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Mamadou Niangouan Koné, maire de Banfora : « Nous envisageons des états généraux Pour notre région »

Publié le vendredi 30 juin 2006 à 08h29min

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Mamadou Niangouan Koné

Elu maire de Banfora, le 31 mai 2006, Mamadou Niangouan Koné a officiellement pris fonction le 24 juin dernier. Ancien maire puis député à l’Assemblée nationale, Mamadou Niangouan Koné revient à la tête de la commune de Banfora suite aux dernières élections.

C’est quelques jours seulement après son installation que Sidwaya a pu le rencontrer. Dans l’entretien qui suit, Mamadou Niangouan Koné en appelle à la cohésion sociale pour la bonne marche de la commune qu’il dirige désormais.

Sidwaya (S.) : M. le maire, après un bref séjour à la mairie de Banfora (de1995 à 1997), vous voilà encore élu pour présider aux destinées de la commune. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à l’époque à abandonner votre mandat et pourquoi revenez-vous ?

Mamadou Niangouan Koné (M.N.K.) : Effectivement j’étais maire de la commune de Banfora de 1995 à 1997. Dans le même temps, j’étais député suppléant et le titulaire a été nommé ministre.

Alors comme mon parti, en son temps le CDP n’acceptait pas le cumul de postes, j’ai donc obéi aux décisions du parti en démissionnant de la mairie pour siéger à l’Assemblée nationale.

Mais en tant que conseiller municipal, j’ai continué à participer au développement de la ville avec un projet de société. J’ai donc profité de la campagne pour les élections du 23 avril passé pour le présenter aux populations qui l’ont accepté à travers leurs suffrages. Et me voilà encore maire de Banfora pour cinq ans.

S. : Peut-on dire que M. le maire vient terminer qu’il a commencé en 1995 ?

M.N.K. : Terminer ce que j’avais commencé, c’est un peu trop dire parce que celui qui m’a remplacé a, avec le conseil municipal pu achever certaines réalisations... Mais bien sûr il reste encore beaucoup à achever et à commencer. Je m’attellerai donc à achever le stade municipal et le nouveau marché et beaucoup d’autres activités qui sont restées en suspens.

S. : Héritez-vous d’un problème de lotissement au niveau de la commune comme la rumeur le fait croire ?

M.N.K. : Effectivement, il y a un problème de lotissement qui se pose. Les citoyens ont contribué pour 50 000 F CFA afin d’avoir une parcelle. Il y a environ 7 500 contributions. Je prends la suite de ce dossier avant même la publication des listes. Alors je vais bien l’étudier et tout ceux qui ont contribué au niveau du trésor public auront leur parcelle. Seulement il semble qu’il y a eu des opérations parallèles.

Pour ceux qui ont contribué dans ce cas-là, ce sera un peu difficile Ce que nous pouvons faire pour eux, c’est de les laisser attributaires provisoires jusqu’à ce qu’ils se mettent à jour vis-à-vis du trésor. Mais nous nous n’en faisons pas un problème. La passation de service s’est déroulée sans accroc et nous espérons gérer la commune au mieux.

S. : M. le maire, votre élection s’est déroulée sans les conseillers CDP. Aujourd’hui vous venez d’être officiellement installé dans votre fonction. Comment comptez-vous travailler avec ces conseillers pour la marche de la commune ?

M.N.K. : Dès le départ, avec nos 41 conseillers et les 36 du CDP, nous avions conscience que la différence n’était pas très grande. Nous leur avons donc tendu la main en leur proposant un poste d’adjoint et une présidence de commission.

Malheureusement à la dernière minute, il y a eu des incompréhensions, ce qui a créé des tensions au moment des votes. C’est normal, car cela fait partie du jeu démocratique. Ils se sont retirés de la salle, mais comme la loi nous donne une majorité qualifiée pour pouvoir élire le maire, c’est ce qui a été fait. Mais nous souhaitons toujours parler le même langage que le CDP et même avec les partis qui ne sont pas représentés au conseil, pour construire notre ville.

Malgré toutes ces péripéties, je demeure convaincu que nos camarades du CDP rejoindront bientôt le conseil pour honorer le mandat que la population nous a confié.

S. : Qu’est-ce qui se passera s’ils refusent de siéger au conseil ?

M.N.K. : Ce n’est pas du tout ce que nous souhaitons. Mais si cela arrivait, je crois que ça ne nous empêchera pas de gérer la commune. Parce que la loi est claire là-dessus. Elle dit qu’à la première convocation, il faut les 2/3 des conseillers. Au cas où l’on n’a pas atteint ce quorum, on reconvoque le conseil et à cette deuxième convocation, la majorité absolue suffit pour délibérer valablement. Et comme nous avons cette majorité absolue, il n’y aura pas de problèmes. Mais nous continuerons toujours à leur tendre la main pour ne pas arriver à cette alternative.

S. : Quels sont concrètement les obstacles au développement socioéconomique de votre commune ?

M.N.K. : Vous savez, ces obstacles sont connus de tous ici. On sent des déchirements à tous les niveaux. Il n’y a pas de cohésion sociale. C’est pour cela que nous plaçons notre mandat sous le signe de la cohésion, parce qu’il faut forcément rassembler les fils et les filles de la région afin qu’ensemble nous puissions envisager l’avenir. Sans cela nous ne pourrons jamais avancer.

S. : Et qu’est-ce que vous allez faire concrètement pour réaliser ce « grand rassemblement » ?

M.N.K. : Le problème est tellement sérieux qu’il faut y mettre tous les moyens possibles. Nous envisageons des états généraux ou tout autre type de rencontres, mais je crois forcément qu’il faut qu’on s’asseye pour discuter, échanger et aboutir à des solutions pour offrir des lendemains meilleurs à notre localité.

S. : M. le maire, beaucoup d’encre et de salive ont coulé quant à vos rapports avec le maire sortant. Qu’en est-il aujourd’hui ?

M.N.K. : Ce sont les péripéties de la politique. Il était mon ami, je l’ai proposé à l’époque pour me remplacer contre vents et marrées. Ensuite à un moment on ne s’est plus compris et je pense que cela aussi fait partie de la politique. Mais au-delà de tous ce qui s’est passé, nous demeurons des frères et nous continuerons d’ailleurs à travailler ensemble puisqu’il est conseiller.

S. : Bientôt les élections législatives, comptez-vous être député-maire ?

M.N.K. : Non, pour le moment je n’y pense pas parce que j’ai déjà eu une expérience de député. Et puis je mène un certain nombre d’activités en plus de ma fonction de maire qui ne me laisseront pas assez de temps, pour être aussi député.

Mais je serai présent sur le terrain car la politique a horreur du vide. Alors je pourrai peut-être occuper une place de suppléant... En tout cas, en temps opportun nous aviserons.

Propos recueillis par Clarisse HEMA (Rafik_amos@yahoo.fr)

Sidwaya

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