedi de la grand messe semestrielle des chefs d’Etat des 53 pays de l’UA, les représentants de la société civile africaine ont tous déploré que l’effort annoncé par les chefs des 8 pays les plus riches de la planète tarde à produire ses effets.

"Ces promesses ont alimenté de nombreux espoirs en Afrique mais, pour une très large part, ils ont été déçus", relève Mattar Balden, le responsable du réseau gambien Education pour tous.

"Alors que les responsables du G8 n’en finissent pas de se satisfaire de leurs déclarations d’intention, une mère africaine continue à mourir chaque minute et un enfant africain toutes les trois secondes, précisément parce que leurs promesses ne sont pas tenues", regrette sur un ton plus sévère Irungu Houghton, de l’ONG Oxfam Grande-Bretagne.

Lors de leur réunion en Ecosse au début de l’été 2005, le G8 avait décidé d’annuler la dette publique multilatérale de 35 des pays les plus pauvres du globe et promis d’accroître d’ici 2010 de 50 milliards de dollars l’aide aux nations les plus démunies, pour l’essentiel en Afrique.

Les chefs d’Etat réunis à Gleneagles avaient également annoncé une hausse de l’aide humanitaire, un renforcement des actions de maintien de la paix et de contrôle des armements, et s’étaient prononcés pour la mise en place de règles plus favorables aux pays pauvres en matière de commerce international.

Si elles reconnaissent ses effets positifs, les ONG africaines jugent le champ d’application des réductions de la dette beaucoup trop étroit.

L’Afrique doit "exiger un allègement plus large, plus important et sans condition", résume Charles Mutasa, du Forum africain sur la dette et le développement (Afrodad).

Faute de quoi ses responsables devraient "sérieusement envisager de décréter un moratoire sur le remboursement de la dette et, si nécessaire, l’annulation unilatérale de cette dette", qui continue "à détruire les écoles, les cliniques et les hôpitaux plus sûrement que les guerres", ajoute M. Mutasa.

Un an après Gleneagles Tony Blair a appelé cette semaine les pays riches à respecter leur engagement d’aider plus et mieux l’Afrique. Le Premier ministre britannique a décidé d’associer entre autres le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, le rocker, Bob Geldof, et Bill Gates, le fondateur de Microsoft, dans un Comité de suivi pour l’Afrique (Africa Progress Panel).

"Les promesses de l’année dernière à l’Afrique risquent déjà de ne pas être tenues", s’est inquiété récemment le chanteur irlandais Bono.

Certaines des conditions imposées par les pays riches en contrepartie du versement de leur aide sont "trop dures" et "certains responsables (africains) n’ont pas la capacité de les comprendre", juge pour sa part Mattar Balden. Malgré cela, les pays africains doivent "prendre le G8 au mot puisqu’il nous doivent ce qu’ils ont promis à notre continent", estime-t-il.

Aux yeux des organisations de lutte contre la pauvreté, seule la pression des chefs d’Etat africains auprès de leurs collègues les plus riches permettra d’éviter que le continent africain, déjà quantité négligeable dans le commerce mondial, ne soit définitivement écarté des circuits économiques globaux.

"Le risque de voir l’Afrique disparaître de l’agenda du G8 est particulièrement important", insiste Amboka Wameyo, de l’ONG World Vision International, "nous considérons donc qu’ils (les leaders du G8) doivent perpétuer l’élan donné l’an dernier".

Autant d’obligations qui ne dispensent toutefois pas les pays africains eux-mêmes de leurs propres obligations, notent les ONG. "Les gouvernements africains doivent tenir leur engagement à lutter fermement contre la corruption et à augmenter leurs dépenses publiques en matière d’éducation et de santé", insiste Irungu Houghton, d’Oxfam Grande-Bretagne.

AFP

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